New-York, 2009. Aux commandes d’un A320, le commandant Chesley Sullenberger réalise l’amerrissage le plus spectaculaire de l’aviation civile alors que ses deux moteur ont été bloqués par des bernaches du Canada. Un exploit mais beaucoup de sueurs froides. Pour éviter les rencontres malencontreuses entre oiseaux et aéronefs, les effaroucheurs sont là. Reportage à Orly.
Aux abords d’une piste de décollage, un pépiement se fait entendre au-dessus du vrombissement des avions. Colyne Plessis scrute le ciel et pointe du doigt deux minuscules points noirs : “Là, on a deux faucons crécerelles”, discerne-t-elle de ses yeux bleus si perçants qu’elle ignore ses jumelles. La jeune femme de 23 ans fait partie des onze effaroucheurs de l’aéroport d’Orly, en charge d’éloigner les oiseaux des pistes.
“La collision animalière, c’est le deuxième risque d’accident majeur pour un avion”
Munie d’un casque anti-bruit, de lunettes de protection et d’un neuf millimètres, la professionnelle tire en l’air. Ça détone, siffle puis crépite, faisant fuir les rapaces loin de la piste. “Ce sont des feux d’artifice, ça n’est pas fait pour tuer mais pour faire du bruit”, explique-t-elle. “La collision animalière, c’est le deuxième risque d’accident majeur pour un avion”, explique Sylvain Lejal, référent biodiversité d’Orly.
Alors que les très bétonnés aéroports possèdent de véritables zones sauvages préservées pour la sécurité aéronautique, 600 hectares rien que pour l’aéroport d’Orly, celles-ci recèlent, en ffet, une faune insoupçonnée. Renards, lapins et de nombreux oiseaux, du héron cendré à la corneille noire, s’y reproduisent en toute quiétude.
Mais une collision peut “provoquer d’importants dommages sur les avions“, rappelle Sylvain Lejal, comme un arrêt moteur si l’oiseau est aspiré par les réacteurs, voire blesser les pilotes, s’il percute le pare-brise. Des accidents qui demeurent heureusement rares. À Orly, le nombre d’incidents nécessitant l’arrêt du décollage ou un retour à l’aéroport a même diminué de moitié depuis 2014.
“Aujourd’hui, le fusil constitue vraiment le dernier recours”
Le profil des effaroucheurs a évolué au fil du temps. “Historiquement, on recrutait plutôt des chasseurs. On avait besoin de quelqu’un qui sache tenir un fusil”, explique Sylvain Lejal, “on travaillait contre la nature. Depuis 2014, on travaille avec la nature”, si bien qu‘”aujourd’hui, le fusil constitue vraiment le dernier recours”.
Maintenant, “on recrute plutôt des écologues, parce qu’on a besoin de gens” avec des “compétences scientifiques” afin d’aménager les espaces verts pour limiter la présence des oiseaux près des pistes. Leur “vraie connaissance de la faune” permet aussi de “définir rapidement l’espèce en face, ses comportements et trouver la bonne stratégie à adopter” si l’effarouchement devient nécessaire.
Colyne Plessis fait partie de cette nouvelle génération, plus féminine. C’est en cherchant il y a trois ans une alternance pour son BTS en Gestion et protection de la nature qu’elle s’est retrouvée embarquée dans l’aventure, alors qu’elle “n’imaginait même pas qu’on faisait de la biodiversité sur un aéroport”.
La jeune femme dispose de connaissances ornithologiques encyclopédiques, qu’il s’agisse du vol du martinet noir – “qui ne se pose jamais” – ou de la difficulté à effaroucher un vanneau huppé – “une espèce très têtue, qu’un rien fait lever et lorsqu’il se lève en groupe, on dirait une tornade”. Une expertise indispensable lorsqu’elle recourt à l’effarouchement acoustique. Dans son véhicule jaune pétant surmonté d’un gyrophare estampillé “Bird control”, elle dispose pour cela d’une quarantaine de cris d’oiseaux. “Là, on entend une alouette des champs, discerne-t-elle. Je peux envoyer le cri de son prédateur sur les hauts parleurs des pistes pour l’éloigner” lors d’une arrivée ou si un pilote signale un problème par radio. À moins d‘”émettre depuis mon camion le cri de détresse de son espèce pour qu’elle s’approche de moi”, explique-t-elle, télécommande en main.
“Créer une diversité pour que les oiseaux ne s’habituent pas”
Effarouchement acoustique, visuel ou pyrotechnique : chaque agent adopte un style différent afin de “créer une diversité pour que les oiseaux ne s’habituent pas”, explique celle qui préfère les fusées.
L’essentiel pour faire un bon effaroucheur ? “Être très observateur et savoir étudier rapidement des situations rapidement”, estime Colyne Plessis.
Parfois 30 000 oiseaux dans ce couloir de migration
Grâce à cette réactivité, seuls une trentaine d’oiseaux non-protégés sont désormais abattus chaque année sur cette plateforme située dans un couloir de migration, où peuvent se croiser 30 000 volatiles sur les spectaculaires mois de décembre et janvier.
Malgré tout, une centaine de collisions surviennent chaque année. “Je le prends comme un échec”, confie Colyne, “parce que, évidemment, on est là pour la sécurité des avions et passagers, mais également pour sauver la vie des oiseaux”.
par Charlotte DURAND
Une très bonne et intelligente pratique : ne plus trouver de chasseurs en ces lieux .
Il est inadmissible que la nature ne soit pas prioritaire sur l’aviation destructrice du vivant ! L’aviation pollue considérablement tant au niveau sonore que chimique !
C’est le transport le plus polluant au monde, le saviez vous ?
Pour vivre, dormir, se reposer et respirer un air non pollué est essentiel , prendre l’avion ne l’est pas !
LE TRAIN EST L’AVION DU FUTUR !
Sur les avions récents, la consommation est de 2,5 l / 100 km (moins que nos vieux Vélosolex) ! Une heure d’avion correspond à une journée de train classique ou a 3 heures de TGV.
Bien entendu, vous n’utilisez ni voiture, ni véhicule électrique, ni transport en commun (bus, autocar), et vous ne vous déplacez pas à plus de 20 km de” chez vous.
Vous semblez quand même disposer d’un ordinateur : sa fabrication, son utilisation, sa future destruction ne sont pas polluantes ?
Quand vous parlez de la nature, vous évoquez la forêt vierge d’Amazonie ou de Nouvelle Guinée, très conviviales et agréables comme chacun le sait.
2,5 l / 100 km par personne bien sûr
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