Tags, graffitis, fleurs… Devant le 5 rue Verneuil, ancien logement de l’artiste Gainsbourg, de nombreux fans viennent se recueillir. Bientôt, la maison, restée secrète jusqu’alors, ouvrira ses portes au public.
Dans cette artère du quartier chic de Saint-Germain-des-Prés, inutile de connaître le numéro exact de la demeure, figurant dans tous les guides touristiques. Elle est repérable à distance à ses tags et autres graffitis, qui ornaient déjà la façade du vivant de l’artiste, au grand dam des riverains.
“Mur des admirations“
“Voilà, c’est chez moi. Je ne sais pas ce que c’est : un sitting-room, une salle de musique, un bordel, un musée…“, disait l’artiste de ce cocon, les anciennes écuries d’un hôtel particulier, acquis fin 1967. À l’extérieur, c’est un lieu de pèlerinage depuis longtemps. Un peu comme la tombe de Jim Morrison, au cimetière du Père-Lachaise.
On l’a vu récemment lors de la mort de l’ex-compagne de Serge Gainsbourg. Spontanément, les fans de Jane Birkin et du couple phare des années 70 ont afflué vers la maison pour déposer des fleurs ou écrire un mot sur ce véritable “mur des admirations“, régulièrement repeint.
Outre la famille proche, seuls quelques privilégiés ont pu accéder à l’intérieur de ce quasi-mausolée depuis la mort sur place, en 1991, de “l’homme à la tête de chou“. “Jean-Paul Belmondo passait en voisin. Karl Lagerfeld aussi. (…) Ce n’étaient pas des visites secrètes, mais discrètes“, confiait en 2021 au Figaro un ami de l’artiste, Jean-Pierre Frioul, qui a veillé sur les lieux de 1984 à 2013.
Rien n’a bougé depuis sa mort
Il y a bien eu plusieurs tentatives d’effraction, la maison a même failli brûler un jour, mais rien, selon lui, rien n’a bougé depuis sa mort. Pas même le Zippo ni les mégots de Gitanes fumées à la chaîne, qui trônent encore dans les cendriers.
“Tous les jours, il fallait aérer, dépoussiérer et remettre chaque chose à sa place. Dans le frigo, je changeais les conserves quand elles menaçaient d’exploser“, raconte encore l’ex-gardien du sanctuaire.
Plutôt exiguë, la maison a abrité les amours de Serge Gainbourg avec Jane Birkin puis avec Bambou. Charlotte, sa grande sœur Kate, née d’une première union de la Britannique, et Lulu, le plus jeune fils du chanteur, y ont vécu enfant. Elle a également été le lieu propice à la création pour l’artiste, qui y a écrit et composé ses plus grands titres.
Tout, mais pas un capharnaüm
L’antre est fort sombre, comme le voulait Gainsbourg, qui broyait du noir en emménageant juste après avoir été quitté par Brigitte Bardot, avec qui il avait effectué la première visite de la maison…
Dans la pièce principale, qui lui servait de bureau et de salle de musique, le sol a été dallé en noir et blanc, les murs tendus de tissu noir et le tour des fenêtres et les portes laqués en blanc. Caverne d’Ali Baba, malle aux souvenirs, galerie de peinture, auditorium… Tout, mais pas un capharnaüm. Le désordre a été étudié au millimètre par l’artiste, maniaque impénitent.
Ses visiteurs, Françoise Hardy et Jacques Dutronc s’en souviennent encore : mieux valait ne rien déplacer si l’on voulait éviter l’incident diplomatique avec le maître des lieux.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.