Comment Choisy-le-Roi travaille à la prévention des rixes

Le 16 janvier dernier, Tidiane, 16 ans, est mort, mortellement agressé devant le lycée Guillaume Apollinaire de Thiais par un groupe de jeunes encagoulés venus de Choisy-le-Roi. “L’information judiciaire suit son cours. Il y a quatre mis en examen dans ce dossier, dont trois sont en détention provisoire“, rappelle le parquet de Créteil.

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Un drame qui fait malheureusement partie d’une série noire dans un secteur où des bandes rivales de Thiais, Choisy, Orly s’affrontent régulièrement. Il y a quelques années, c’était Sabri, 19 ans, qui avait été mortellement poignardé.

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À Choisy-le-Roi, d’où viennent les auteurs présumés du meutre de Tidiane, la ville déployait pourtant depuis déjà trois mois une stratégie de lutte contre les rixes. “Ça nous a fait très mal parce que l’on avait entamé ce travail, mais je crois aussi que cela a servi d’électrochoc à certains adolescents de notre ville“, témoigne Yani Habhab, coordinateur à l’espace jeunesse de la ville de Choisy-le-Roi.

Un acte fondateur puis des semaines de travail

Ce travail de fond a commencé en novembre 2022, quand une soixantaine de jeunes ont rencontré Adama Camara au théâtre municipal. Ce militant anti-rixe de 35 ans, originaire de Garges-lès-Gonesse, a perdu son petit frère, Sada, tué à coups de couteau en 2011. Il a passé quatre ans en prison après avoir tenté de se faire justice lui-même avec une arme à feu, avant de prendre le problème autrement. Le public est captivé par son récit et la projection de la série documentaire Rixes, réalisée par les médias Streetpress et France TV, dont il est le narrateur.

“Nous souhaitions aller plus loin et mener un projet à plus long terme. Nous avons donc identifié un groupe de jeunes des Gondoles-Nord prêts à s’investir. C’était intéressant parce que certains ont pu être impliqués il y a deux ou trois ans dans des embrouilles de quartier. Et puis nous avons repris contact avec Adama Camara” relate Julien Carayon, le responsable municipal du conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD).

Sensibiliser sur les conséquences

Pour Adama Camara, il faut se projeter dans les conséquences concrètes pour sensibiliser. “Si l’on veut raisonner les jeunes, il faut leur parler des familles détruites par la mort d’un gamin, des victimes handicapées à vie, des auteurs qui vont en prison, des dommages collatéraux“, insiste celui est désormais responsable associatif et rappeur.

Un spot de prévention, réalisé par les jeunes des Gondoles

Alors que la série documentaire Rixes a frappé les esprits lors de sa projection, les adolescents qui participent au projet choisissent de réaliser un spot de prévention. Après un atelier d’écriture animé par Adama Camara, les jeunes ont enregistré des voix off, tourné et monté un clip à l’aide d’un réalisateur. Il sera dévoilé ce vendredi 27 octobre à l’occasion d’une soirée de restitution sur ce travail de prévention. Le spot sera ensuite diffusé sur les réseaux sociaux et montré dans les collèges et lycées de la ville.

RDV à la salle Le Royal vendredi 27 à 19h
La soirée de restitution [Re] Construire se tient ce vendredi 27 octobre à 19 heures
Salle municipale Le Royal 13 avenue Anatole France à Choisy-le-Roi

Détecter les tensions pour les désamorcer à temps

En parallèle de ce travail de prévention, participatif, les différents acteurs de la jeunesse et de la sécurité locale travaillent ensemble pour détecter les tensions. Le CLSPD, les médiateurs, le club de prévention local (ALCEJ), le service jeunesse et la police municipale communiquent ainsi via un groupe whatsapp pour signaler et traiter chaque alerte en temps réel. “Nous essayons de repérer les conflits naissants. Ils peuvent se manifester par des regroupements de personnes sur la voie publique, des petites histoires, des insultes sur les réseaux sociaux. Nous pouvons ainsi intervenir rapidement pour faire redescendre les tensions“, développe Julien Carayon.

Au-delà, le travail de cohésion passe par des tournois sportifs inter-quartiers, des rencontres avec des policiers de l’association Prox Raid ou encore des animations sur les temps de vacances.

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Si les professionnels constatent le phénomène chez les 13-16 ans, ils observent une nette décroissance chez les plus âgés. “Ils deviennent moins perméables aux discours et aux appels à se battre parce qu’ils ont d’autres préoccupations comme la recherche d’une formation ou d’un emploi. Parfois, il leur faut simplement quelques années pour mûrir“, note Yani Habhab.

Pour travailler sur les rixes entre quartiers de villes, la ville développe aussi la coopération intercommunale, avec notamment des rencontres plusieurs fois dans l’année avec les homologues d’Orly.