Education | | 13/03/2023
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Au collège de Saint-Ouen, les élèves gravement malades restent en classe grâce au robot TED-I

Au collège de Saint-Ouen, les élèves gravement malades restent en classe grâce au robot TED-I © CH

Dans la 5ème Segpa (sections d’enseignement général et professionnel adapté) du collège Jean-Jaurès à Saint-Ouen, Nafissatou est une élève un peu à part. Depuis deux mois, elle est présente en salle de classe, mais à distance, grâce à un robot…

Cet appareil, le TED-I, permet à des élèves atteints de maladies graves de continuer à suivre des cours depuis leur chambre d’hôpital ou leur domicile. Nafissatou peut le télécommander pour se mouvoir dans la salle, participer aux ateliers de groupe, se rapprocher du tableau, poser des question…

Ce jeudi, le collège Jean Jaurès à Saint-Ouen a reçu son 4ème TED-I (acronyme de Travailler ensemble à distance et en interaction). “Aujourd’hui c’est le 150ème que nous allons confier à un établissement“, se félicite le recteur, Daniel Auverlot, alors que l’Académie de Créteil est pilote pour expérimenter ce dispositif. Vingt autres robots le seront dans les prochains mois. La seconde académie en pointe dans ce domaine, celle de Lyon, en est à son 28ème.

Lancé en décembre 2021, le programme TED-I vise à équiper gratuitement du dispositif les enfants hospitalisés ou maintenus à domicile plus d’un mois du fait d’une maladie grave comme le cancer.

© CH
Daniel Auverlot en discussion avec Nafissatou, élève de 5ème utilisant un robot TED-I

C’est très important pour garder le lien social

Timide, Nafissatou n’est pas très loquace sur son expérience avec le robot qui se déplace difficilement entre les rangées encombrées de sac-à-dos et de pieds de chaise. “Elle est hypercontente de se connecter, de retrouver ses copains. Eux aussi l’accueillent toujours, lui laissent le passage. Et pourtant, elle n’a été présente au collège que quelques mois en 6ème. C’est très important pour garder le lien social“, insiste son enseignante, Leslie Galizzi. “Mais au quotidien c’est assez compliqué“, reconnait-elle.

Avant l’arrivée du robot, Nafissatou était déscolarisée depuis un an en raison des soins qu’elle doit suivre en oncologie, ce qui a entrainé des retards d’apprentissage importants par rapport aux autres élèves. En plus de sa maladie, elle est malentendante, “ce qui rajoute une difficulté parce que je ne peux pas tout le temps me mettre face à elle pour parler“, précise Leslie Galizzi qui lui fait parvenir des fiches de cours et d’exercices à l’avance pour qu’elle puisse se préparer.

Dans la classe de 15 élèves de la 5ème Segpa, l’enseignante doit également adapter l’arrivée du TED-I avec les difficultés scolaires et d’autonomie d’autres élèves, dont certains souffrent de handicap. “A certains moments, j’avais l’impression de l’exclure un peu, parce qu’elle posait des questions sans que je puisse répondre“, remarque-t-elle. Dans ce contexte, explique-t-elle, “on expérimente une présence sur des temps réduits de travaux collectifs comme des lectures, pour que je puisse adapter ma pédagogie et lui apporter quelque chose.

Il y a peut-être 150 TED-I, mais il y a 150 élèves différents

L’adaptation du TED-I dépend pour beaucoup de la situation de l’élève. “Il y a peut-être 150 TED-I, mais il y a 150 élèves différents et des tas d’enseignants qui recherchent la façon d’être le plus efficace possible par l’intermédiaire de ce canal. On est dans une situation de recherche et d’expérience“, résume Daniel Auverlot.

Pour une autre élève du collège Jean-Jaurès, atteinte de myopathie, “le dispositif fonctionne très bien“, souligne Leslie Galizzi. “Parce qu’elle est en 3ᵉ, donc plus grande, mais aussi parce qu’elle vient au collège régulièrement le matin. Son emploi du temps est fixe. Elle ne vient pas pour le lien social parce qu’elle l’a, mais seulement pour le travail.”

Si l’ajustement de la pédagogie se règle au cas par cas, l’académie de Créteil travaille également à l’élargissement de l’utilisation du robot à d’autres activités du temps scolaire en fonction de la situation. Une demande faite notamment par l’enseignante d’Ambre pour les cours de musique ou de sport, première élève de grande section à avoir testé un robot TED-I à l’école Jules Ferry d’Ormesson-sur-Marne (Val-de-Marne) où avait été lancé le programme en décembre 2021.

A l’origine, ces robots de téléprésence pilotés à distance étaient conçus pour un public atteint de troubles autistiques, précise Olivier Leclere, délégué académique au numérique, chargé de leur déploiement. Deux modèles sont en service dans l’académie de Créteil : les Beam, fabriqués par Awabot près de Lyon, et d’une hauteur de 1,34 mètre, adaptée aux collégiens et aux lycéens ; et les Buddy, conçus par Teamnet pour le premier degré (56 cm de haut). Au plan national, l’objectif est de déployer 4 000 systèmes de télé-présence robotisés.

Si son état de santé le lui permet, Nafissatou rejoindra ses camarades de 5ème Segpa et de 5ème 4 qui préparent ensemble un voyage en Grèce en octobre prochain, mêlant apprentissage de la culture latine et hellénistique et Jeux Olympiques, le collège Jean-Jaurès devant bientôt être labellisé Génération 2024. Pour ce voyage, l’établissement a d’ailleurs obtenu une aide Erasmus + pour accompagner les élèves en situation de handicap.

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