Échecs, tir à l’arc, boîte mystère… Pas de répit estival pour l’association Quartier Lud, qui profite des grandes vacances pour faire découvrir les jeux de société aux habitants. Reportage.
Sur les hauteurs des jardins d’Éole, une vingtaine d’enfants et d’adolescents se partagent les stands de jeux. À l’ombre des platanes, sur une petite table en fer, Kamel, 16 ans, encadre une partie de Monza, sorte de jeu de l’oie avec des voitures de courses, avec Manuel, 48 ans, et Nayala, 5 ans. Surprise, c’est la cadette qui est en tête. “Va falloir que tu me donnes ta technique !”, rigole le jeune volontaire.
Mordu de jeux de société depuis sa découverte Halli-Galli, jeu de rapidité et de calcul mental, Kamel affirme connaître de tête, les règles de près de 1000 jeux de société. C’est donc en toute logique qu’il a rejoint “Quartier Lud”, l’association à l’origine de l’événement Ludo Nomade. Pendant tout l’été, les volontaires sillonnent les parcs du 18e arrondissement et mettent à disposition des jeux en libre-service.
Aux commandes, Mourad Khiar, 32 ans, ancien chauffeur routier devenu ludothécaire. Lui aussi passionné depuis toujours, Mourad Khiar défend les bienfaits sociaux du jeu : “L’objectif de fond, c’est d’inculquer la citoyenneté aux jeunes. Le jeu, c’est pédagogique, c’est fédérateur. En jouant, on apprend les règles, on apprend à les respecter, et on apprend à les transmettre.”
“J’ai découvert un monde”
En quelques minutes, les paroles de Mourad prennent forme. Autour du Trapenum, boîte dans laquelle les enfants doivent retrouver des paires d’objets identiques, un frère et une sœur s’affrontent. En quelques instants, deux de leurs frères et sœurs rappliquent, attirés par les cris amusés. “Comment on joue ?”, demande alors des nouveaux participants. “Tu dois retrouver les objets qui sont pareils, sans regarder dans la boîte !”, lui explique tout naturellement sa sœur, sans l’aide d’aucun adulte. La partie peut commencer. “Tu vois ?”, nous lance Mourad, pas du tout surpris.
Quatre frères et sœurs s’affrontent dans une partie de Trapenum.
Originaire du 18ème arrondissement, Mourad se découvre un don pour le jeu en apprenant les échecs avec un voisin, dans les bistrots de la rue Pajol. “Un jour, il m’a montré une variante des échecs qu’il avait inventé lui-même, avec des couloirs sur les côtés pour que les pièces se déplacent différemment. Tout de suite, je suis rentré chez moi, et j’ai commencé à dessiner mon propre jeu”, raconte Mourad, sous la chaleur du soleil. Naît alors “Je valide”, un jeu où les participants doivent accomplir 28 objectifs. “Je l’ai présenté à des jeunes à l’espace Nathalie Sarraute. Pendant six heures d’affilée, ça jouait, ça jouait… Je me suis dit qu’il y avait un truc à faire. De là, j’ai découvert un monde, aussi riche que celui du cinéma ou de la musique !”, s’enthousiasme le trentenaire.
Mourad Khiaar a fondé Quartier Lud en 2018.
Ne pas “casser l’ambiance“
Avant d’inculquer les “valeurs” du jeu, l’objectif est avant tout de proposer des activités en accès libre, pour que les jeunes s’amusent comme ils le souhaitent. “J’interviens seulement si ça bloque”, résume Mourad. En témoignent la poignée d’ados qui, derrière lui, s’amusent au tir à l’arc sans en suivre les règles : “Là, si je viens leur expliquer, ça va casser l’ambiance !”
Achraf et Adem, 11 et 13 ans, connaissent déjà les règles du mini billard sur lequel ils jouent, après avoir déjà testé le cornhole et le tir à l’arc, leur activité préférée, sans hésitation. Les deux frères sont ravis : “C’est cool, ces activités. Ça nous change de d’habitude, où on joue au foot tout le temps. Surtout que là, il fait trop chaud pour courir !”
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