Présenté à la Mostra de Venise cet été, Pour la France sort au cinéma ce mercredi 8 février. Il raconte sans rancœur ni rancune le poignant destin de Jallal Hami, arrivé à Pierrefitte-sur-Seine avec sa mère durant la décennie noire d’Algérie, puis entré à Saint-Cyr après un parcours modèle qui l’a fait intégrer Sciences Po via la convention éducation prioritaire. Le 30 octobre 2012, il est mort à 24 ans lors d’un bizutage.
“On a axé le film sur une odyssée familiale. On a reçu des attaques sur les réseaux sociaux. Les gens qui ne connaissent pas le film pensent qu’on a fait un film qui insulte la France et l’armée”, regrette son frère, Rachid Hami, réalisateur du film. “Je trouve que ce procès d’intention fait du mal au film, et moi à titre personnel, il me heurte, car il n’est pas en phase avec mes valeurs et le film que j’ai fait.”
Ce long-métrage s’intéresse peu à la soirée du drame du 30 octobre 2012, durant laquelle Jallal Hami se noie en traversant un étang lors d’une soirée de “bahutage”, c’est-à-dire “de transmission des traditions de l’école” de Coëtquidan, organisée par des élèves.
Lors du procès en 2021, trois militaires, jugés pour homicide involontaire, ont été condamnés à des peines de prison avec sursis et quatre ont été relaxés, écopant de peines très en deçà des réquisitions du parquet.
Loin d’une contre-enquête, Pour la France se déroule en trois séquences sur trois continents pour reconstituer l’itinéraire singulier des protagonistes. L’Algérie des années 1990 et la montée de l’islamisme et de la violence avec le départ pour la Seine-Saint-Denis de Jallal et Rachid (Aïssa et Ismaël dans le film).
Le film, franco-taïwanais, évoque aussi le passage d’Aïssa à Taïwan durant ses études à Sciences-Po, pour apprendre le mandarin. “C’est le moment où l’on est vraiment devenu frères”, se souvient son frère, venu le retrouver pendant les vacances.
La partie française s’attaque à la question sensible des funérailles : le jeune engagé aura-t-il droit aux honneurs militaires avec une cérémonie aux Invalides ou faut-il se contenter du carré musulman de Bobigny ?
L’acteur Karim Leklou, vu récemment dans “Bac Nord”, qui interprète Ismaël, dit avoir apprécié de jouer dans ce long-métrage “tout en nuances”. “Je ne m’attendais pas à ce film-là. Je me retrouve avec un objet scénaristique ultra puissant, ultra digne, très fort sur la famille, les non-dits de la fratrie”.
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