Logements | Ile-de-France | 15/07/2023
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Arnaques, bailleurs frileux, les étudiants démunis face à la rareté des logements en Île-de-France

Arnaques, bailleurs frileux, les étudiants démunis face à la rareté des logements en Île-de-France © Kutaytanir

Arnaques qui pullulent sur les plates-formes de mise en relation, bailleurs hyper exigeants, qui réclament ceinture et bretelle, prix qui explosent pour des biens minuscules… Trouver un logement relève de la mission impossible pour les étudiants inscrits dans la région parisienne à la rentrée 2023. La faute à un marché immobilier grippé par la hausse des taux.

Inès Ben Allal, étudiante en droit des affaires de 23 ans, qui doit débuter à la rentrée un master à Sciences Po, enchaîne depuis deux semaines les visites d’appartements à Paris en plus d’un stage très prenant en cabinet d’avocats. À la recherche d’une colocation avec un ami, elle a répondu à une soixantaine d’annonces pour une dizaine de visites. Sans succès pour l’instant. “J’ai vu des appartements avec zéro fenêtre, des qui dépassaient clairement le loyer maximum légal pour le quartier mais ils s’en fichent, j’en ai eu où il y avait de la moisissure partout mais ils s’en fichaient…” Une vraie douche froide. “Ça m’a un peu dégoûtée de la ville, et des gens”, confie-t-elle.

Entre les arnaques, des annonces uniquement postées pour récupérer des dossiers de garants pleins de données personnelles et/ou exiger une caution avant même de faire visiter un logement qui n’existe pas, et les propriétaires qui réclament plus de garanties qu’il n’en faut, méfiants par principe, c’est un parcours du combattant qui attend les étudiants.

On a déjà nos inscriptions à gérer, la bourse à gérer plus d’autres papiers administratifs, et en plus le stress de trouver un logement

Gladimy, Guadeloupéen de 24 ans qui entame à la rentrée une formation d’infirmier à Bobigny, a fait une cinquantaine de demandes, dont aucune n’a abouti.

“Ça ne me décourage pas parce que je sais que je vais toujours trouver une solution, mais ça baisse un peu le moral”, confie Gladimy. Il envisage désormais de se faire héberger par de la famille ou de prendre un hôtel ou un Airbnb à son arrivée dans la capitale, fin août, le temps de trouver une location longue durée.
“On a déjà nos inscriptions à gérer, la bourse à gérer plus d’autres papiers administratifs, et en plus le stress de trouver un logement. Ça rajoute un stress et une pression sur tout ce qu’on a déjà à faire !”,

Sans compter les tracas économiques face aux coûts exorbitants du logement en Île-de-France. “Je n’ai plus de salaire, je ne touche même pas le chômage, mais quand on te dit que tu as une bourse de 300-400 euros et un loyer de 800-900 euros à payer et que la CAF ne te donne que 200 euros d’APL (aide personnalisée au logement, NDLR), c’est un peu tendu…” relève l’étudiant infirmier.

29% d’offres en moins par rapport à 2021

Derniers arrivés sur le marché de la location, avec moyens limités, les étudiants sont les plus exposés à la raréfaction des logements à louer. Selon le portail d’annonces immobilières Bien’ici, mi-2023, il y avait 29% d’offres en moins qu’en 2021.

En Île-de-France, la tension locative, soit le nombre de contacts moyens pour une annonce, a grimpé de 71% en un an, selon le portail, tandis qu’elle a baissé ou stagné dans la plupart des autres régions. “On dit tous les ans que c’est la plaie de trouver un logement à Paris, mais cette année ça va être pire”, prévient Corinne Jolly, présidente de Particulier à particulier.

En cause : un marché immobilier bloqué par la flambée des taux de crédit

En juin, mois où le plus de logements se libèrent, PAP a enregistré une offre en baisse de 17% sur un, pour une demande qui a augmenté de 15%. En cause, le blocage du marché immobilier. La flambée des taux de crédit empêche, en effet, des ménages de devenir propriétaires. Résultat : ils restent locataires et ne libèrent pas leur logement. “C’est la carrière de locataire qui se rallonge. Ça fait aussi, assez mécaniquement, augmenter le nombre de locataires”, explique Corinne Jolly. “Pour ceux qui arrivent sur le marché, c’est vraiment compliqué. Typiquement les étudiants”.

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