La romancière Agatha Christie, la cantatrice Maria Callas, la journaliste Anna Politkovskaïa,la chanteuse et militante anti-apartheid Miriam Makeba… 80 femmes illustres vont incarner des rues et des équipements de Bonneuil-sur-Marne. Un conseil municipal extraordinaire est organisé ce 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.
Sur les 170 rues de Bonneuil-sur-Marne, 99 portent un nom commémoratif, historique ou géographique, 66 rendent hommage à un homme, les personnalités féminines se contentent de 5 rues, soit 3%… Concernant les équipements municipaux, 14 honorent des hommes et 10 des femmes.
Nombre de collectivités s’attaquent ces dernières années aux inégalités entre représentations féminines et masculines de l’espace public. Boissy-Saint-Léger a, par exemple, profité de la création d’une zone d’aménagement concertée comprenant sept rues pour corriger le déséquilibre. En Seine-Saint-Denis, le département a décidé de renommer 108 de ses 400 bâtiments publics de personnalités féminines. En début d’année encore, Pantin, s’est renommée symboliquement Pantine pour 12 mois…
La démarche de Bonneuil-sur-Marne se caractérise par son ampleur car la ville va inverser le rapport de force en introduisant au fur et à mesure près de 80 noms de personnalités féminines illustres dans l’espace public. Objectif : devenir la “ville la plus féminine de France”. À terme, le ratio passera ainsi de 80 noms d’homme et 15 noms de femmes, à 80 noms d’hommes (66 rues et 14 équipements) et 90 noms de femmes (67 rues et 28 équipements).
Cette mutation s’effectuera concrètement sur trois ans, en changeant des noms mais aussi à l’occasion de création de nouvelles rues, notamment dans les zones industrielles et portuaires, et de nouveaux équipements publics.
Le choix des 80 noms supplémentaires est le fruit d’une concertation avec les habitants et les entreprises de la ville et du port de Bonneuil. 75 noms de femmes ont été retenus à l’issue d’une votation citoyenne qui s’est achevée le 17 février 2023, et 5 noms supplémentaires choisis par les entreprises seront ajoutés ensuite. La ville se prépare depuis un an pour organiser cette mutation qui nécessitera un arrêté spécifique par numéro, au sein de chaque rue qui change de nom, et qui affectera aussi les papiers d’identité. Il y a eu beaucoup d’échanges avec la préfecture et un service de veille a été mis en place avec la population, y compris sur la question financière.
Au-delà de l’aspect administratif, la ville a aussi travaillé pour que cette mutation ne soit pas uniquement perçue comme des changements de plaque. “Chaque inauguration de rue sera l’occasion de sensibiliser les habitants à la question de l’égalité entre les sexes”, motive le maire, Denis Öztorun qui souhaite que chacun puisse s’approprier cette nouvelle toponymie.
Pour l’élu communiste, cette mesure vient prolonger un ensemble d’actions et de réflexions menées au long cours. “Nous avons travaillé sur la question de la violence et de la protection, puis sur l’égalité des sexes en œuvrant, par exemple, à la parité dans les instances de direction de la municipalité. Nous avons aussi fait un gros travail sur le quotient familial alors que 80% à 85% de femmes composent les familles monoparentales”, insiste le maire, citant également la place des jeunes filles dans les activités sportives.
Le prochain chantier concernera la place des femmes dans l’espace public, au-delà des noms de rue, avec prochainement une conférence aménagement.
Conseil municipal extraordinaire
Un conseil municipal extraordinaire se tiendra ce 8 mars à 18h30, à la salle Gérard-Philipe, avenue Pablo-Neruda pour voter les 62 nouveaux noms de rues ou places dédiés à des femmes, après une explication de ces choix par les enfants, les jeunes et les retraités. Le conseil votera aussi les 18 nouveaux noms d’équipements municipaux, soit 80 noms au total. Invitée spéciale, Corinne Luxembourg, professeure en géographie et aménagement sur les questions de genre et d’espace public à l’université Sorbonne Paris Nord, interviendra sur la portée de notre démarche.
