Bagnolet : le maire retire les délégations de son adjointe à la voirie

“Considérant que dans l’intérêt de la bonne marche de l’administration communale, il y a lieu d’abroger la délégation consentie à Madame Édith Félix…” C’est par cette formulation, toute laconique, que l’arrêté pris le 26 septembre par Tony di Martino sanctionne Edith Felix, adjointe au maire en charge notamment des transports, de la voirie et de l’eau dans la ville, élue du groupe Ecolos solidaires, membre de la majorité municipale.

“Je m’interroge sur les motivations de M. Di Martino, je n’entrave pas la bonne marche de l’administration communale et ça, les citoyens le savent parce que je suis très engagée dans mes délégations. Je trouve que c’est injuste“, réagit Édith Félix.

Règlement de compte après les sénatoriales ?

Son groupe politique, qui a publiquement pris parti pour la liste d’Ahmed Laouedj lors des élections sénatoriales, met en avant la concomitance de la décision du maire avec les élections sénatoriales. “C’est effectivement troublant“, souffle l’élue sans vouloir extrapoler sur cette hypothèse.

De son côté, l’entourage de Tony Di Martino fait savoir que “toute tentative de relier cette suspension de délégation à une quelconque prise de position politique est totalement déplacée.” Il précise également que “la suspension de délégation est valable pour le mois d’octobre 2023.”

Ou différend sur le stade de rugby ?

La brouille résulterait donc d’une toute autre cause. En l’occurrence, d’un incident survenu le 7 septembre lors d’une mobilisation des enseignants et des parents d’élèves du collège Travail-Langevin, et plus précisément d’un échange avec une mère.

“Effectivement, nous avons échangé nos différences de points de vue, notamment sur l’implantation du collège qui doit être reconstruit sur le plus grand espace vert de la ville et nous n’y étions pas favorables lors du débat citoyen.” Le projet, qui doit voir le jour sur le parc des sports de la Briqueterie, prévoit aussi la reconstruction du stade de rugby actuellement en herbe. Le groupe Ecolos solidaires avait alerté lors d’une consultation citoyenne en 2021 contre la perspective d’une pelouse synthétique.

“M. Di Martino m’a alors confirmé, par pure provocation, qu’il allait faire un terrain en hybride“, relate Édith Félix, tout en minimisant la portée de cette discussion. “C’était un sujet totalement mineur qui n’avait rien à voir avec l’objet de la mobilisation“, pointe-t-elle, regrettant un dialogue parfois difficile des habitants avec leur maire.

Bisbille en place publique

Dans un courriel adressé le jour même de l’incident à son adjointe, l’édile l’interpelle sur son “attitude agressive“. Il pointe des allégations portées contre lui sur son attitude avec les femmes. Des propos qu’il estime “inacceptables et diffamatoires“. Il lui reproche d’avoir été pris à parti publiquement. Une attitude qu’il qualifie “d’intolérable” alors qu’elle est membre de la majorité municipale. Dans ce même mail Tony Di Martino la convoque pour un entretien le 14 septembre au matin, proposition que son adjointe a refusé, fait-il savoir.

Dans une autre missive datée du 26 septembre, Tony Di Martino lui signifie lui “retirer pour le mois d’octobre” sa délégation.

L’élue regrette par ailleurs ne pas avoir été conviée à l’inauguration ce samedi de la rue Raoul Berton qui vient d’être piétonnisée. “C’est un projet pour lequel j’ai donné beaucoup de ma personne et qui est très innovant parce que son réaménagement permettra d’atténuer le rejet d’eaux pluviales dans le réseau d’assainissement“, pointe l’élue. Des eaux qui se déversent rue Sadi Carnot et provoquent des inondations faisant déborder les égouts. “Le travail n’est encore qu’à moitié achevé dans cette rue. Les noues seront plantées à l’automne“, ajoute l’élue qui souhaite donner un nouveau rendez-vous “à tous ceux qui s’intéressent à la gestion de l’eau dans la ville” car“Il est très important d’associer les citoyens pour que ces noues ne deviennent, par exemple, pas des zones de déchets.“