Pour faire des Jeux Olympiques de Paris 2024 un événement populaire, l’Etat s’est engagé à distribuer gratuitement 400 000 billets, en priorisant les jeunes de moins de 16 ans et bénévoles du sport. Mais à huit mois des épreuves, Christian Demuynck, le maire (LR) de Neuilly-Plaisance, déplore le “flou” sur la répartition territoriale de cette réserve.
“À moins d’un an des Jeux Olympiques qui seront accueillis en très grande partie sur le territoire séquano-dionysien, la ministre m’explique très aimablement qu’elle ne dispose pas des chiffres précis sur la répartition territoriale des billets de “réserve” de l’État pour les plus précaires !“, souffle Christian Demuynck.
Le maire de Neuilly-Plaisance a envoyé, le 14 septembre dernier, une demande de billets gracieux à Amélie Oudéa-Castera, la ministre des Sports et des Jeux Olympiques, à Valérie Pécresse, la présidente (LR) de la région Île-de-France, ainsi qu’à Stéphane Troussel, le président (PS) du conseil départemental de Seine-Saint-Denis.
“Les ménages les plus modestes n’ont rien“
“Nous avons lancé le 19 mai dernier le programme “Tous aux jeux”, une billetterie populaire de l’État pour les jeux de Paris 2024. Avec plus de 400 000 places offertes, ce dispositif inédit confirme l’engagement fort du gouvernement d’ouvrir les JOP à tous les publics (…)”, indique la ministre dans un courrier de réponse, précisant que “les chiffres précis sur la répartition territoriale des billets de l’État” et les modalités de distribution ne seront connues que début 2024.
“Dans la liste des bénéficiaires de cette réserve de billet, on s’aperçoit que les ménages les plus modestes n’auront rien“, pointe Christian Demuynck. Près de 240 000 billets sont prévus pour la jeunesse, dont 193 000 pour les scolaires du CM1 à la terminale, et 10 100 pour les enfants et jeunes majeurs de l’aide sociale à l’enfance . 100 100 billets seront également distribués aux bénévoles du mouvement sportif , 17 400 aux personnes en situation de handicap et 24 920 pour les agents publics de catégorie B et C.
“Ce sont les Jeux des équipements mais pas des habitants”
“Ça veut dire une fois de plus qu’on va se reposer sur les collectivités et sur les villes. La Métropole du Grand Paris nous a déjà contacté pour savoir ce que nous souhaitions. Le département a fait un effort puisqu’il a mis un budget de 1 million d’euros pour les places qu’il va notamment offrir aux associations. Mais l’État ne fait rien. Quand l’État dit : ce sont les jeux de tous les Français, ça reste un grand slogan !” fustige l’édile.
S’il perçoit les Jeux Olympiques comme “une chance” pour la Seine-Saint-Denis et la France, Christian Demuynck fait aussi remarquer qu’ils ne se tiendront pas sans désagréments. “Ce sont les jeux des équipements, c’est vrai, mais ce ne sont pas les jeux des habitants, ni des commerçants. On oublie ceux qui payent des impôts pour les organiser. Il n’y a aucune prise en considération“, estime-t-il, citant le cas des bouquinistes que l’on déplace des berges de la Seine à Paris, celui des étudiants en Seine-Saint-Denis dont les logements doivent être réquisitionnés ou encore des automobilistes qui vont devoir composer avec des voies de circulation restreintes.
Des places de 24 à 100 euros, 520 pour une finale
Pour Neuilly-Plaisance, commune de près de 21 000 habitants, il faudrait quelque 500 places pour inviter des ménages défavorisés, mais aussi des bénévoles d’association et des “sportifs méritants“. “Les collectivités ont la possibilité d’acheter des billets à un tarif allant de 24 à 100 euros. Pour une phase finale, par exemple, celle de la boxe, c’est 520 euros. On va le faire, mais nos moyens sont limités. Je rappelle que j’ai perdu 11 millions de dotations en neuf ans sur un budget de 50 millions“, explique Christian Demuynck.
À Neuilly-Plaisance, aucun nouvel équipement n’a été construit dans le cadre des jeux. Il n’y aura pas non plus de passage de la flamme olympique, ni de compétition. “On n’a rien du tout, raison de plus pour qu’on ait quelque chose. Nous n’avons pas de quartier politique de la ville, mais une partie des Nocéens qui vivent avec des revenus modestes, mériteraient aussi d’être associés à cet événement. On pensait que l’État allait faire un effort parce que ces jeux se déroulent quand même en grande partie en Seine-Saint-Denis. Ce n’est pas le cas.”
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