À l’approche d’un été qui s’annonce une nouvelle fois étouffant, Paris se met en ordre de bataille pour rendre la capitale plus vivable lors des jours de canicule. Au programme : ombrières, brumisateurs et fontaines, qui s’ajoutent à des aménagements de plus long terme. Tour d’horizon.
Cela commence à devenir une habitude pour les Parisiens : L’été sera chaud, très chaud. Comme celui de l’année prochaine, et ceux des années suivantes encore. La température moyenne de la capitale a déjà augmenté de 2,3°C en un siècle, soit plus du double de la hausse de la température à l’échelle mondiale (+1,1°C). Avec ses 21% de surmortalité et ses 22 jours de canicule (jours avec une température de plus de 30°C) , l’été dernier n’aura été qu’un “avant-goût du futur”, selon Dan Lert, adjoint à la maire de Paris en charge de la transition écologique.
Chaud comme à Séville
Dans les prochaines années, les Parisiens pourraient vivre jusqu’à 34 journées de ce type, portant la capitale française au niveau d’une ville comme Séville, dans le sud de l’Espagne. De même, le nombre de nuits tropicales, où la température ne descend pas en dessous des 20°C, devrait tripler d’ici à 2030. Et alors que Paris est déjà la ville européenne où le risque de mourir de chaleur est le plus fort, les prochaines décennies pourraient connaître des pics de chaleur à 50°C. Le tout saupoudré de pluies violentes, d’inondations et de sécheresses, prévient l’élu écologiste.
Ombrières et brumisateurs
D’où l’urgence de passer “d’une ville radiateur à une ville oasis”, motive l’élu. Au programme : l’installation de nouveaux équipements pour élargir les zones ombragées et faciliter l’accès à l’eau. Après une expérience concluante dans le XIIᵉ arrondissement l’été dernier, 24 nouvelles ombrières, dont 11 dans l’espace public, seront installées. Sous ces structures, la température a été mesurée jusqu’à 9°C plus fraîche que dans les zones ensoleillées, affirme l’élu du XIXᵉ arrondissement. Dans la même optique, 40 fontaines brumisantes et 10 brumisateurs pour espaces verts feront leur apparition, portant respectivement le total de ces appareils à 43 et 60.
La lutte contre les fortes chaleurs passe également par des aménagements plus permanents comme le “cool-roofing”, consistant à peindre les toits des bâtiments en blanc, pour empêcher l’accumulation de la chaleur. Déjà testé sur une crèche, une école et un gymnase, le dispositif permet une baisse de température moyenne de 2 à 3°C. Prochainement, c’est la crèche Louis Blanc (Xe arrondissement) qui devrait en bénéficier. À terme, la mairie se fixe pour objectif d’en équiper une quarantaine de bâtiments d’ici à 2025. Une mesure à mettre en perspective avec les 70°C pouvant être atteints sous les emblématiques toits en zinc de la ville.
Verdir la ville
La protection contre les fortes chaleurs passe aussi par la végétalisation, un des mantras d’Anne Hidalgo depuis son accession à l’hôtel de ville en 2014. Le “Plan Local d’Urbanisme (PLU) bioclimatique”, voté au Conseil de Paris ce lundi, confirme cette orientation pour les années à venir. Sur la période 2022-2023, la mairie revendique ainsi la plantation de 25 000 arbres, dont 800 dans les rues – “un effort inconnu depuis Haussmann” selon Christophe Najdovski (EELV), adjoint en charge de la végétalisation et des espaces verts. En plus de leur rôle de capteur de dioxyde de carbone, les arbres peuvent également évacuer jusqu’à 450 litres d’eau par jour lors de fortes chaleurs, équivalent à 5 climatiseurs en fonctionnement pendant 20h. D’ici à 2026, la ville se fixe pour objectif de planter 170 000 arbres.
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Certains de ces arbres seront accueillis dans des nouveaux parcs. Parmi eux, le bois de Charonne, parc de 3,5 hectares entre la porte de Vincennes et la Porte de Montreuil (XXe arrondissement), dont la construction devrait débuter en septembre 2023. Des petites “forêts urbaines” doivent également voir le jour sur le parvis de l’Hôtel de Ville (1ᵉʳ arrondissement), la place du Colonel Fabien (Xᵉ), et la place de Catalogne (XIVᵉ). 80 rues et parcs à jeux végétalisés devraient également voir le jour.
Améliorer l’isolation, aider le parc privé
Pour davantage protéger les habitations et continuer la réduction des dépenses énergétiques, la mairie ambitionne également d’avoir rénové l’isolation de tous ses bâtiments d’ici 2050. L’opération, commencée en 2009, tourne à un rythme de 5000 édifices par an, selon Jacques Baudrier (PCF), adjoint en charge de la construction publique et de la transition écologique du bâti. L’élu du XXe arrondissement se targue également que l’usage de matériaux biosourcés soit devenu la norme dans tous les chantiers dépendant de la ville. “C’est un peu plus cher, mais c’est le choix qu’on fait”, justifie l’adjoint. Au total, ces dépenses représentent 100 millions d’euros par an pour la ville – soit 0,01% de son budget.
Concernant le parc privé, la mairie dispose d’une enveloppe d’un million d’euros, destinés à l’aide à la transition écologique des copropriétés. Depuis 2022, la ville se propose ainsi de prendre en charge 80% des coûts de végétalisation des cours et des toits, dans la limite de 30 000€. À terme, les services municipaux espèrent rénover 40 000 logements par an à partir de 2030.
Exercices d’urgence
Côté hydratation, la capitale a l’avantage de disposer d’un réseau d’alimentation en bon état, avec peu de fuites. Dan Lert exclut donc l’éventualité des pénuries et des restrictions d’eau, alors que ces phénomènes se manifestent actuellement de manière extrêmement précoce dans d’autres régions de France.
Reste que la ville veut être capable de se préparer au pire, en gardant notamment un fichier des personnes vulnérables pour les jours de grande chaleur. Le 13 octobre prochain, un exercice de crise, testant la réponse des services publics lors d’un éventuel pic de chaleur à 50°C, aura lieu dans les XIIIe et XIXe arrondissements.
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