57 des 62 nouveaux noms de rues ou places
(Les 5 manquants seront déterminés ultérieurement, choisis par les entreprises du port de Bonneuil)
- Lucie Aubrac, résistante
- Mahsa Amini, étudiante iranienne
- Florence Arthaud, navigatrice
- Mariama Bâ, romancière féministe sénégalaise
- Joséphine Baker, artiste et résistante
- Simone de Beauvoir, philosophe
- Andrée Chedid, femme de lettres
- Marie Curie, physicienne et chimiste
- Assia Djebar, femme de lettres
- Cesária Évora, chanteuse cap-verdienne
- Anne Frank, enfant victime de la Shoah
- Dian Fossey, primatologue
- Olympe de Gouges, femme de lettres
- Gisèle Halimi, avocate militante et féministe
- Mary Jackson, mathématicienne et ingénieure en aérospatiale
- Frida Kahlo, artiste peintre
- Simone Louise des Forest, pilote automobile
- Rosa Luxemburg, militante révolutionnaire et féministe allemande
- Maud Mannoni, psychanalyste
- Marie Marvingt, infirmière et initiatrice du service aérien sanitaire
- Wangari Muta Maathai, biologiste prix Nobel de la paix
- Rosa Parks, figure emblématique de la lutte contre la ségrégation
- Dulcie September, militante anti-apartheid
- Germaine Tillion, ethnologue et résistante
- Marie-Claude Vaillant-Couturier, résistante
- Simone Veil, femme politique, qui a notamment fait voter le droit à l’avortement en 1974
- Clara Zetkin, fondatrice de l’Internationale des femmes socialistes à l’origine de la journée du 8 mars
- Geneviève de Gaulle-Anthonioz, résistante déportée
- Olga Bancic, résistante du groupe Manouchian
- Jeanne Baret, navigatrice
- Maria Callas, cantatrice américaine d’origine grecque
- Agatha Christie, romancière britannique
- Colette, femme de lettres
- Simone Iff, militante française des droits des femmes
- Hoda Charaaoui, féministe égyptienne
- Soeur Emmanuelle, enseignante et religieuse
- Ella Fitzgerald, chanteuse de jazz américaine
- Aretha Franklin, chanteuse militante pour les droits civiques
- Marthe Gautier, médecin cardio-pédiatre
- Françoise Giroud, journaliste, écrivaine et femme politique
- Jeanne Goller, conseillère municipale de Bonneuil-sur- Marne
- Louise Grandjean, sage femme et conseillère municipale bonneuilloise
- Marcelle Henry, résistante française
- Françoise Héritier, anthropologue et militante féministe
- Virginie Hériot, navigatrice
- Miriam Makeba, chanteuse et militante antiapartheid
- Les soeurs Mirabal, héroïnes et martyres, symboles de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes
- Lise Meitner, physicienne
- Berthe Morisot, artiste peintre
- Anna Politkovskaïa, journaliste russe, militante des droits de l’Homme
- Yvonne Pouget, bonneuilloise, adjointe au maire
- George Sand, femme de lettres, romancière
- Simone Segouin, résistante française
- Simone Signoret, actrice et écrivaine
- Mercedes Sosa, chanteuse argentine
- Les Treize Roses, groupe de républicaines espagnoles antifascistes
- Marguerite Yourcenar, femme de lettres, romancière.
Les 18 noms de femmes qui seront attribués à des équipements existants ou futurs:
- Barbara, auteure, compositrice, interprète
- Rosa Bonheur, peintre et sculptrice française
- Camille Claudel, sculptrice française
- Charlotte Cooper, joueuse de tennis
- Isadora Duncan, danseuse
- Annie Fratellini, clown multi-instrumentiste, actrice et chanteuse
- Ada Lovelace, pionnière de la science informatique
- Suzanne Luc, bonneuilloise et infirmière de guerre
- Mélinée Manouchian, résistante d’origine arménienne
- Louise Michel, militante et femme politique de la Commune de Paris
- Camille Muffat, championne olympique de natation
- Cheikha Remitti, musicienne et chanteuse de raï algérien
- Nina Simone, pianiste, chanteuse, compositrice et militante
- Gerda Taro, photojournaliste
- Harriet Tubman, militante en faveur de l’abolition de l’esclavage
- Elsa Triolet, écrivaine et résistante
- Agnès Varda, cinéaste, photographe et plasticienne
- Lucienne Velu, athlète et basketteuse bonneuilloise.
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