“Le fabricant de demain saura fabriquer, réparer, upcycler et recycler”, telle est la conviction de Simon Millet, président d’Ambiance Lumière, une entreprise familiale de luminaires qui joue la longévité des produits depuis toujours. Une PME qui a fait partie, avant même que le terme n’existe, des pionniers de l’économie circulaire en Val-de-Marne. Explications.
C’est en 1979 que Robert Yenni et son neveu Martial Millet créent l’entreprise Ambiance Lumière, d’abord à Créteil puis à Alfortville dès 1980. À l’heure où une majorité de fournisseurs commencent à délocaliser leur production, la PME val-de-marnaise développe son atelier sur place. Ceci lui permet de faire du sur mesure avec souplesse et de contribuer à l’innovation. Une maîtrise du savoir-faire qui va lui ouvrir les portes de marchés très variés, de l’éclairage des discothèques à celui du Stade de France en passant par des performances comme la réalisation de la plus grande façade animée de France à Reims en 2016, avec 8 000 points lumineux gérés comme des pixels.
Cette maîtrise technique locale lui permet aussi de maintenir les produits et de les adapter aux évolutions technologiques, des premières ampoules à incandescence aux LED. Un service singulier sur le marché du luminaire, à l’époque du tout import. “En France, 66 % des luminaires sont d’importation. La majorité des fournisseurs sont des centrales logistiques. En Île-de-France, nous ne sommes que très peu d’acteurs. Or, ce modèle de mise à niveau des produits ne peut être vertueux que s’il est local”, développe Simon Millet, fils de l’un des fondateurs et désormais président de l’entreprise. C’est, en effet, dans l’atelier de fabrication que toutes les pièces de rechange sont à disposition. “En dehors des LED qui sont produits en Asie, nous fabriquons essentiellement en France”, insiste le dirigeant. En juin 2022, l’entreprise a, du reste, gagné le trophée Focales Forum des lumières durables, créé par les organismes de la profession, dans la catégorie “Fabriqué en France”, pour son luminaire Soho, un spot de 6 LED, “fabriqué en France à 94%.”
Cet article s’inscrit dans le cadre d’une série consacrée à l’économie circulaire dans le Val-de-Marne, réalisée avec le soutien de la Chambre de commerce et d’industrie du Val-de-Marne et de l’Agence de la transition écologique (Ademe).
La CCI 94 développe actuellement un accélérateur d’économie circulaire à l’attention des acteurs économiques du département. Pour plus d’informations, contacter Patricia Fouré, responsable partenariats et projets circulaire (pfoure(a)cci-paris-idf.fr)
Le reconditionnement – surcyclage : un nouveau débouché
De quoi ouvrir des débouchés spécifiquement circulaires, liés à la mise à niveau des produits, même lorsque ces derniers ne viennent pas d’Ambiance Lumière. “Nous avons donné une nouvelle vie à 4 200 projecteurs dans les couloirs et les suites de l’hôtel Georges V, cite ainsi le dirigeant. Au-delà du maintien des luminaires d’origine, cette solution est économique car elle permet de travailler en zone ouverte, sans fermer de pièces pour effectuer les travaux. En calculant le prix fourni posé, on arrive à une économie de 3 à 3,5 par rapport à un investissement neuf”, détaille le dirigeant qui définit son approche comme du surcyclage ou upcycling, par opposition à du recyclage “qui reviendrait au début de la chaine de valeur”. Un point important car “la structure est ce qui coûte le plus cher à produire”, rappelle Simon Millet. C’est aussi ce qui nécessite le plus de matières premières.
Reconditionné et neuf peuvent coexister sur un chantier
Bien-sûr, cette approche n’est pas réplicable dans toutes les situations. “Nous ne sommes pas des ayatollahs du réemploi en toute circonstance mais ce modèle peut cohabiter avec d’autres. Sur un même chantier, il peut, par exemple, y avoir des créations neuves, marquantes, dans les zones dites “nobles” et des luminaires reconditionnés dans les parkings”, développe Simon Millet.
Pour l’entrepreneur, la règlementation RE 2020, qui impose de prendre en compte l’impact carbone des produits et équipements dans la construction, va accélérer le recours aux produits de réemploi dans les chantiers.
De la fabrication au recyclage, une boucle locale
Dans le prolongement de ce nouveau segement de marché de sur-cyclage in situ, l’entreprise a développé la vente de luminaires reconditionnés, comme une suite logique. Lorsque les produits ne sont plus commercialisables, mais complets, elle les donne à la Ressourcerie des spectacles. En dernier ressort, lorsqu’ils ne fonctionnent plus et ne sont pas réparables, la PME alfortvillaise les confie aux éco-organismes spécialisés. De quoi composer une boucle circulaire complète. “Le fabricant de demain saura fabriquer, réparer, upcycler et recycler. Tous ces modèles cohabiteront”, insiste Simon Millet.
L’entreprise compte actuellement 24 salariés et dispose d’un atelier de fabrication 6 à 10 personnes.
Voir tous les articles de la série :
Val-de-Marne circulaire # 1 : un enjeu environnemental et économique stratégique
Val-de-Marne circulaire # 2 : Réparer, réemployer, recycler, surcycler… petit tour de l’économie circulaire en Val-de-Marne
Val-de-Marne circulaire #3 : Louer au lieu de vendre : comment la startup Viluso a changé de modèle
Val-de-Marne circulaire #4 : Ambiance Lumière à Alfortville : une PMI à rebours de l’obsolescence programmée
Val-de-Marne circulaire #5 : le vrac n’est pas mort
Val-de-Marne circulaire # 6 : comment Maximum réussit l’upcycling en série à Ivry-sur-Seine
Val-de-Marne circulaire #7 : Économie circulaire en Val-de-Marne : quel modèle économique ? Quel foncier ?
Val-de-Marne circulaire #8 : Économie circulaire en Val-de-Marne : le défi de la déconstruction-reconstruction
Val-de-Marne circulaire #9 : Ta Tiny House invente la maison mobile low-tech
Val-de-Marne circulaire #10 : quel rôle pour les collectivités locales ?
Val-de-Marne circulaire #11 : verdir la culture en maintenant le rêve
Val-de-Marne circulaire #12 : Oser l’économie circulaire ? Retours d’expérience en Val-de-Marne et mode d’emploi
Val-de-Marne circulaire #13 : Financer l’économie circulaire en Val-de-Marne : un cocktail de solutions
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