Ruisseau, ombre, verdure… Aux Lilas, la cour de l’école Madeleine-Riffaud a été réaménagée en “oasis” de fraîcheur, pour permettre aux élèves et aux professeurs de mieux supporter la chaleur et de s’adapter au réchauffement climatique.
Depuis cette transformation réalisée pendant les vacances d’été, “on sent la différence“, atteste Esther Duteil, enseignante depuis 13 ans à l’école maternelle Madeleine-Riffaud, cernée par les immeubles et la densité urbaine.
Une “rivière” reliée à un récupérateur d’eau
Elle raconte avoir dû parfois, lors de précédents épisodes de chaleur, “arroser le bitume, tellement il était chaud“, pour rendre la cour supportable. “C’était étouffant“. En plein soleil et dans un bâtiment en tôle noire, “ma classe est un four“, poursuit l’enseignante qui “rallonge les pauses” pour que les élèves profitent de l’extérieur désormais plus respirable.
En cette chaude semaine de rentrée, 34 degrés vendredi à la pause méridienne, les 93 élèves profitent ainsi volontiers du nouvel aménagement qui fait la part belle à la végétation plutôt qu’au goudron. Au fond de la cour, une petite “rivière“, reliée à un récupérateur d’eau pluviale, a été créée, qui servira pour des activités pédagogiques.
Matériaux légers et infiltration d’eau
Pour l’instant, on y barbote surtout. “Je suis trop contente, ça rafraîchit“, sourit Andréa, 4 ans, les mains dans l’eau, tandis que son camarade Joachim y saute à pieds joints. Dans la classe, “ça brûle“, et il n’a pas envie d’y retourner, explique le bambin.
Avant les travaux, la cour était “toute noire“, se souvient la petite fille. Désormais, l’enrobé qui recouvrait le sol a été entièrement remplacé par de l’herbe et des pavés en grès clair. Des matériaux qui gardent moins la chaleur que le bitume sombre et sont aussi plus perméables, permettant à l’eau de s’infiltrer dans les sols lorsqu’il pleut.
“École plus vivable“
La cour de l’école avait déjà “la chance” de compter cinq platanes centenaires : leur potentiel de fraîcheur a été pleinement exploité, avec des assises “en polymère recyclé” installées tout autour, détaille le directeur des espaces publics de la ville Gilles Jacquemoire, qui a piloté ce projet de “cour oasis“.
Pour le maire des Lilas Lionel Benharous, ce type de chantier est “l’une des manières d’agir” pour rendre l’école “plus vivable” lors des “épisodes de fortes chaleurs qui se multiplient” dans le contexte du réchauffement climatique.
“Refaire une cour d’école par an“
Pour l’instant, cette école est la seule, parmi les neuf de la commune, à disposer d’une tel aménagement, mais l’élu ambitionne de “refaire une cour d’école par an” pour qu’elles soient “progressivement toutes végétalisées“.
La mairie de Paris, en pointe sur le sujet, indique avoir déjà transformé environ 130 cours en “oasis” et projeter “à terme” de “transformer l’ensemble des cours d’écoles et de collèges” de la capitale. D’autres villes se sont lancées dans des initiatives similaires, comme Metz qui a pour objectif d’avoir végétalisé l’ensemble de ses cours d’écoles d’ici à 2026
Au niveau national, il reste toutefois difficile pour l’heure de dénombrer précisément ces “cours oasis” qui relèvent de la compétence de chaque commune et que le ministère de l’Éducation nationale n’a pas encore recensées.
Rénover 49 000 écoles de France
L’aménagement des cours est l’une des facettes du chantier plus vaste lancé pour adapter les écoles au changement climatique.
Un grand plan de rénovation des 49 000 écoles de France, soit 50 millions de m², a été lancé le 9 mai par le gouvernement, alors que seuls 10% à 15% du parc a fait l’objet d’une rénovation thermique.
Le président Emmanuel Macron a promis cette semaine de débloquer 500 millions d’euros en 2024, afin de rénover d’ici à dix ans les plus de 40 000 établissements qui doivent encore être transformés.
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