Police | | 06/10/2023
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À Sevran, un policier jugé pour violences contre un ex-médiateur de la ville

À Sevran, un policier jugé pour violences contre un ex-médiateur de la ville © diegoparra

Ce jeudi, un policier était jugé au tribunal de Bobigny pour des violences contre un ex-médiateur de la ville de Sevran, en 2019. Une vidéo de l’interpellation a été réexaminée.

Le parquet de Bobigny avait requis un non-lieu pour ce dossier, mais le juge d’instruction a renvoyé le policier devant le tribunal correctionnel pour des violences illégitimes.

Un nouvel examen de la vidéo

Une peine de trois mois avec sursis a été finalement requise contre le fonctionnaire de police par le procureur Loïc Pageot, qui a modifié sa position après “un nouvel examen de la vidéo“. Dans un dossier avec “des témoignages parfois contradictoires“, “j’ai été amené à classer ce dossier“, reconnaît M. Pageot, en charge des affaires impliquant les fonctionnaires de police auprès du tribunal judiciaire de Bobigny. Le procès “a permis le débat que j’ai sous-estimé“, a admis le procureur.

Le 11 septembre 2019, un embouteillage se forme à proximité de la gare RER Sevran-Beaudottes. Des véhicules de police bloquent une rue pour effectuer un contrôle sur un point de deal. Dans la longue file de véhicules bloqués figure celle de Lamine Ba, aujourd’hui âgé de 39 ans, ex-médiateur de la ville, figure connue du quartier et des policiers. Ce dernier sort de sa voiture et demande au fonctionnaire de déplacer son véhicule afin que les automobilistes puissent circuler.

Deux versions s’opposent au moment de l’échange. Le fonctionnaire dénonce un outrage, il assure s’être fait traiter de “salope“, ce que réfute M. Ba qui se fait contrôler. “J’accepte le contrôle. Je pose ma sacoche sur le toit de ma voiture“, assure l’ancien médiateur d’une voix posée. Il travaille désormais dans une bibliothèque à Sevran et fait de la figuration dans des films, notamment policiers, et des séries.

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Est-ce une riposte proportionnée ?

L’agent tente d’attraper les jambes du médiateur qui se dégage. Il lui assène un coup de poing et la victime réplique “en défense“. Des coups pleuvent jusqu’à l’arrivée de renforts. Un autre fonctionnaire fait usage de son pistolet à impulsion électrique. Lamine Ba finit par s’écrouler. Il reçoit cinq jours d’incapacité totale de travail (ITT). “Est-ce une riposte proportionnée ?“, interroge le procureur. “Je défends mon intégrité physique“, insiste le policier, âgé de 39 ans, devant une salle bondée, acquise à la victime.

La scène est entièrement captée par un riverain depuis sa fenêtre. Le contrôle de police sur Lamine Ba se transforme en interpellation. “Je ne comprends pas, je n’ai pas commis de délit ni d’infraction. Il me charge comme un taureau“, raconte la victime à la carrure imposante.

“Preuve incontestable”

La vidéo est un élément de preuve incontestable (…) Ces violences n’étaient pas nécessaires”, a-t-il ajouté. M. Ba “pare les coups et ne cherche pas à en découdre. Il a une technique de combat. Il aurait pu lui infliger une sacrée dérouillée“, avance le magistrat qui a requis trois mois de prison avec sursis simple contre le policier en poste désormais dans le Val-de-Marne.

Assa Traoré, figure du combat contre les violences policières, dont le frère est mort à la suite d’une interpellation en 2016, était présente à l’audience.

La décision a été mise en délibéré au 2 novembre.

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