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Environnement | Val-de-Marne | 12/02/2023
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Économie circulaire : un enjeu environnemental et économique stratégique pour le Val-de-Marne

Économie circulaire : un enjeu environnemental et économique stratégique pour le Val-de-Marne © FL

Plus de 20 millions de tonnes par an. Tel est le poids estimé de notre empreinte matière en Val-de-Marne. Arrêter la course à l’extraction de ressources naturelles limitées en repensant le cycle de vie des objets, tel est l’enjeu de l’économie circulaire. Un défi environnemental planétaire qui redonne toute sa place au local, avec de nombreuses opportunités en termes de développement économique et social.

Du pétrole pour fabriquer du plastique, du bitume, et bien sûr du carburant. Du sable pour construire les villes. Des terres rares pour nos smartphones… Les sous-sols de la planète sont riches et ont longtemps semblé infinis. Leur exploitation s’est donc développée sans brides et, au niveau mondial, nous sommes passés d’une consommation moyenne de 6 tonnes de matière par an par habitant au début des années 1950, au double.

En France, la consommation intérieure de matière (extractions intérieures + importations – exportations) s’élève à 11,5 tonnes par habitant (t/hab.) par an. Elle est constituée pour moitié de matériaux de construction, pour un tiers de la biomasse issue de l’agriculture et de la pêche, et pour 16% de combustibles fossiles (dont 2/3 de produits pétroliers). Notre empreinte matière, elle, est plus élevée car elle tient compte des matières mobilisées hors frontières pour produire et transporter l’ensemble des produits importés. Elle s’élève en France à 13,6 t/hab (méthode de calcul Eurostat) ou 20,2 t/hab (modèle Eora). (Explications sur les modes de calcul)

Grand Paris : une empreinte matière de 19 t/hab

Actuellement, il existe peu de chiffres pour détailler la consommation et l’empreinte matière de manière plus locale. Leur calcul est particulièrement complexe et les chiffres restent à prendre avec recul. Une récente étude de la Métropole du Grand Paris évalue néanmoins notre consommation à 3,6 t/hab. Soit plus qu’à Paris (2,4t/hab) mais moins qu’en Ile-de-France (5t/hab) et nettement moins qu’en France (11,5t/hab). Ceci s’explique par la densité plus importante de la métropole, qui concentre et mutualise les infrastructures. Notre empreinte matière est en revanche nettement supérieure. L’étude réalisée pour la MGP l’évalue à 19 t/hab, contre 20 t/hab en Ile-de-France. En extrapolant ce chiffre aux 1,4 million d’habitants du Val-de-Marne, cela correspond à une empreinte matière de 26 millions de tonnes au niveau du département.

Cet article s’inscrit dans le cadre d’une série consacrée à l’économie circulaire dans le Val-de-Marne, réalisée avec le soutien de la Chambre de commerce et d’industrie du Val-de-Marne et de l’Agence de la transition écologique (Ademe).
La CCI 94 développe actuellement un accélérateur d’économie circulaire à l’attention des acteurs économiques du département. Pour plus d’informations, contacter Patricia Fouré, responsable partenariats et projets circulaires (pfoure(a)cci-paris-idf.fr)

Raréfaction des matières premières

Cette accélération de l’extraction de matière génère un risque de pénurie. En 2019, l’ONU (Organisation des Nations Unies) a ainsi alerté sur les conséquences environnementales (accélération de l’érosion) et économiques locales d’une trop forte exploitation de sable et de gravier. L’ONU alertait aussi sur le fait que notre empreinte matière mondiale augmente plus vite que la population et que l’économie.

