La ville de Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne) a indiqué mardi qu’elle ne reprendrait aucune concession funéraire de l’important cimetière russe qu’elle abrite, après des accusations de Moscou qui prétend que les sépultures orthodoxes seraient délaissées dans le contexte du conflit en Ukraine.
La ville “continuera à agir pour préserver ce patrimoine international important en réaffirmant avec force qu’aucune tombe russe ne sera relevée”, a-t-elle indiqué dans un communiqué transmis à l’AFP.
Le relevage est la reprise d’une concession funéraire par la commune, qui peut entraîner le transfert des restes dans l’ossuaire communal.
A Sainte-Geneviève-des-Bois, une ville de 35.000 habitants située à une vingtaine de kilomètres au sud de Paris, se trouve le cimetière Liers, dit “cimetière russe”, le plus grand en dehors du territoire russe. Il accueille plus de 5.200 sépultures orthodoxes, dont l’entretien est financé à 70% par Moscou.
“Un grand nombre de sépultures” sont “dégradées ou à l’état d’abandon” dans ce cimetière, a admis la municipalité.
“En 2018, des contacts ont été pris à l’initiative de la Maison Russe des Sciences et de la Culture afin de pouvoir mettre en œuvre leur réhabilitation”, ajoute la mairie, précisant qu'”avec la crise de la Covid-19 et le conflit en Ukraine, la procédure n’a malheureusement pas pu être poursuivie”. “Même s’ils ont été mis en sommeil, à aucun moment, la pérennité de ces projets n’a été remise en cause”, rassure la mairie.
Le paiement du renouvellement des concessions pour l’année 2022 a été “ajourné temporairement”, précise la municipalité, qui ajoute qu’elle assurera bien “l’entretien et la réhabilitation des espaces publics du cimetière communal”.
Dans un communiqué publié lundi, après la parution d’un article du Monde sur “l’avenir incertain” du cimetière, l’ambassade russe en France a jugé “absolument inacceptable que des jeux politiques dans le contexte de la crise ukrainienne prennent une forme aussi hideuse”.
“La situation internationale est telle que cela a des conséquences sur le financement de l’entretien de ces concessions (…) mais il n’y a pas péril pour le cimetière à court terme”, estime pour sa part Nicolas Lopoukhine, président du Comité d’entretien des sépultures orthodoxes russe (Cesor) du cimetière, qui finance à 30% l’entretien de ces tombes.
Le cimetière, très prisé des touristes russes visitant la France, accueille les sépultures de grandes figures artistiques du XXe siècle, comme le Prix Nobel de littérature Ivan Bounine, le cinéaste Andreï Tarkovski ou encore le danseur et chorégraphe Rudolf Noureev.
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