Santé | | 09/03/2023
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Créteil : l’unité médico-judiciaire du Chic fait place aux victimes violences intrafamiliales

Créteil : l’unité médico-judiciaire du Chic fait place aux victimes violences intrafamiliales

Au CHIC, l’hôpital intercommunal de Créteil, l’unité médico-judiciaire est en première ligne pour dépister les violences conjugales et intrafamiliales. Depuis plusieurs années, l’hôpital a lancé un chantier pour rendre la prise en charge moins traumatisante, notamment chez les enfants, en partenariat avec le parquet, les associations et les collectivités.

Derrière le bâtiment des urgences, l’unité médico-judiciaire (UMJ) de l’hôpital intercommunal de Créteil accueille chaque année environ 11 000 patients. Ce service, chargé de réaliser des constatations médicales sur réquisition du parquet après des agressions, a longtemps été surchargé par une seconde mission. Ses équipes devaient en plus se consacrer à des examens médicaux de victimes placées en garde à vue au commissariat de Créteil. Les conséquences étaient délétères pour la protection des victimes de violences conjugales.

Malgré les exigences fortes de bouclages des procédures dans de courts délais, ils avaient doublé. Nous avions du retard pour réaliser les examens. Nous sommes maintenant revenus à des délais corrects”, explique Cyrus Macaigne, le chef de ce service qui compte aujourd’hui 9 médecins, trois infirmières, 6 aides soignantes, un psychologue, un cadre hospitalier et un secrétaire. Un gain de temps réussi grâce à la signature d’une convention entre la préfecture du Val-de-Marne, le parquet de Créteil et SOS Médecin. Désormais, la plupart des examens de gardés à vue s’effectue hors de l’UMJ.

Au quotidien, les équipes de cette unité reçoivent des victimes d’agressions diverses. Des efforts ont été faits pour séparer les flux et offrir une prise en charge particulière aux victimes d’agressions sexuelles, de violences intrafamiliales – dont des violences conjugales mais aussi des actes de maltraitance sur les enfants. Les UMJ pratiquent également depuis peu des examens de dépistage des mutilations sexuelles des petites filles sur demande de l’OFRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides).

Parcours-type d’une victime de violence

La personne doit franchir le hall d’accueil où le personnel récupère les documents administratifs et constituent le dossier. Ils entrent dans leurs ordinateurs la réquisition du parquet, des examens médicaux préalables éventuels, des attestations de suivi par des professionnels de santé. Les victimes patientent ensuite en salle d’attente puis sont reçues par un médecin qui va s’entretenir avec eux. “Nous expliquons notre mission qui est de constater les lésions, nous discutons avec la personne pour savoir ce qui est arrivé, ce dont elle a souffert, les douleurs physiques, les gênes qu’elle a. Nous l’interrogeons aussi sur le plan psychologique, toujours en essayant d’être dans l’empathie et la bienveillance“, poursuit le chef de service.

Vient ensuite la phase de l’examen. “Son but est double. D’abord, il nous permet de rédiger un certificat permettant d’établir les lésions, leur gravité, leur retentissement, pour que les autorités judiciaires sachent la manière dont la personne a été touchée dans sa chair et son esprit. Ensuite, il nous aide à orienter efficacement la victime pour la poursuite de sa prise en charge médicale ou psychologique.Nous réalisons nous-mêmes les tests sérologiques pour les cas d’actes sexuels”, ajoute Cyrus Macaigne.

Limiter les risques de traumatismes chez les plus jeunes

Depuis une dizaine d’années maintenant, l’association La Voix de l’Enfant en partenariat avec les responsables de l’hôpital, du parquet et les élus, demandait à l’hôpital intercommunal de Créteil la séparation des flux entre le public adulte et les enfants. Après de longues tergiversations et de nombreuses discussions entre les divers ministères concernés (l’Intérieur, la Justice et la Santé), une salle d’audition pour les petits a été ouverte. Cette espace permet de réaliser une seule audition d’une victime mineure. Filmé, l’enfant n’a plus besoin d’être réinterrogé sur ce qu’il a vécu et ainsi de se replonger dans des souvenirs traumatisants. L’hôpital relève cependant la faible utilisation de cet outil, peut-être par manque de publicité auprès des enquêteurs. Ce lieu, qui se situe au sous-sol du bâtiment de l’unité médico-judiciaire, est aujourd’hui isolé au milieu des locaux syndicaux du Chic. Ces derniers vont toutefois déménager dans les prochains mois pour laisser la place à une permanence des associations d’aide aux victimes.

Collaboration avec le service de gynécologie-obstétrique

Les urgences gynécologiques ou obstétriques reçoivent également des victimes d’agressions sexuelles ou de violences conjugales. Dans le cadre d’un partenariat avec l’unité médico-judiciaire, leurs équipes sont formées pour réaliser des prélèvements à titre conservatoire et échanger avec les patientes sur la possibilité de déposer une plainte. Les associations du schéma départemental d’aide aux victimes peuvent aussi intervenir.

A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, ce mercredi 8 mars, le préfet délégué à l’égalité des chances, Mathias Ott est venu visiter l’UMJ du Chic et s’entretenir avec le réseau de partenaires locaux investis dans la prévention des violences conjugales et intrafamilales.

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