Accueillir des personnes Lesbiennes, Gays, Bisexuelles, Transgenres, Queers, Intersexe et plus (LGBTQI+) de tous les horizons, notamment celles qui ont fui leur pays en raison de leur identité de genre ou de leur orientation sexuelle, tel est l’enjeu de la Bulle, inaugurée le 16 mai à Paris dans le Marais, à l’occasion des dix ans de loi autorisant le mariage entre personnes de même sexe.
Sept structures vont se partager ce local de 520m2, entièrement rénové et mis à disposition par la municipalité au 22 rue Malher. Parmi elles, plusieurs sont dédiées à la cause trans comme OUTrans, structure pour l’autosupport des personnes trans et la lutte contre la transphobie, l’Espace santé trans, association de promotion de la santé des personnes transidentitaires, ou encore Le FLIRT – Front de libération transfem, collectif d’aide mutuelle entre jeunes femmes trans. Trois autres collectifs se concentrent sur l’accès aux droits des personnes LGBT+ exilées, comme l’Ardhis association pour la reconnaissance des droits des personnes homosexuelles et trans à l’immigration et au séjour, l’Ankh (“la vie” en égyptien) et Wassla, (“le lien” en arabe), groupements de défense et d’entraide des personnes LGBT+ issues du monde arabe. XY Media, média audiovisuel centré sur les questions de transidentité, y disposera également de locaux.
“Tu as le droit d’être là”
“Nous allons pouvoir accueillir le public dans un bel endroit ! Pour des gens qui ont constamment peur d’être exclus, ça change beaucoup de choses. D’autant plus que le lieu est entièrement géré par des personnes concernées”, souligne Morgan Verdeil, trésorier de l’Espace Santé Trans. Pour Anaïs Perrin-Prevelle, coprésidente d’Outrans, la localisation du centre “dans le plus beau quartier de la plus belle ville du monde” est loin d’être anodine. “C’est un lieu qui dit : “Oui, tu as le droit et tu mérites d’être là ! Sors de l’idée que tu dois être dans un lieu à part” se réjouit la militante.
Plus de coordination
Plus qu’un symbole, placer la Bulle au centre de Paris permettra d’augmenter leur portée, estiment les associations. Proche du quartier du Châtelet, le centre est, en effet, accessible depuis toute l’Île-de-France. “On s’est rendu compte à quel point on excluait les gens lorsque l’on n’était pas dans le centre de Paris. On met un point d’honneur à pouvoir parler au-delà de la capitale. Nous nous plaçons au centre, pour pouvoir s’adresser à l’extérieur”, explique Morgann Gicquel, co-présidente de l’Espace Santé Trans.
Le regroupement de plusieurs associations, chacune avec un rayon d’action défini, via aussi à gagner en efficacité, estime la jeune femme aux mèches roses et bleues,“pour mieux répondre aux besoins. Ne serait-ce qu’en voyant des flyers, des affiches, un bénéficiaire pourra comprendre qu’une autre association pourra répondre à d’autres besoins peut-être plus spécifiques”, se projette Morgann Gicquel.
Quand le coming-out reste un défi
Ainsi, une personne LGBT originaire du monde arabe pourra, par exemple, se tourner vers Wassla. “Souvent, les personnes qui partagent les mêmes problématiques ont envie de parler la même langue”, motive Nicolas Abi-Chebel, président de l’association. “Par exemple, un des défis pour les personnes LGBT arabes, c’est le coming-out. Aujourd’hui, en France, le coming-out devient quelque chose de plus en plus anodin. Mais dans nos cultures, ça reste un vrai défi. Parmi des Français, une personne arabe ne va peut-être pas trouver la même compréhension. Notre but, c’est d’amener de la facilité et du soutien mutuel”, développe ce grand barbu. Aujourd’hui, l’association accueille régulièrement une dizaine d’habitués.
Autre but de la Bulle : garantir la confidentialité des échanges, grâce à des alcôves bien isolées phoniquement. Un grand bond en avant pour Anaïs Perrin Prevelle. “Nous nous sommes créés en 2009, et depuis, nous n’avons jamais eu de local ! On faisait nos réunions à La Mutinerie [bar féministe de la rue St-Martin, ndlr], dans des cafés…”, se rappelle-t-elle, alors que ses groupes de parole peuvent réunir jusqu’à 80 personnes. “Je vois un peu ce lieu comme une case départ, estime Morgann Gicquel. On a tout à construire !”
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