Gérants présumés, vendeur polyvalent, “nourrice”, guetteur… Neuf hommes sont jugés depuis mardi à Bobigny, pour trafic de stupéfiants dans la cité des Boute-en-Train à Saint-Ouen. Il s’agit du second procès issu de la vague d’interpellations sur ce point de deal éteint en 2021.
Les deux tours, situées au cœur du célèbre marché aux Puces de Saint-Ouen, ont fini par être vidées de leurs habitants en 2021 et condamnées, mettant un terme au deal des Boute-en-Train qui opérait 24 heures sur 24. Âgés de 22 à 47 ans, les prévenus sont poursuivis devant la 13e chambre correctionnelle pour des faits datant de mars à novembre 2021 à Saint-Ouen, l’une des principales villes pourvoyeuse de cannabis et de cocaïne sur la place parisienne.
Le dossier repose sur une quarantaine de surveillances : des insonorisations de voiture, des mises sur écoute, des observations des allers-retours entre la tour 10, parfois dédiée au stockage et la tour 12 où avait lieu la vente…
Au premier jour du procès, le tribunal a longuement interrogé Billel C., 32 ans, suspecté d’avoir été un temps chargé de l’encadrement et la sécurité du point de vente de drogue. L’intéressé explique n’avoir été qu’un “intermédiaire”. “Mon poste attitré c’est de m’occuper de la nourrice (la personne qui conserve les produits, ndlr) et quand le vendeur se fait attraper, j’en trouve un”, raconte dans le box Billel C., précisant qu’il exerçait ses missions au téléphone.
– Pourquoi vous êtes quasiment tous les jours sur les Boute-en-Train si vous n’êtes qu’au téléphone ?, l’interroge le président Jean-Baptiste Acchiardi.
– En vérité, j’ai même pas besoin d’être dans la cité, mon travail n’est qu’au téléphone mais j’ai des amis dans la cité, j’habite pas loin, se justifie-t-il.
– Donc c’est mêler l’utile à l’agréable ?, interroge le magistrat.
– C’est ça”, répond le prévenu, stoïque.
Huit autres hommes ont été renvoyés devant le tribunal correctionnel : quatre comparaissent comme détenus (dont l’un pour une autre affaire), deux sous contrôle judiciaire, un autre libre sous bracelet électronique et le dernier est absent. Ils sont soupçonnés d’avoir eu différents rôles : guetteurs, rechargeurs (chargé d’amener de la drogue du lieu de stockage au point de revente), “nourrices”…
S’ils reconnaissent tous une implication partielle dans le trafic de cannabis, ils contestent tout trafic de cocaïne.
Cette audience est le deuxième volet d’une série de procès sur le trafic de stupéfiants à Saint-Ouen et ses alentours. Fin avril, le tribunal de Bobigny avait condamné à des peines de six à dix ans de prison les cadres du trafic de drogues de la même cité.
Le délibéré sera rendu le 6 juin.
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