SOURCE : ONU 2019

Overdose de déchets

À l’autre bout du cycle de la consommation, le problème n’est plus le risque de pénurie mais le volume de déchets à gérer, même si les mesures de tri et recyclage commencent à porter leurs fruits. Selon les chiffres 2017 de l’Ademe, la production annuelle de déchets en France est de l’ordre de 326 millions de tonnes, soit 4,9 t/hab. Selon l’étude de la MGP, la production de déchets est de 2,9 t/hab en Ile-de-France, 2,4 t/hab à Paris et 3,8 t/hab à l’échelle de la Métropole du Grand Paris. Le tonnage plus important dans la Métropole s’explique par l’intensité des chantiers, notamment liés à la construction du métro Grand Paris Express. Sur les 27 millions de tonnes de déchets solides générés 2017 dans le périmètre de la MGP, près de la moitié sont en effet des déblais, essentiellement des terres excavées lors de chantiers. Une grosse partie de ce tonnage de chantier est valorisé pour réaménager des carrières, et, en partie, pour fabriquer des granulats qui serviront à d’autres chantiers. Sur l’ensemble des déchets, il en reste néanmoins chaque année plusieurs tonnes à enfouir ou incinérer. Au niveau régional, 2,5 millions de tonnes sont ainsi enfouies chaque année alors que le Code de l’environnement préconise de diminuer ce tonnage à 1,3 million à partir de 2025 et à 1 million dès 2031. 3,8 millions de tonnes ont par ailleurs été incinérées en 2021, en hausse par rapport à 2020, en raison notamment d’erreurs de tri du plastique et des reports d’encombrants post covid.

Passer du linéaire au circulaire

Entre l’extraction des matières nécessaires à leur fabrication et leur fin de vie, les produits connaissent des phases de transformation et de transport qui consomment aussi de la matière et de l’énergie, et contribuent aux gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique. C’est ce cycle, qui conduit de la production à la destruction, que l’économie circulaire entend ralentir, en jouant sur toutes les étapes, de l’écoconception des produits pour limiter leur empreinte de matières premières, améliorer leur durabilité et penser leur fin de vie, jusqu’à leur réemploi puis leur recyclage, voire surcyclage.

Un enjeu local

Cette approche, qui passe aussi par des changements de consommation et une nouvelle économie de la fonctionnalité, contribue à relocaliser partiellement l’économie. Car cette circularité n’est écologique que si l’on ne parcourt pas la moitié de la planète pour récupérer un objet, le réparer, et le remettre en circuit. Localement, des boucles se créent donc pour gérer toutes ces étapes, avec une focale généraliste ou thématique. Rien que dans le Val-de-Marne, les initiatives des associations, entreprises et collectivités locales se comptent en centaines.

Cette série d’articles vise à rendre compte de ce foisonnement d’acteurs et des obstacles qu’il reste à enjamber pour changer d’échelle.

Voir tous les articles de la série :
Val-de-Marne circulaire # 1 : un enjeu environnemental et économique stratégique
Val-de-Marne circulaire # 2 : Réparer, réemployer, recycler, surcycler… petit tour de l’économie circulaire en Val-de-Marne
Val-de-Marne circulaire #3 : Louer au lieu de vendre : comment la startup Viluso a changé de modèle
Val-de-Marne circulaire #4 : Ambiance Lumière à Alfortville : une PMI à rebours de l’obsolescence programmée
Val-de-Marne circulaire #5 : le vrac n’est pas mort
Val-de-Marne circulaire # 6 : comment Maximum réussit l’upcycling en série à Ivry-sur-Seine
Val-de-Marne circulaire #7 : Économie circulaire en Val-de-Marne : quel modèle économique ? Quel foncier ?
Val-de-Marne circulaire #8 : Économie circulaire en Val-de-Marne : le défi de la déconstruction-reconstruction
Val-de-Marne circulaire #9 : Ta Tiny House invente la maison mobile low-tech
Val-de-Marne circulaire #10 : quel rôle pour les collectivités locales ?
Val-de-Marne circulaire #11  : verdir la culture en maintenant le rêve
Val-de-Marne circulaire #12 : Oser l’économie circulaire ? Retours d’expérience en Val-de-Marne et mode d’emploi
Val-de-Marne circulaire #13 : Financer l’économie circulaire en Val-de-Marne : un cocktail de solutions

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