Ce mardi, près de 170 migrants sans papiers ont été délogés du squat des Baudemons de Thiais, occupé depuis presque deux ans. Pour la députée Rachel Kéké, la mairie de Paris “n’a pas tenu ses promesses”.
C’est la fin du squat des Baudemons. Plus de 170 migrants, majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne, ont été évacués mardi matin de la maison de retraite à l’abandon qu’ils occupaient depuis octobre 2021 à Thiais. Dès 7h30 du matin, plusieurs cars étaient présents sur les lieux pour évacuer les occupants qui attendaient sur les trottoirs, chargés d’affaires empaquetées à la va-vite dans des valises et des sacs-poubelles.
“Nous sommes stressés“
“48 personnes ont été orientées vers des solutions d’hébergement dans le Maine-et Loire-et le Doubs, 26 ont été prises en charge par la ville de Paris et 36 par les services de l’État en Île-de-France“, a indiqué la préfecture du Val-de-Marne dans un communiqué. Les autres occupants ont refusé les solutions de mise à l’abri proposées, a précisé la préfecture.
“Nous sommes stressés“, a confié à l’AFP Vassihoui Diomandé, 28 ans, délégué des occupants du squat originaire de Côte d’Ivoire. Aucune interpellation n’a eu lieu et la majorité des résidents sont montés dans le calme dans les cars.
Pour la députée Rachel Kéké (LFI) présente en soutien aux migrants, le compte n’y est pas. Dans une vidéo postée sur ses réseaux sociaux, elle dénonce l’attitude de la ville de Paris. “Il y a des femmes enceintes et des enfants malades qui sont dehors, qui ne savent pas où aller. C’est malheureux. Il y a des gens qui travaillent parmi eux. La mairie de Paris n’a pas tenu ses promesses. Ils avaient dit qu’ils allaient donner des lieux de logements, mais les adresses données étaient fausses“. Opération également dénoncée par le collectif Accès au Droit qui regrette “une évacuation sans prise en compte réelle de la situation des personnes“.
Un combat judiciaire
Les occupants et leurs soutiens s’attendaient à cette issue après une série de revers devant les tribunaux. La mairie de Thiais avait pris un arrêté d’évacuation en novembre 2021 pour péril imminent. Début janvier, le tribunal administratif de Melun avait ordonné le départ des occupants. Se sachant menacés, les migrants sans papiers étaient allés manifester à Paris mi-mai pour réclamer une solution. Une demande de réexamen de cette décision par les occupants, représentés par Me Matteo Bonaglia, a été rejetée jeudi dernier par le juge des référés.
“Outre la suroccupation (jusqu’à 200 personnes sur site pour une capacité d’accueil de 90), le risque principal concernait les conditions d’évacuation en cas de départ de feu et de propagation des fumées, le système de sécurité incendie ne fonctionnant plus. En outre, il est à souligner que la police avait dû intervenir à deux reprises“, justifie la préfecture du Val-de-Marne.
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Des associations et des organismes en renfort
Depuis leur installation, les occupants du squat, situé dans un bâtiment appartenant au Centre d’action sociale de la ville de Paris (CASVP), ont été accompagnés par plusieurs associations et organismes dont Médecins du Monde, United Migrants et Barreau de Paris Solidarité, qui y a tenu des permanences d’accès au droit.
Concernant le futur du bâtiment évacué, le directeur général des services de la mairie de Thiais, Richard Dell’Agnola, a expliqué que “plusieurs pistes sont à l’étude, mais rien n’a été acté“.
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