La maison départementale des personnes handicapés (MDPH) du 93, a ouvert une seconde permanence au centre communal d’action social de Saint-Denis. Deux autres suivront d’ici à 2024. Objectif : se rapprocher des usagers pour faciliter l’accès au droit des personnes handicapées, encore confrontées à un véritable parcours du combattant en Seine-Saint-Denis.
Pour aller de la place du 8 mai 1845 à Saint-Denis à la station Pablo Picasso, il faut compter une demi heure avec le tramway T1. Un trajet que, depuis le 1er janvier, les Dyonisiens n’ont plus à faire pour s’informer sur leurs droits en matière de handicap ou faire le suivi d’une demande d’allocation adulte handicapé (AAH), d’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AAEH) ou encore de prestation de compensation du handicap (PCH). Ils peuvent se rendre directement dans leur CCAS (Centre communal d’action sociale).
Une antenne MDPH par EPT
“L’idée est d’ouvrir une antenne de la MDPH dans le périmètre de chacun des quatre établissements public territoriaux (EPT)”, souligne Stéphane Blanchet, vice-président du département en charge de l’autonomie. “On territorialise l’accompagnement pour faciliter le parcours des personnes en situation de handicap ou de leurs proches pour s’informer sur leurs droits ou leur dossier. Il n’est pas évident de se rendre jusqu’à Bobigny, surtout si vous êtes en situation de handicap.”
Une autre antenne est déjà ouverte depuis mai 2021 dans l’intercommunalité Est-Ensemble, à Montreuil, dans le service social du département. Celle de Saint-Denis étant située à Plaine Commune, deux autres verront le jour en principe d’ici à 2024.
À Paris Terre d’Envol, une permanence est pour l’instant assurée une demi-journée par mois à Sevran. “Il n’est pas certain que ce soit la commune la plus pertinente pour accueillir une antenne MDPH ne serait-ce que d’un point de vue démographique“, estime toutefois Stéphane Blanchet, qui est par ailleurs maire de Sevran.
Améliorer l’accompagnement
L’objectif est d’éviter de patienter inutilement au téléphone ou de faire le trajet jusqu’à Place handicap, nom donnée à la MDPH en Seine-Saint-Denis, qui accueille 180 personnes par jour en moyenne, pour obtenir un simple renseignement.
“Ces antennes ont vocation à apporter un service de niveau 1. Pour cela, il a fallu former les agents à la maitrise du logiciel métier de la MDPH pour qu’ils puissent répondre le plus précisément possible aux demandes d’information des usagers, à savoir, par exemple, où en est leur demande. On peut également apporter des réponses à des questions plus complexes en prenant rendez-vous avec un professionnel de la MDPH“, complète Vincent Mirou, qui en est le directeur adjoint. Ces rendez-vous sont possibles le lundi et le mardi à Saint-Denis, et le mardi et le mercredi à Montreuil.
8,9 mois en moyenne d’attente
Pour la MDPH de Seine-Saint-Denis, ce maillage vise en premier lieu à multiplier les points d’entrée pour les usagers, dans un contexte d’engorgement des demandes. Selon l’édition de janvier du baromètre mis en place par la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), le délai moyen de traitement de l’ensemble des demandes est, en effet, de 8,9 mois comparé à 6,3 mois dans le Val-de-Marne et 4,8 dans les Hauts-de-Seine et à Paris, pour une moyenne nationale s’établissant à 4,7 mois.
Pour réduire ces délais et améliorer son efficacité, la MDPH a par ailleurs lancé un plan d’action bénéficiant d’un financement de la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) à hauteur de 966 000 euros. Objectif : passer sous le seuil de référence de quatre mois. “Les effets commencent à se faire sentir“, assure Vincent Mirou qui compte, pour l’année 2022, une augmentation de 25% du nombre de dossiers traités par mois pour 52 000 dossiers enregistrés au cours de l’année.
6 700 enfants et 2 500 adultes sans solution adaptée
Reste que ce plan d’action se heurte lui-même à la difficulté de recruter des évaluateurs, des travailleurs sociaux, des infirmières ou encore des médecins.
Pour les personnes handicapées et leurs familles, l’application effective des droits reconnus par la MDPH reste un défi. Alors que la Maison nationale de l’autisme devrait être inaugurée en avril, le département s’inquiète de “la faiblesse dramatique de l’offre médico-sociale.” “Il faut un véritable plan Marshall“, estime Stéphane Blanchet qui rappelle “qu’il y a au moins 6 700 enfants et 2 500 adultes qui sont actuellement sans solution adaptée.” De son côté, le département devrait contribuer à hauteur de 38 millions d’euros dans le cadre d’un “plan de rattrapage pluriannuel” de 166 millions d’euros, afin de créer 5 000 places pour les enfants et les adultes handicapés de Seine-Saint-Denis.
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