Le Syndicat intercommunal des eaux d’Île-de-France (Sedif), en charge de l’approvisionnement en eau potable d’un tiers des habitants d’Ile-de-France, a voté jeudi 16 novembre la poursuite de son projet de filtration de l’eau par osmose inverse. Un sujet clivant, qui a fait l’objet d’un débat public animé au printemps. Suite à cette annonce, une manifestation a eu lieu devant l’usine de Choisy-le-Roi.
Le Syndicat des eaux d’Île-de-France, qui rassemble 133 communes autour de Paris et qui alimente plus de quatre millions d’usagers, souhaite déployer la technique de filtration par osmose inverse, permettant une eau plus pure, moins chlorée et sans calcaire, mais aussi plus chère (le projet est budgété près d’un milliard d’euros), et avec un impact environnemental qui divise. Le projet a fait l’objet d’un débat public animé durant tout le printemps.
Pour comprendre le contexte technique et politique, lire : Eau potable en Ile-de-France : sortir ou pas de la polémique sur l’osmose inverse en 10 questions
Fin septembre, la Commission nationale du débat public (CNDP) qui organisait la concertation, a rendu ses conclusions, invitant le Sedif à des clarifications et précisions détaillées (voir à partir de la page 87 du compte-rendu).
De son côté, le Sedif, qui souhaite équiper les usines de Choisy-le-Roi, Neuilly-sur-Marne et Méry-sur-Oise, estime qu‘”aucune recommandation (du débat public, NDLR) n’impacte le projet membranaire : le cahier des charges de la consultation prenait déjà en compte les problématiques posées en matière de traitements des rejets, avec des justifications détaillées à apporter quant au niveau des rejets“.
Vote à une large majorité
Lors d’une réunion du comité le 16 novembre, présidé depuis 1983 par André Santini, la poursuite du projet a donc été votée à main levée à une très large majorité, avec trois voix contre et quatre abstentions sur 85 votants, a constaté l’AFP. Rare voix discordante, Séverine Delbosq, élue de l’Île-Saint-Denis (Seine-saint-Denis), a déclaré que “les réponses aux préconisations de la CNDP (commission nationale du débat public, NDLR) restent dans le registre d’une écologie de façade“. L’élue a souhaité davantage d’efforts en amont pour préserver l’eau des pollutions.
Revoir le débat sur le sujet lors du comité du Sedif, à partir de la minute 27:26, dans la vidéo ci-dessous, (chaine Youtube du Sedif)
Manifestation devant l’usine de Choisy-le-Roi
Lors du débat public obligatoire, la question de “l’impact environnemental global” de ce projet avait été soulevée, ces usines devant prélever 15% d’eau supplémentaire, consommer bien plus d’électricité (avec un raccordement au réseau à haute tension), accroître la facture des consommateurs, et rejeter dans les eaux de surface un “concentrat” issu de la filtration fort en micropolluants et matières organiques.
Le Sedif indique que dans l’ensemble du cycle, le rejet du concentrat n’ajoute pas de substances polluantes aux eaux de surface. Affirmant sa volonté de “traiter ces concentrats“, il reconnaît cependant qu’à ce jour, “aucune solution technique, à un coût supportable, n’a été trouvée“.
Une trentaine de militants d’Extinction Rébellion ont manifesté jeudi aux abords de l’usine de Choisy-le-Roi, où se réunissait le comité, pour dénoncer la “menace” à leurs yeux de ces “polluants rejetés dans la Seine en aval du système” et le caractère énergivore de cette technologie.
Un budget de 4,3 milliards d’euros sur 12 ans
Le marché des eaux d’Île-de-France, d’un montant colossal de 4,3 milliards d’euros sur 12 ans, est en plein renouvellement de concession. Depuis le printemps, il est cependant perturbé par des soupçons de favoritisme en raison d’un mystérieux “bug” informatique qui a fait atterrir chez Veolia des documents confidentiels destinés au concurrent Suez.
Jeudi, le Sedif a de nouveau rappelé son intention de maintenir le calendrier initialement prévu, avec la désignation d’un lauréat au premier semestre 2024, “ce qui aura lieu sauf si une situation imprévue venait à apparaître“, a déclaré Jean-Louis Sciacaluga, en charge de l’appel d’offres.
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Concernant “le vote à une large majorité”, vous indiquez 85 pour, 3 contre et 4 abstentions, ce qui est exact. Mais il y a 133 représentants au comité syndical du SEDIF. Cela signifie donc qu’il y a en 41 qui n’ont pas participé au vote et qui n’ont pas donné de pouvoir sur un enjeu pourtant crucial qui engage ce syndicat pour longtemps. Cela relativise l’ampleur du résultat du vote et traduit un certain malaise dans la gestion de ce syndicat.
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