C’est un coup dur pour l’aura de l’aéroport d’Orly. Air France va y supprimer six lignes d’ici à 2026 et ne conservera dans l’aéroport du Val-de-Marne que sa liaison vers la Corse.
Confronté à une “chute structurelle de la demande” sur ses lignes intérieures, Air France va largement quitter l’aéroport d’Orly en 2026 et regrouper ses opérations à Paris-Charles-de-Gaulle (CDG), plus éloigné de Paris et moins bien desservi par les transports en commun.
Six lignes d’Air France à partir d’Orly seront supprimées, trois vers l’outre-mer (Pointe-à-Pitre, Fort-de-France et Saint-Denis de La Réunion, transférées à CDG) et trois autres en métropole (Toulouse, Marseille et Nice). La compagnie low cost du groupe, Transavia, prendra le relais vers ces trois dernières villes depuis Orly, a précisé mercredi Air France dans un communiqué.
“Le développement de la visioconférence, la réduction des déplacements professionnels” et “le report vers le train (…) conduisent à une chute structurelle de la demande sur le réseau intérieur”, a justifié la compagnie, dont les “navettes” à haute fréquence d’Orly vers Marseille, Nice et Toulouse ont transporté 1,3 million de personnes en 2022 contre 1,7 en 2019.
Air France, dont les lignes intérieures restent globalement déficitaires bien que le groupe Air France-KLM ait renoué dès 2022 avec les bénéfices après la crise sanitaire, veut ainsi capitaliser sur sa plateforme de CDG pour des correspondances entre ses réseaux international et français.
Exception à ce mouvement, “conformément au cahier des charges de la délégation de service public (DSP): les liaisons Air France de/vers la Corse resteraient assurées depuis Paris-Orly”, a expliqué la compagnie, candidate avec Air Corsica au renouvellement de ce dispositif à partir de 2024.
Un coup dur pour l’attractivité de l’aéroport d’Orly, qui sera pourtant relié prochainement à la ligne 14 du métro.
Départs volontaires
Air France s’est engagée à ce que cela ne conduise pas à des départs contraints pour ses quelque 430 employés au sol concernés à Orly, au sud de Paris. “Les forts besoins en ressources à Paris-Charles de Gaulle identifiés à horizon 2026 permettraient de garantir à chacun un emploi équivalent sur le site de Roissy. Toutes les solutions de mobilité sur la plateforme de Paris-Orly seraient préalablement recherchées”, selon la compagnie. Enfin, “l’impact de cette évolution sur l’emploi sur les escales de Toulouse, Marseille et Nice est limité et serait géré uniquement sur la base de mobilités ou de départs volontaires”.
Les syndicats vent debout
Du côté des syndicats, le projet alarme. “Les premières victimes de ce projet seraient les salariés d’Air France : les 550 personnels agents d’escale et environ 200 agents de maintenance en ligne, sur piste, qui
seraient transférés à Roissy CDG, à l’autre bout de l’Ile-de-France. À défaut d’accepter ce transfert, ces salariés seraient licenciés. Au-delà des salariés d’Air France, c’est l’ensemble des salariés qui exercent sur la plateforme d’Orly comme dans les escales desservies qui serait touché y compris toute la chaîne de sous-traitance”, alerte FO Val-de-Marne. Premier syndicat représentatif d’Air France, FO assure “qu’il reste une place pour un produit s’adressant à une clientèle non adepte des compagnies low cost”.
L’optimisme de la direction sur l’adaptation des effectifs “nous laisse un peu sur notre faim”, a de son côté réagi le secrétaire général de la CFDT (2e syndicat) du groupe, Christophe Dewatine, auprès de l’AFP. “Pratiquement 60% des salariés qui travaillent sur la base Orly habitent dans le sud de l’Essonne”, et aller à Roissy “va générer des difficultés” pour eux, a-t-il alerté. Pour limiter l’impact social, la CFDT demande que les avions de Transavia soient gérés en escale par des salariés d’Air France, mais la direction refuse au nom des coûts, selon le délégué syndical. Ce sont pourtant des pilotes Air France qui sont aux commandes des avions de Transavia.
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