Publicité
Publicité : SALON EFFERVESCENCE
Logements | | 14/04/2023
Réagir Par

Après la rupture de canalisation, la galère continue à la barre Dolet-Jardin d’Alfortville

Après la rupture de canalisation, la galère continue à la barre Dolet-Jardin d’Alfortville

“On n’ose plus partir de chez nous, par peur de retrouver notre appartement inondé à notre retour.” Depuis la rupture de canalisation d’eau froide au sein de la chaufferie, dont les conséquences perdurent, des habitants la résidence Dolet-Jardins ne décolèrent pas.

Située au cœur du quartier Chantereine d’Alfortville, la barre, construite vers 1970, culmine à 22 étages. Elle reste le seul bâtiment qui dépasse la cime des arbres depuis le quai du RER D de la station le Vert de Maison. Engagé dans un projet de rénovation urbaine depuis 2005, le quartier Chantereine a cédé ses grands ensembles au profit de nouveaux immeubles, plus bas. Trois tours doivent encore être démolies, les presque dernières du quartier. Le 4 Sente de Villiers (150, 152 et 154 rue Dolet) qui composent la dernière barre d’immeubles du secteur, a pour sa part été rénové.

Claude, administratrice de production de 59 ans, habite au 150 depuis 1998. Elle travaille à domicile depuis 2018 et aime beaucoup son appartement situé au 19e étage. Elle apprécie également la transformation du quartier. Mais elle n’en peut plus d’avoir froid parce que le chauffage est régulièrement coupé. “Je travaille assise, sans bouger, je suis obligée de mettre un chauffage d’appoint. Mais ça consomme beaucoup. Ça a été comme ça pratiquement tout l’hiver. “ Ce week-end de Pâques, suite aux dégâts en cascade déclenchés par la rupture d’une canalisation la nuit du 23 au 24 mars, les habitants se sont encore retrouvés sans chauffage.

En arrière plan, se dresse l’ensemble Dolet-Jardin, vétéran du chantier de renouvellement urbain du quartier Chantereine

Il n’y avait qu’un seul robinet d’eau pour tout le monde

Les locataires interrogés indiquent n’avoir vu ni affiche, ni reçu de SMS. De même, ils n’ont pas vu d’information pour la coupure d’eau chaude du mardi 11 avril. “Quand l’eau a été coupée, on a eu un seul robinet d’eau pour tout le monde. On avait droit à un pack d’eau par appartement, peu importe combien on était. C’est nous qui en avons porté aux personnes âgées et on a aidé ceux qui avaient de l’eau chez eux. Est-ce que ça pèterait si c’était entretenu ?”questionne Natacha, animatrice qui habite depuis 16 ans dans un F2 au 16e étage du 150. Elle y vit seule avec ses deux ados depuis sa séparation d’avec un conjoint violent.

1 pack d’eau journalier pour chacun des 350 appartements de la barre Dolet-Jardin, à récupérer en bas des bâtiments

“Ça fait 37 ans que je vis ici, je ne sais même pas comment c’est possible”, ironise Béatrice, résidente au 12e étage du 4 Sente. “Je ris parce que je n’en peux plus. Depuis 15 jours, on a tout eu sur les quatre immeubles. Les radiateurs explosent de partout : inondation, inondation…” Morgane, la trentaine, et sa maman Dominique, jeune retraitée, vivent dans le même bâtiment. “J’ai eu un accident du travail qui m’a coûté le poignet. J’ai déjà subi trois interventions et ce n’est pas fini. Quand il fait froid, j’ai encore plus mal“, confie l’aide-soignante en arrêt depuis quatre ans. Elles disent avoir renoncé à partir passer Pâques en famille, par crainte de retrouver leur logement dévasté suite à leur absence. Béatrice, de son côté, confie avoir rendez-vous chez le médecin parce qu’elle s’est “tordue le pouce en portant un colis lourd dans les escaliers. L’ascenseur était en panne.” Natacha, elle, a déjà “été coincée à l’intérieur trois heures dans le noir à crier ‘au secours’. J’ai la hantise de prendre l’ascenseur, mais, habitant au 16e, je n’ai pas d’autre choix”, confie-t-elle.

Logial revient sur la situation

Dans un communiqué publié ce 12 avril, Logial indique comprendre “pleinement la gêne occasionnée”, et rappelle sa mobilisation avec la ville et la Croix Rouge, avec des distributions de packs d’eau durant quatre jours, l’installation d’un groupe électrogène de remplacement, 8 cabines de WC et un point d’eau courante. Le bailleur prévenait aussi qu’une lourde intervention était prévue ce 13 avril pour rétablir le réseau, nécessitant une nouvelle coupure. Le bailleur indique aussi avoir informé les locataires par affichage et via des SMS et des publications sur les réseaux sociaux.

Quelques-un des locataires reçus jeudi 13 avril par la délégation municipale et le représentant de Logial-Coop

Ce serait important d’avoir des interlocuteurs privilégiés

Ce jeudi matin, dix locataires de Dolet-Jardin ont par ailleurs été reçus en mairie pour exprimer leur colère. Morgane, présente, regrette toutefois que la discussion ait surtout été axée sur “des problématiques personnelles plutôt que sur l’essentiel qui est le chauffage”. Il a également été demandé aux locataires de s’organiser afin de dresser une liste des personnes affectées dans leurs appartements, explique-t-elle. “Mais ici, faire un groupement de locataires, c’est compliqué. J’y réfléchis mais je ne suis pas sûre d’en avoir l’énergie. Alors que nous étions nombreux, se retrouver au final à seulement dix personnes, ce n’est pas très encourageant. Et ici, beaucoup ne parlent pas français”, réagit l’habitante.

Sébastien Glotin, élu CLCV (Confédération Logement et Cadre de Vie) pour représenter les locataires au sein du Conseil d’administration de Logial-Coop, estime de son côté “qu’il serait important d’avoir des interlocuteurs privilégiés sur ce site pour faire la jonction et peut-être avoir des solutions plus rapides”. Car, explique-t-il, “en tant que représentant des locataires au sein du parc immobilier de Logial présent dans plusieurs villes dans le Val-de-Marne et l’Essonne , je ne pourrai pas être là à chaque fois.”

Un quartier qui n’est pas abandonné

De son côté, le maire et président de Logial, Luc Carvounas (PS), indique “comprendre la détresse des habitants” mais rappelle également être intervenu pour faire installer le robinet d’eau et les toilettes. Il rappelle aussi les travaux effectués sur les immeubles du 4 Sente de Villiers et les aménagements effectués dans le cadre du programme de rénovation urbaine, pour améliorer le cadre de vie. Le quartier n’est pas abandonné, dément l’élu alors que le sujet s’est invité en conseil municipal ce jeudi, par la voix du conseiller d’opposition Jonathan Rosenblum (LREM).

Mise à jour à 18h50 avec la position de Logial et du maire.

Abonnez-vous pour pouvoir télécharger l'article au format PDF. Déjà abonné ? Cliquez ici.
3 commentaires

N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.

Ajouter une photo
Ajouter une photo

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous chargez l'article suivant