Acteur et metteur en scène palestinien, Ahmed Tobasi, ne jouera pas ce mercredi au théâtre de Choisy-le-Roi. La ville a décidé de reporter son spectacle “en signe d’apaisement au regard des événements en Israël et à Gaza“. Une décision qui divise.
Né dans un camp de réfugiés palestiniens à Jénine, en Cisjordanie, durant la première intifada, Ahmed Tobasi a participé à la lutte armée contre l’armée israélienne. Arrêté à 17 ans, il a passé quatre ans en prison. Depuis, c’est par le théâtre qu’il s’exprime. Après avoir suivi les cours du Freedom Theatre de Jenine, il rejoint le Nordic Black Theatre d’Oslo, où il est réfugié politique, avant de revenir à Jenine comme directeur artistique du Freedom Theatre, après l’assassinat du directeur et militant Juliano Mer-Khamis.
Dans le spectacle, And here I am (Et me voilà), qu’il devait donner ce mercredi, l’artiste palestinien revient sur son parcours, en arabe et en anglais. Le texte, écrit pour lui par l’auteur irakien Hassan Abdulrazzak, y mêle le réel, le tragique, au comique et au fantastique, avec une mise en scène de Zoe Lafferty.
Ce mardi, toutefois, la ville a décidé de suspendre sa programmation, suite à l’attaque terroriste du Hamas ce samedi 7 octobre dans la bande de Gaza.
“Au regard de la situation internationale actuelle et de l’émotion qui étreint toutes les communautés touchées par les événements en Israël et dans la bande de Gaza, en signe d’apaisement et de respect pour toutes les victimes, la ville de Choisy-le-Roi décide du report du spectacle à une date ultérieure“, motive la commune.
“[Il s’agit de]se soucier de la sécurité des spectateurs du théâtre. Cette date devenait exposée. Il ne s’agit en aucun cas d’une annulation, mais bien d’un report“, insiste la directrice du théâtre, Vanessa Mestre, auprès du média Scène web, tout en confirmant que l’artiste avait bien pu rejoindre la Francepour donner son spectacle. Ce dernier est aussi programmé à Bordeaux, Lyon, Marseille, Bastia et encore Amiens.
Interrogations sur les réseaux sociaux
Sur la page Facebook du théâtre, le communiqué a suscité l’indignation. “Décision scandaleuse ! Refuser d’accueillir des artistes car ils sont palestiniens c’est une honte. Indigne du théâtre de Choisy-le-Roi”, dénonce Léo. “Incompréhensible, la culture est un outil de dialogue, de paix”, regrette Laurent Ziegelmeyer, ancien élu. “La culture n’est donc plus une arme de paix ?”, s’interroge encore Patrick Hervy, également ancien élu communiste.
L’artiste, lui, a simplement republié dans sa story Instagram la réaction de la comédienne Khadija Rafhi, pour qui il s’agit d’une “décision stupide et violente.”
“Ce spectacle exprime le vécu douloureux d’un homme qui a grandi dans un camp de réfugié. Personne ne songe à le nier. Il doit pouvoir s’exprimer. Mais, aujourd’hui, l’heure est au recueillement, à l’apaisement”, explique-t-on au cabinet du maire, Tonino Panetta. “Mais nous respectons son travail et souhaitons garder contact. Nous sommes tout à fait ouverts à une reprogrammation.”
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