Le week-end dernier, le Comité paralympique avait donné rendez-vous à 26 sportifs handicapés, présélectionnés dans le cadre de son programme La Relève, dans le prestigieux institut de formation des grands sportifs, l’Insep, au cœur du bois de Vincennes. Objectif : détecter des pépites hors des radars en vue des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, et surtout de 2026 et 2028. Reportage.
Pour le sport paralympique français, la détection des talents est un enjeu majeur car les meilleurs compétiteurs potentiels ne sont pas forcément déjà inscrits dans des clubs. Certains ne savent même pas dans quel sport ils pourraient atteindre les meilleures performances. C’est tout l’enjeu du programme La relève, mis en place par le Comité paralympique français, que de partir à leur rencontre à l’occasion d’opérations “détection”.
À 500 jours du lancement des Jeux Paralympiques de 2024, une nouvelle édition du programme La Relève se tenait donc le week-end dernier. Au total, 26 candidats avaient été présélectionnés à partir de 94 inscrits en ligne. (Lien pour s’inscrire à une future présélection) Durant deux jours, ils ont pu échanger avec le Comité, des champions paralympiques, effectuer des tests physiques et découvrir des sports adaptés à leur handicap. Si le rendez-vous avait été donné à l’Insep, le centre de formation des grands sportifs, situé dans le bois de Vincennes, les participants venaient de partout.
“Il faut charbonner ! Mais ça peut être une super aventure !”, promet Abel Aber, pratiquant de paracanoë-kayak à de jeunes parasportifs. “Ça fait beaucoup de fauteuils !”, glisse en riant un participant, lui aussi en fauteuil, qui essaie de se faufiler, chasuble rouge floquée à son nom, dans l’entrée de la grande halle de l’institut. Histoire de faire baisser le stress, le directeur des sports du Comité paralympique et sportif français (CPSF), Jean Minier, prévient en ouvrant la journée : “on ne va pas vous demander de battre le record du monde !”
Cap sur 2026 et 2028
Car l’idée, renchérit la patronne du CPSF, Marie-Amélie Le Fur, est surtout de les “guider”. La triple championne paralympique d’athlétisme se réjouit que, pour la première fois cette année, ils puissent tester les sports. Le lien ne s’épuisera pas à la fin du week-end, “on va reprendre contact avec eux” et les “conseiller”, explique-t-elle. Pour les Jeux de Paris, il reste peu de temps, le cap est plutôt mis sur les Jeux d’hiver de 2026 ou d’été de 2028.
Tester de nouveaux sports
Sofiane, 30 ans, venu du Blanc-Mesnil, pratique le parabadminton depuis un an et demi, mais doit faire une heure et quart de trajet avec son fauteuil roulant pour rejoindre l’entraînement, alors il est venu “tester et explorer d’autres sports”. À ses côtés, Clément, 30 ans lui aussi, est encore en rééducation, neuf mois après son “accident” qui le laisse debout mais en marchant difficilement. Adepte de la course à pied, il “ne peut plus courir” et veut s’essayer à plusieurs sports. Comme Corentin, 24 ans, venu de La Rochelle, désireux d’essayer le tennis fauteuil, ou Lucie, 19 ans, qui se voit bien faire du paratriathlon.
Avant de tester de nouveaux sports, tous se soumettent à des tests d’aptitudes : lancer de ballon, test d’équilibre, petite course ou viser un petit carré collé au mur. Pour Vincent Hybois, “head coach” du paratir à l’arc, ce test de précision est l’un de ceux qui l’intéressent le plus. Sa discipline n’a que “deux catégories”, beaucoup moins que l’athlétisme, par exemple. Il y a donc peu d’élus à la fin, même si beaucoup de gens peuvent pratiquer. Il s’agit là de se repérer dans les méandres des “classifications” : les multiples catégories, définies en fonction des handicaps, qui diffèrent selon les parasports.
Question de classification
La classification paralympique doit, en effet, permettre à tous les athlètes qui concourent dans une même catégorie d’avoir la garantie que leurs aptitudes fonctionnelles sont semblables : mouvement, coordination, équilibre. Car les niveaux de handicap diffèrent d’une personne à l’autre. Une spécificité du sport olympique.
“À partir du moment où l’on s’intègre dans le paralympisme, on accepte les classifications. Sinon, c’est comme si on critiquait l’arbitrage dans le foot”, image Oriane Lopez, médecin membre du comité médical du CPSF et ancienne paraathlète.
Parcours du combattant
Avant d’arriver au très haut-niveau, tous les para-champions racontent leur combat pour pratiquer : entre les kilomètres avalés pour trouver un centre où s’entraîner, ou les difficultés logistiques. À l’instar de Sami, double amputé, dont la présence de sa femme est indispensable pour mettre son embarcation à l’eau. “Il faut batailler, ce n’est pas rose”, reconnaît Abel Aber, venu de la boxe et détecté en 2019 lors de la première édition de La Relève, qui monte les échelons de sa discipline, le canoé pirogue.
Au bord de la piscine de l’Insep, Koen Van Landeghem, entraineur de paranatation, dispense de premiers conseils, sous les yeux d’Anne Barrois, directrice générale adjointe de l’Insep, impressionnée elle aussi par les brasses et le crawl de deux jeunes hommes chacun amputé d’une jambe. Dans un gymnase voisin, l’est la Fédération française d’escalade qui se prépare. Si cette pratique n’est pas encore discipline paralympique, la fédération espère bien que cela change pour Los Angeles 2028 et ne ménage pas ses efforts. “On manque d’athlètes !”, lance Hélène Le Rouge, prête à recruter les bonnes volontés, pour briller dans ce sport “à la mode”.
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