Société | Paris | 28/11/2023
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À Paris, le quotidien périlleux des pompiers du “GRIMP”

À Paris, le quotidien périlleux des pompiers du “GRIMP” © stedah

“La moindre erreur, c’est directement la chute“, confie Kévin, sergent-chef du Groupe d’intervention et de reconnaissance en milieu périlleux, le GRIMP, qui entraîne les sapeurs-pompiers de la brigade de Paris, spécialisés dans les cordes et le vide.

Ce groupe d’intervention et de reconnaissance en milieu périlleux (GRIMP) est composé de 18 des 8 600 sapeurs-pompiers de la brigade de Paris, 28 ans de moyenne d’âge. Composante de la spécialité recherches et sauvetages en milieu urbain, il intervient en appui des premiers secours quand l’accès est trop difficile ou dangereux du fait de la hauteur ou la profondeur. L’entraînement de ces militaires équipés comme des alpinistes est quotidien. Leur terrain de jeu : les monuments de la capitale, ses chantiers ou les carrières avoisinantes.

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“On vérifie tout, tout le temps

Ce mardi de novembre, c’est le centre Pompidou. “Attention pour le passage de cordes, il y a pas mal de circulation” de touristes, “pas de chute de matériaux“, briefe sur le parvis du musée le chef d’unité Kevin. Le point d’ancrage est repéré, le plus haut possible pour passer le garde-corps. Puis les six étages sont avalés à pied, plusieurs kilos de cordes sur le dos.

En moins d’une demi-heure, l’impressionnante tyrolienne sur deux cordes porteuses est installée à plus de 50 mètres de haut, après une ascension sur un poteau qui surplombe les statues de Niki de Saint Phalle. Et le blessé – factice – peut être évacué. “Quand on est en hauteur, la moindre erreur, c’est directement la chute. C’est une spécialité où on ne peut pas jouer, on vérifie tout, tout le temps“, dit le sergent-chef Kévin.

250 opérations menées en 2022

En 2013, ces pompiers sélectionnés et spécialement formés aux techniques de spéléologie et de cordistes intervenaient en moyenne 160 fois par an à Paris et sa petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne). En 2022, ils ont mené 250 opérations.

L’essentiel des interventions de la petite équipe stationnée au centre d’appui et de secours de Saint-Denis, au Fort de la Briche, concerne des évacuations de personnes.

Des sauvetages insolites

Parfois, les sauvetages sont insolites. Comme mi-août pour deux touristes américains qui avaient passé la nuit à la belle étoile dans la tour Eiffel. Plus régulièrement, les hommes du GRIMP viennent secourir des visiteurs piégés dans des puits interdits des Catacombes, l’ossuaire souterrain parisien.

Selon le sergent-chef Kévin, “70%” des interventions “sont liés à des bâtiments anciens” de type haussmannien dont les charmes sont autant d’obstacles pour les pompiers : les courettes et cages d’escaliers exiguës ne permettent pas l’évacuation de victimes de forte corpulence ou à l’horizontale.

Interventions lors de la tempête Ciaran

Il peut aussi s’agir de mettre en sécurité une baie vitrée qui menace de chuter dans le vide dans le quartier d’affaires de la Défense ou d’une nacelle défaillante au 58ᵉ étage de la tour Montparnasse.
Lors de la garde la nuit de la tempête Ciaran, début novembre, quatre des neuf interventions concernaient des dégâts dus aux vents intenses.

Marseille revendique la première unité française spécialisée dans le secours en milieu périlleux et montagne, créée en 1948 à la suite du crash d’un avion de la Royal Air Force britannique dans le massif de Marseilleveyre.

Un entraînement dans le port de Gennevilliers

Les GRIMP se généralisent dans les années 1980 avec la popularisation de l’escalade ou la spéléologie.
Contrairement aux autres GRIMP de France qui interviennent en milieu naturel, on est exclusivement sur du structurel, sur des bâtiments de grandes hauteurs à l’architecture parfois biscornue“, explique le sergent-chef Grégory.

“Les vieux bâtiments parisiens sont très glissants, surtout sous la pluie. On se méfie des toits de zinc et des cheminées qui ont l’air d’être un bon point d’ancrage mais sont en fait juste posées sur le toit et s’envolent pendant les tempêtes”, ajoute le sergent-chef Kévin. Et nombre d’opérations sont délicates, tels les hélitreuillage, quand vent et vitesse compliquent la stabilisation d’une civière.

Les gestes sont donc soigneusement répétés, comme lors de cet entraînement dans le port de Gennevilliers, auquel l’AFP a assisté, avec un hélicoptère EC145 de la Sécurité civile équipé de lunettes de vision nocturne.

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