La fermeture définitive à la circulation automobile de la Route du Parc, qui dédouble un des axes qui traverse le bois de Vincennes du côté de Saint-Maurice, suscite la colère des riverains et de leurs élus. Ils dénoncent une absence totale de concertation qui illustre les difficultés de dialogue entre Paris et sa banlieue.
Contexte. Située à proximité du lac Daumesnil et du zoo, l’avenue de Saint-Maurice (D38) traverse le bois du nord au sud pour relier Saint-Mandé et Saint-Maurice. À proximité de Saint-Maurice, cette avenue se dédouble en deux artères, l’avenue de Saint-Maurice et l’avenue du Parc.
Cette avenue, qui fait partie de la ville de Paris comme l’ensemble du bois de Vincennes, est fermée à la circulation automobile les dimanches depuis 2016, et lors des vacances scolaires depuis 2021. Depuis le 1er septembre, elle a été fermée définitivement, au grand dam des villes riveraines, notamment de Saint-Maurice, en première ligne.
“Les premières victimes de cet encombrement sont les transports en commun”
“Cette voie de dégagement permet de fluidifier l’accès à Paris quand on vient de Saint-Maurice, Charenton-le-Pont ou Maisons-Alfort. Sa fermeture a entraîné un encombrement jusqu’à l’avenue de Lattre de Tassigny (qui prolonge l’avenue de Saint-Maurice, dans le centre-ville), déplore Igor Semo, maire LR de Saint-Maurice. Et les premières victimes de cet encombrement sont les transports en commun car nous avons quatre ligne de bus qui empruntent l’avenue de Saint-Maurice. C’est terrible de les voir immobilisés, entourés de voitures qui n’avancent pas. On arrive à une absurdité !” Les élus relèvent également un engorgement de la voirie depuis le pont de Charenton aux heures de pointe, une saturation de l’avenue de Gravelle et un essaimage des voitures dans les rues adjacentes. “J’ai un courrier d’un habitant qui témoigne du fait que des gens excédés passent en contresens pour doubler. Cela provoque donc de l’insécurité routière.”
Pour Paris, une expérience “très concluante”
Dans un courrier adressé au maire de Saint-Maurice en juillet, pour lui proposer la fermeture définitive, les élus parisiens Emmanuel Grégoire et Christophe Najdovski expliquent pour leur part que le trafic a baissé depuis la fermeture de la route pendant les vacances. “Cela s’explique notamment par le fait que cette route était très fréquentée par des automobilistes qui s’en servent en itinéraire de shunt pour rejoindre le boulevard périphérique. De fait, la fermeture de cet itinéraire les oblige à revoir leur trajet qui devient plus long par le Bols, et donc moins attractif”, exposent les élus, pour qui cette expérience est donc “très concluante”.
Divergence d’interprétation
Et les élus de joindre l’étude de comptages réalisée par la ville. Une réalité chiffrée interprétée différemment de l’autre côté du périph. “D’abord, ces études ont été réalisées durant les périodes de vacances scolaires, durant lesquelles le trafic est moindre. Ensuite, les chiffres même de l’étude démontrent l’impact important de cette fermeture”, soutient Igor Semo. L’étude relève ainsi “une forte hausse des volumes de trafic sur l’avenue Saint-Maurice et l’avenue Daumesnil (de +20% à +65%) malgré les vacances scolaires”, en décembre 2021. “Il est aussi observé une hausse très importante du trafic journalier avenue Daumesnil, entre la route de la Ceinture du lac Daumesnil et l’avenue de Saint-Maurice, de l’ordre de 75% dans le sens Est-Ouest et de 105% dans le sens Ouest-Est”, évalue l’étude, en mars 2022.
Voir l’étude complète
Demande de concertation
“Nous ne tirons pas les mêmes conclusions de l’étude. ous sommes favorables à la renaturation du bois et aux circulations douces, et avons nous-mêmes lancé un plan vélo, mais pas au détriment des bus”, poursuit le maire de Saint-Maurice, qui dénonce également une absence de concertation. “Nous avons pourtant joué le jeu en acceptant les fermetures les week-ends et lors des vacances scolaires, auxquelles nous étions favorables, tout en expliquant pourquoi nous étions opposés à une fermeture définitive.” Début mars, les maires des villes de Saint-Maurice, Charenton-le-Pont, Joinville-le-Pont et Maisons-Alfort, ainsi que le député Michel Herbillon, le sénateur Christian Cambon et le président du conseil départemental, Olivier Capitanio, ont écrit à la maire de Paris pour réclamer une concertation, rappelant les nombreux sujets d’agacement entre Paris et sa banlieue concernant la gestion du bois de Vincennes, propriété de la ville de Paris mais entouré de villes du Val-de-Marne. “Mais nous n’avons reçu aucune réponse.”
Le dernier épisode, surtout, a agacé. “J’ai reçu une lettre du 24 juillet de la maire de Paris, pour m’informer de la fermeture définitive. J’ai réaffirmé mon opposition en lui répondant le 31 juillet. Le 22 août, elle m’a répondu en m’invitant à me rapprocher de messieurs Grégoire et Najdovski pour que nos préoccupations soient prises en compte, mais, dès le 31 août, la ville de Paris a pris un arrêté de fermeture définitive et, début septembre, des monceaux de terre étaient déjà déversés sur l’asphalte. Finalement, nous avons obtenu un rendez-vous le 18 octobre, avec ces deux élus, mais il a été annulé la veille au soir et des travaux d’aménagement ont commencé il y a quelques jours (photo de une)”, résume le maire de Saint-Maurice dont la ville a adopté un vœu à l’unanimité pour rouvrir la route hors week-end, en attendant qu’une concertation soit entamée.
