Economie | Ile-de-France | 25/06/2023
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Emploi : à l’école des mécanos d’Orly, le bus peine à séduire

Emploi : à l’école des mécanos d’Orly, le bus peine à séduire © FB

Réparer des voitures à la belle mécanique ou des camions de l’armée en opération extérieure, voilà qui fait vibrer les élèves de la filière maintenance de véhicule au centre des formations industrielles d’Orly. Les bus de banlieue excitent nettement moins. Et pourtant, ça recrute ! Reportage.

Dans les halls du campus LEA-CFI à Orly, les affiches de fédérations professionnelles ou de grands employeurs régionaux rivalisent d’arguments pour séduire les élèves. Les entreprises de transport, en premier lieu, ne manquent pas une occasion de mettre un pied à l’école. À l’instar des opérateurs de bus, en pénurie de chauffeurs et de mécaniciens.

Quand je suis venu passer mon entretien pour intégrer mon bac pro, Keolis était là, se souvient Matt, 19 ans. Il me fallait une entreprise pour mon alternance et je n’en connaissais pas, alors j’ai commencé chez eux. Maintenant je suis à la RATP“, déroule l’étudiant en maintenance de véhicule option transport routier. D’autres ont commencé à se faire un réseau dès le collège, comme Kenzo, du Kremlin-Bicêtre, dans la même formation. “Pendant mon année de troisième, j’ai fait trois stages dont deux aux ateliers de la RATP“.

Pas de formation spécifique aux bus

En dépit de leur alternance dans des garages de bus, les élèves travaillent sur des camions lorsqu’ils sont à l’école, d’abord par contrainte logistique. “Un tracteur routier prend deux fois moins de place qu’un bus. Je ne peux pas me priver de la moitié des postes de travail, explique Francis Gauthier, responsable des plateaux pédagogiques. Mais, en dehors du système des portes électro-pneumatiques, le bus et le camion ont la même mécanique“, précise-t-il. L’autre contraint est d’ordre académique. “Aujourd’hui, il n’y a pas de formation spécifique aux transports en commun, détaille Charlotte Brunet-Ricchi, responsable de programme au LEA-CFI d’Orly. Nous suivons les référentiels de l’Éducation nationale et des fédérations professionnelles et l’on s’adapte aux besoins des élèves mais les spécificités des bus sont essentiellement en entreprise.”

Quand on nous dit de changer une pièce sur un camion, c’est plus compliqué pour nous que pour nos camarades qui travaillent sur des camions en entreprise. Mais c’est intéressant de voir davantage de choses“, motive Matt.

Rejoindre l’armée en opex : “ça m’attire !”

L’un à la RATP, l’autre chez Keolis, Matt et Michaël n’envisagent pourtant pas de rester travailler sur des bis. Une fois leur diplôme en poche, les deux jeunes souhaitent rejoindre l’armée. “Aller réparer des véhicules en opération extérieure. Devoir être rapide et précis. Le goût du risque. Tout ça m’attire“, résume Matt.

“Les camions ne vendent pas du rêve. Les bus, c’est pire !”

Au total, le campus d’Orly accueille chaque année environ 280 élèves en maintenance des véhicules. Reflétant la réalité du parc roulant, le travail s’opère principalement sur des voitures. Elles occupent les deux tiers de l’espace contre un tiers pour les camions. “Il y a moins de postulants sur les véhicules de transport routier parce qu’ils sont moins valorisés. Ça manque de publicité, de prestige, d’ouverture. Les constructeurs de camions ne vendent pas du rêve aux jeunes mécanos. Les bus, c’est pire !“, observe Francis Gauthier.

100 000 personnes à recruter d’ici à 2030 dans les transports publics urbains

Du côté des opérateurs de transport, la demande, elle, ne faiblit pas. D’ici à 2030, l’Union des Transports Publics et Ferroviaires (UTP) chiffre les besoins de recrutement à 100 000 personnes, une moitié à la maintenance et une moitié à la conduite. C’est dans ce contexte que ce syndicat professionnel, qui regroupe les transporteurs publics urbains de voyageurs français, s’est réuni à l’école orlysienne avec ses adhérents pour une matinée de travail consacrée à l’avenir du secteur, mi-juin. L’occasion d’y signer, avec Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l’enseignement et de la formation professionnelle, une convention de promotion de l’apprentissage. Des crédits du plan France 2030 permettront de développer de nouvelles formations.

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