Lancée par la ville de Bagnolet le 2 novembre, la pétition pour l’ouverture d’un commissariat de police nationale, réunit à ce jour 460 signatures. Face à l’insécurité et aux incivilités, la commune qui dépend du commissariat des Lilas, souhaite également déployer une police municipale et réfléchit à proposer un référendum sur le sujet.
“Notre ville de près de 40 000 habitants est toujours traversée par des problématiques d’ordre public dont la résolution est pleinement du ressort de l’Etat“, explique la pétition adressée depuis une quinzaine de jours par la ville de Bagnolet au préfet de police de Paris, Laurent Nunez. “Déjà en 2018“, souligne-t-elle, “nous étions plus de 2 000 Bagnoletais à demander à l’Etat de prendre ses responsabilités et de doter Bagnolet d’un commissariat de plein exercice, d’un commissariat ouvert 24h sur 24h et 7j sur 7j dimensionné pour répondre aux enjeux de notre territoire.”
Commune de plus de 39 000 habitants, Bagnolet est, en effet, rattachée au commissariat des Lilas qui couvre aussi Romainville et le Pré-Saint-Gervais. Soit un bassin de 110 000 habitants pour quelque 150 effectifs.
Antenne de police fermée
“On constate que les effectifs de police diminuent. Plus le temps passe, moins il y a de possibilités de répondre aux habitants des quatre villes“, pointe Emilie Trigo, adjointe au maire (PS) en charge notamment de la tranquillité publique. Même constat pour l’accueil du public à l’antenne du commissariat des Lilas située rue Malmaison à Bagnolet. “Au fur et mesure des années, il est devenu impossible de déposer une plainte. Autre exemple, pour les dernières élections, nous avons été obligés d’orienter les habitants aux Lilas pour faire les procurations de vote“, constate-t-elle.
Cette situation s’est aggravée avec la fermeture de l’antenne de police depuis les émeutes de juillet durant lesquelles elle avait été prise pour cible et incendiée. “Si on n’obtenait pas l’ouverture d’un commissariat, il faudrait a minima que les effectifs soient renforcés pour permettre d’accueillir le public. Un habitant qui veut porter plainte aux Lilas doit faire la queue pendant six heures.”
Un premier agent de police municipal
“Or, nous avons une demande récurrente de la population en faveur d’une présence policière pour le quotidien“, ajoute l’élue. “Il ne s’agit de problématiques de grande délinquance, mais de nuisances qui sont pénibles au quotidien telles que des scooters qui roule trop vite, la circulation en sens interdit, le stationnement abusif, les feux d’artifices…”, assure-t-elle.
Pour répondre à une partie de ces attentes, la mairie a d’ailleurs décidé de créer un service de police municipale. Mais la délibération présentée en conseil municipal début juillet avait été rejetée par des élus de la majorité et de l’opposition. “Mettre plus d’hommes à la place de l’État, c’est prendre le risque de son désengagement“, avait considéré Edouard Denouel, adjoint en charge de l’environnement et de l’éducation, estimant aussi que “la police municipale ne prouve pas son efficacité” tout en étant un outil coûteux.
Malgré ce revers, la ville a déployé depuis mi-septembre un agent de police municipale. Cet ancien agent de surveillance de la voie publique (ASVP), qui a passé le concours de policier municipal, a été assermenté par le préfet de Seine-Saint-Denis. Si une ville n’a pas besoin de voter une délibération pour la création d’un service de police municipale, elle doit en revanche voter la création des postes d’agent.
Un référendum sur la police municipale ?
En l’état actuel du tableau des effectifs de la municipalité, la ville peut créer jusqu’à trois postes de policier municipaux. Mais le maire de Bagnolet, Tony di Martino, a évoqué l’éventualité d’organiser un référendum local sur la création d’un service à part entière.
“Je comprends très bien que certains élus, y compris de la majorité, considèrent que les missions de police relèvent de la responsabilité l’État et que c’est à lui de faire en sorte de répondre aux besoins des citoyens. Je le partage entièrement. Mais, on est bien forcé de constater que la police de proximité a disparu depuis Sarkozy et que les effectifs de police nationale diminuent. Nous sommes les derniers habitants de Seine-Saint-Denis à ne pas avoir de police municipale. Nous devons être pragmatiques et prendre nos responsabilités puisque l’État ne le fait pas. Aujourd’hui, je ne peux pas attendre que notre pétition ait suffisamment de signataires pour qu’on ouvre un commissariat“, explique Emilie Trigo.
Comme exemple concret, elle cite le problème du stationnement gênant. “Ça peut paraître anodin, mais on compte environ 500 voitures ventouses à Bagnolet. Sans police municipale, la ville n’avait pas de compétence pour la mise en fourrière et restait dépendante de la police nationale qui n’a pas le temps de s’en occuper. On tournait en rond, sans résoudre le problème. C’est maintenant la première mission de notre policier municipal”, observe-t-elle.
Pour autant, affirme l’élue, la répression n’est pas la seule réponse que la ville veut apporter en matière d’insécurité. Dans les cartons également : un service de médiation qui travaillera sur les incivilités, en lien avec les centres de quartier, sociaux et culturels. Ce nouveau service complétera la police de l’environnement qui peut verbaliser tous les faits de dépôts sauvages.
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