En bref | Paris | 20/10/2023
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A Paris, Isabelle Adjani jugée en son absence pour fraude fiscale

Le “prêt d’un ami”, une “erreur”, ou une volonté de “faire illégalement des économies sur ses impôts” ? L’actrice aux cinq César Isabelle Adjani a été jugée jeudi à Paris en son absence pour fraude fiscale aggravée et blanchiment, une affaire dans laquelle le tribunal se prononcera le 14 décembre.

Le parquet national financier (PNF) a requis contre elle 18 mois de prison avec sursis probatoire et 250.000 euros d’amende, avec exécution immédiate, ainsi que deux ans d’inéligibilité. La défense a plaidé la relaxe, répliquant par une version “aux antipodes” de l’accusation.
L’audience s’est étirée jusque tard dans la soirée sans l’actrice et chanteuse de 68 ans qui se trouvait aux Etats-Unis. Sa défense a demandé le renvoi du procès en invoquant notamment une “pathologie aiguë” mais le tribunal a rejeté cette requête, affirmant douter de “l’intention réelle” de l’actrice de venir à la barre.
La présidente a longuement retracé, dans une salle presque vide, l’enquête ouverte en 2016 après l’apparition du nom d’Isabelle Adjani dans les Panama Papers. Des révélations qui n’ont finalement mené à aucune poursuite, mais mis au jour d’autres soupçons.
“Sa célébrité n’a été ni une raison supplémentaire, ni un obstacle aux poursuites. Avant d’être une personnalité publique, elle est une citoyenne soumise à des devoirs”, a assuré le procureur financier en débutant son réquisitoire.
Isabelle Adjani “a cherché, de façon assez systématique, à diminuer son imposition entre 2013 et 2017 et, au lieu de faire légalement des économies sur son train de vie (…) elle a choisi de faire illégalement des économies sur ses impôts”, a tancé le magistrat.
Pour l’accusation, l’actrice avait bien son foyer principal, son activité professionnelle et ses centres d’activités économiques en France, et non au Portugal, en 2016 et 2017: elle aurait donc dû payer 236.000 euros d’impôt sur le revenu dans l’Hexagone.

“Spirale”

En outre, selon le parquet financier, les deux millions d’euros versés en 2013 par l’homme d’affaire sénégalais et membre du Comité international olympique Mamadou Diagna NDiaye n’étaient pas un prêt, mais une “donation déguisée”.
Le contrat de prêt signé entre eux, qui ne comprenait ni intérêt, ni garantie, était “fictif” et a permis à l’actrice d’éluder 1,2 million d’euros de droits de mutation, ont soutenu les procureurs.
Le PNF a enfin demandé à ce qu’elle soit reconnue coupable de blanchiment pour avoir reçu depuis une société offshore 119.000 euros sur un compte bancaire américain “non déclaré”, une somme ensuite transférée au Portugal.
L’un des avocats de la défense, Stéphane Babonneau, a retracé le parcours d'”une des plus grandes actrices françaises”, estimant que “non, Isabelle Adjani n’a pas été traitée comme un justiciable ordinaire”.
“Quoi qu’elle fasse, elle a tort !” s’est-il indigné, dénonçant les “procès d’intention” et les “croyances” de l’accusation.
Il a affirmé que “tout était parti” de 2013, année où s’était mise en place “une spirale” pour l’actrice: sa société Isia Films a alors été “vidée de 800.000 euros” du fait d’une “escroquerie”, la société visée par un “redressement” comme Isabelle Adjani “à titre personnel”.
“Dans un contexte de détresse financière très importante”, “en dépression”, elle a “trouvé de l’aide” auprès de son “ami” Mamadou Diagna NDiaye, le “parrain de coeur” de son fils, via un “prêt déclaré” qu’elle avait “10 ans” pour rembourser, a soutenu l’avocat.
Concernant sa résidence fiscale, “elle s’est trompée parce qu’elle a suivi les conseils qui lui ont été donnés”, a assuré le conseil, rappelant qu’elle avait payé les sommes dues via une transaction avec le fisc.
L’avocat a en outre fait valoir que les 119.000 euros avaient été virés par “son avocat genevois” et utilisés “pour faire un don à la famille de sa gouvernante, pour qu’elle puisse acquérir un bien au Portugal”.
“C’est quelqu’un qui fait confiance et qui voit sa confiance trahie, ce n’est pas du tout quelqu’un qui va chercher à frauder”, a ajouté Me Olivier Pardo, estimant que l’audience, “sans Isabelle Adjani, sans M. NDiaye, impose la relaxe”.

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