La ville de Paris a été sollicitée et sa réponse viendra compléter cet article si elle donne suite.
Actualisation de l’article le 27 octobre, suite à la réaction de la ville
Sollicitée jeudi 19 octobre, la ville de Paris a réagi ce vendredi 27 octobre en apportant la réponse suivante :
“Ces aménagements s’inscrivent dans la continuité des politiques de renaturation et de piétonisation portées par la Ville de Paris. La priorité est de reconquérir des espaces dévolus à la voiture dans le bois de Vincennes pour en faire de nouvelles promenades végétalisées et apaisées, dont profitent les habitants et habitantes des communes riveraines ainsi que les Parisiennes et Parisiens.
Les communes riveraines dont celles du 94 sont informées depuis le 15 juin 2021 de cette volonté de piétonniser la route du parc et d’en faire une promenade. Date à laquelle la mise en place d’un Paris respire estival (dispositif de piétonisation temporaire) a été annoncé pour faire évoluer progressivement les comportements routiers. La route du parc n’est pas un raccourci pour rejoindre le périphérique.
Les communes ont reçu 4 courriers durant 2 ans et ont été conviées à un atelier sur la mobilité dans le bois de Vincennes le 30 novembre 2021.
Dans un souci de progressivité la route du parc a été piétonnisée à chaque vacance scolaire, puis définitivement 2 ans plus tard.
En juillet 2023 la fermeture définitive est annoncée pour la rentrée 2023 et le projet de renaturation de cette voie annoncé. Les travaux ont commencé le 18 octobre, pour avoir ainsi au total 3850m² renaturés + 35 arbres et 300 plants forestiers pour un budget total de 420 000 euros.“
Non contente de semer la pagaille dans Paris intramuros la mairie de Paris vient emmerder les banlieusards. Barrons lui la route .
Je dénonce les mensonges de la mairie de Paris :
1) Mme Hidalgo m’a écrit le 22 août où elle indique que “cette proposition vous est faite…”
En bon français, et pas dans la novlangue de la Ville de Paris, “proposition” ne signifie pas “décision”.
2) l’arrêté de fermeture de la route du Parc est publié dès le 31 août !
3) dans ce même courrier, Mme Hidalgo m’invite à me rapprocher de ses maires-adjoints Grégoire et Najdovski “afin que vos préoccupations soient prises en compte”! On voit le résultat : pas de rendez-vous proposé par ces élus avant le 18 octobre pour des travaux qui auront débuté le 16 octobre (travaux préparatoires en septembre). Rendez-vous reporté le 17 octobre pour le 17 novembre ! Dans la novlangue de Paris, c’est faire de la concertation. En clair, nous serons invités pour l’inauguration !!!
Igor Semo, Maire de Saint-Maurice, et le collectif des 5 maires des communes riveraines, du président du département du Val-de-Marne, du député de la circonscription et du sénateur- maire honoraire de Saint-Maurice en colère
Il serait temps que la ville de Saint Maurice fasse quelque chose pour les circulations douces.
entendez-vous plutôt avec la Mairie de Paris pour refaire la piste cyclable avenue de Gravelle avec un cheminement piéton bien séparé plutôt que de tracer une bande sur la route.
Vous profitez du cadre de vue offert par le bois de Vincennes mais ne voulez pas y contribuer…
Charenton, Paris et le département se bougent pour les circulations douces mais je ne vois pas grand chose de la part de la ville de St Maurice
Bonjour. Commentaire injuste : la Ville de Saint-Maurice a supprimé l’une des trois voies de l’avenue de Lattre de Tassigny pour créer une voie cyclable sécurisée + Plan Vélo en cours de concertation (vous pouvez y contribuer en ligne !).
Et nous réclamons depuis des années, avec les communes riveraines de Paris, un plan d’ensemble pour le Bois de Vincennes, à partir d’une vision partagée….
“la Ville de Saint-Maurice a supprimé l’une des trois voies de l’avenue de Lattre de Tassigny”
… mais cette rue reste un calvaire pour les riverains. Car là aussi cette rue est utilisée comme un raccourci par des automobilistes qui n’ont bien souvent rien à voir avec St Maurice ou Charenton. Les façades des immeubles de cette rue (situés entre le pont et les commerces) peuvent en témoigner, elles noircissent presque à vue d’oeil tellement le trafic est dense.
Habitant Charenton, je suis très souvent effaré du trafic qui se déverse dans ces 2 communes (lattre de tassigny, rue de la république, rue de Paris, gravelle).
Paris semble faire la guerre au trafic routier (et ils ont bien raison, c’est le monde d’hier pour les grandes villes), pas vous apparemment.
Si on ne développe pas largement les transports en commun, comment diminuer la circulation automobile ? De St-Maurice à Ivry en bus, 3/4 d’heure pour un peu plus de 3,5 km, idem de St-Maurice à Montreuil, idem de St-Maurice à Vincennes…
Je pense que, dans les grandes agglomérations, il faudrait vendre des voitures sans roues : ainsi on soutiendrait l’industrie automobile mais sans polluer, ni déranger personne. .
Plus il y a de routes plus il y a de voitures, donc cette fermeture est un bon début pour revégétaliser les axes qui coupent le Bois.
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