Une lessive dont le parfum dure longtemps, des matériaux qui s’usent moins vite, un herbicide nécessitant un moindre épandage… les industriels guettent la recette miracle. Pour la deeptech Calyxia, cela passe par la microencapsulation, made in Val-de-Marne.
Un récipient rempli d’un liquide blanc dans les mains, une ingénieure chimiste s’avance vers sa paillasse. Sous le microscope, de petites sphères apparaissent. Il en faut une dizaine pour atteindre l’épaisseur d’un cheveu. Les laborantins élaborent des formules pour calibrer des capsules aux besoins des clients. “Nous adaptons les propriétés des microcapsules en fonction d’un cahier des charges technique établi avec chaque client. Aujourd’hui, nous proposons plus d’un millier de combinaisons de matériaux de coque de capsule différents et divers mécanismes de libération des ingrédients actifs protégés dans les capsules“, explique Christian Dubois, directeur corporate development chez Calyxia. Après les phases de test et les commandes des clients, l’usine prend le relais. “L’unité de production intermédiaire va produire jusqu’à 80 kg de produit par heure, la grande atteint les 400 kg/h“, précise Jennifer Dall’Anese, directrice industrielle.
Cette technologie intéresse plusieurs secteurs industriels. En cosmétique, encapsuler des parfums permet d’empêcher leur évaporation. Dans l’agriculture, les microcapsules permettent de cibler plus efficacement les plantes et de réduire la fréquence des traitements. Pour l’automobile, les microcapsules promettent d’agir sur des facteurs de vieillissement ou de détérioration.
Une levée de fonds de 15 millions d’euros
C’est, du reste, avec l’automobile que tout a démarré. En 2015, une équipe de chercheurs de l’ESPCI Paris (École supérieure de physique et de chimie industrielles) entame un partenariat avec un labo de l’Université d’Harvard pour Total. Un additif présent dans un lubrifiant se dégradait trop rapidement. Les scientifiques imaginent alors un système d’encapsulation répondant au problème.
Le projet pose les jalons de succès futurs. Après quelques années dans l’incubateur de l’ESPCI, PC’up, la société s’installe à Bonneuil-sur-Marne, dans la zone d’activité des Petits Carreaux. Entre 2020 et aujourd’hui, les effectifs passent d’une vingtaine de personnes à une centaine. La capacité de production grimpe d’un peu moins de 20 tonnes annuelles à plusieurs centaines entre 2019 et 2021. Cette année-là, l’entreprise réalise une levée de fonds de 15 millions d’euros. Elle en prépare une seconde. En parallèle, la société a bénéficié du plan France Relance ou d’aides de BPI France et fait partie de la promotion FrenchTech 2030.
À l’étroit à Bonneuil-sur-Marne, la société a décidé de déménager, tout en restant dans le territoire Grand Paris Sud Est Avenir Elle s’apprête ainsi à déménager dans le futur Parc des entrepreneurs de Limeil-Brévannes. En cours de construction, le site pourra accueillir jusqu’à 200 personnes (siège social, labo et site de production). Sa livraison est attendue courant 2024.
“Une technologie disruptive”
Chez Calyxia, la moyenne d’âge est de 30 ans, dont 60% de femmes et une douzaine de nationalités. “Les talents qui nous rejoignent sont attirés par l’aventure. Ils sont également sensibles à notre engagement, en faveur d’une chimie plus vertueuse avec une encapsulation verte“, explique Damien Démoulin, directeur de la technologie et co-fondateur de la société. “Notre technologie de microencapsulation est disruptive par rapport aux technologies existantes. Elle répond aux besoins de nos clients qui n’ont pas encore de solutions en biodégradabilité et bio-sourcing, et bien sûr, à performance au moins égale.De surcroît, il existe des domaines où biodégradabilité et/ou bio-sourcing ne sont pas exigés. Notre technologie y apporte alors un réel gain de performances”
Ambassadeur du fabriqué en Val-de-Marne
Ancrée dans le Val-de-Marne, la startup joue le jeu du local et fait partie des premiers ambassadeurs du Fabriqué en Val-de-Marne. Ce projet, lancé fin septembre par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) et la Chambre des métiers d’art (CMA), vise à mettre en valeur les nombreuses entreprises qui produisent dans le département.
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