Avec son appel projets Inser’sport, le conseil départemental de la Seine-Saint-Denis veut faire de la mobilisation autour des jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 un levier pour les politiques d’insertion. Les 20 structures lauréates, qui bénéficieront au total de 320 000 euros, proposent des projets d’insertion hybridés par le sport.
Job-dating, aide à la recherche d’emploi… S’il permet de financer des projets classiques d’accompagnement, l’appel à projets veut également mettre en valeur les bénéfices du sport pour créer des dynamiques de groupe, renforcer la confiance en soi, améliorer la santé ou la mobilité. Le département a dévoilé début mars les lauréats au gymnase Alice Milliat, à l’Ile-Saint-Denis.
“Pour nous, cet appel d’offres a été une opportunité car il nous a permis de financer un programme d’entrainement avec coach sportif“, explique Sandrine Quevillon, directrice de l’association Les Tantines, dont le food truck et la cuisine métissée sont maintenant bien connus à Sevran. Une fois par semaine, elle et les huit salariés en contrat d’insertion font désormais 2h30 à 3h00 de sport. “Ça nous a aussi permis d’acheter une paire de baskets à chacun“, ajoute-t-elle. “Je suis sophrologue de profession. Le sport est un réel vecteur d’insertion parce que les bénéfices de la pratique ne sont pas seulement physiques, mais aussi dans la tête. C’est un vecteur d’émancipation. Pour nous, il est important de lier sport et insertion pour que les femmes puissent aussi prendre toute leur place dans la société.“
Un job-dating pour 350 jeunes
Sur 50 candidatures, 20 ont été retenues. Après l’annonce des lauréats de l’appel à projets, a suivi un job-dating coorganisé par la Ligue des jeunes talents. Basée à Saint-Ouen, l’association a pour mission de “coacher des jeunes ayant peu de visibilité et de réseau pour trouver de l’emploi“, précise Soumaya Boulhal, sa coprésidente.
“Quarante-huit entreprises ont répondu présentes cet après-midi dont des grands groupes. Et on attend face à elles 350 jeunes“, poursuit-elle. “Nous-mêmes nous avons préparé un collectif de 50 jeunes pendant un bootcamp d’une semaine qui consistait à présenter un CV, travailler l’éloquence, utiliser les réseaux sociaux.” Peu d’entreprises participantes sont directement liées au sport. “Mais elles amènent avec elles de nombreuses opportunités d’emploi. Si on pense aux JO, on sait que les besoins sont très fort dans l’accueil, le tourisme ou la restauration par exemple“, indique-t-elle.
La Ligue des jeunes talents est-elle même lauréate. Son projet : coacher 100 jeunes pour accueillir la coupe du monde de rugby et les JO.
De son côté, Fadil, 22 ans, compte bien profiter de l’occasion pour candidater. “Je suis intéressé par le commerce“, confie-t-il, même si son objectif est de devenir éducateur sportif. Grâce à son contrat d’insertion à la Fabrique Poincarré, il achève une formation de trois semaines dans ce but.
L’association dynonisienne, qui a été retenue par l’appel à projet, va acquérir des vélos pour les salariés de l’atelier. Spécialisée dans la production d’objets créatifs en réemploi, elle a réalisé les trophées Inser’sport remis à chacun des lauréats. “On très fiers parce que c’est nous qui les avons réalisés“, souligne Penda, en contrat d’insertion depuis un an à l’atelier, et qui veut travailler comme médiatrice spécialisée dans l’accès au droit.
Dynamique des JO de Paris 2024 et insertion
Pour le département, l’enjeu du projet est de faire coïncider la dynamique des JO de Paris 2024 et les politiques d’insertion. “Quand d’autres veulent conditionner ce droit [le RSA] à un travail obligatoire, nous nous voulons rénover nos politiques d’insertion, en utilisant toutes les voies possibles. Il est souvent décourageant de rechercher une formation ou un stage. Nous voulons donc expérimenter d’autres méthodes, en utilisant le sport comme vecteur dans ce cas“, défend le président PS du 93, Stéphane Troussel.
“Les jeux olympiques sont très concrets pour nous. A l’Ile-Saint-Denis, on a un pont par exemple, qui restera“, s’est quant à lui félicité Mohamed Gnabaly, le maire (sans étiquette) de l’Ile-Saint-Denis. “Je n’ai pas peur de dire que l’on est une ville pauvre avec une municipalité pauvre. Mais avec les moyens qu’on a, on essaie d’inverser la courbe de la précarité. La maturité de ce territoire, c’est que nos politiques publiques se construisent davantage avec la société civile. C’est l’une de nos forces.“
Au total, une enveloppe de 320 000 euros a été allouée aux 20 structures lauréates dans le cadre de cet appel à projet, dont 170 000 euros financés par le département et 150 000 euros par le fonds de dotation pour les actions sociales du comité d’organisation Paris 2024.
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