Entre le Grand Paris Express, les Jeux Olympiques et les opérations de rénovation urbaine en cascade, la Seine-Saint-Denis recrute à tour de bras dans le BTP. Et ce n’est pas le seul secteur dans lequel le département recrute. Le point en chiffres avec Guillaume Koning, directeur territorial de Pôle Emploi du département.
“Avec le taux de chômage le plus élevé de la région, la Seine-Saint-Denis est réputée pour être le département le plus pauvre de la région. Difficile alors d’imaginer qu’il se classe en 3ème position des intentions d’embauche [ndlr 10,1% au dernier trimestre 2022 selon l’Insee]. Pourtant, les opportunités d’emplois y sont importantes“, explique le directeur territorial de Pôle Emploi en Seine-Saint-Denis, Guillaume Koning.
Selon l’enquête “Besoins en Main-d’Œuvre” de 2023 réalisée en partenariat avec le CRÉDOC (Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de vie), près de 30% des 6 469 établissements répondants envisagent de recruter en 2023 (soit 1 point de plus qu’en 2022). Pôle Emploi comptabilise 55 931 projets, un chiffre en légère baisse par rapport à 2022 (-2,6%). Ce taux reste moins élevé qu’en Île-de-France (en dehors de Paris et du Val-d’Oise), où la tendance est à la hausse.
“Les grands projets jouent un rôle de poids dans cette dynamique”
Avec 10 715 projets de recrutement, la construction arrive en tête des secteurs plébiscités par les entreprises, et est suivi par les services scientifiques, techniques, administratifs, les métiers de la santé et de l’action sociale.
“La Seine-Saint-Denis se caractérise par ses disponibilités d’espace foncier. Il y a les projets du Grand Paris Express, les marchés des Jeux Olympiques, mais également de nombreuses opérations de rénovation urbaine. De fait, la part du secteur de la construction pèse deux fois plus lourd que la moyenne en Île-de-France dans les projets de recrutement des entreprises“, explique Guillaume Koning, qui souligne que “Les grands projets jouent donc un rôle de poids dans cette dynamique“.
En construction, 19% des intentions d’embauche
“On reste dans un contexte d’embellie”, se félicite le directeur de Pôle Emploi. “72% sont des projets d’embauche en CDI, ou des CDD de plus de six mois. Par ailleurs, les intentions annoncées lors de l’enquête BMO 2022 (57 430) se sont réalisées en 2023. De fait, nous avons recueilli plus de 50 000 offres dans notre système d’information, alors même que Pôle Emploi n’est pas le seul acteur dans ce domaine.”
En Seine-Saint-Denis, 19% des intentions d’embauche sont concernées par le secteur de la construction. En tendance inverse, les taux sont de 4% à Paris, de 6% dans les Hauts-de-Seine, de 11% dans le Val-de-Marne, et de 16% dans la Seine-et-Marne. À l’image du reste de l’Île-de-France, la création de deux emplois sur trois est cependant envisagée dans les secteurs des services aux entreprises et à la personne.
Le rapport de forces employeurs/salariés s’inverse
Malgré les besoins d’emploi des entreprises, la part des projets de recrutement jugés difficiles augmente fortement : 12,3 points de plus qu’en 2022, avec une hausse plus importante que celle observée sur la région (-9,7 points). Ce phénomène est particulièrement notable dans le secteur de la construction (63,4%). Par ailleurs, l’effet combiné entre une forte demande d’emplois des entreprises, et un volume de demandeurs d’emploi en diminution, accentue également les tensions sur le marché du travail.
“Pour expliquer cette situation, il y a plusieurs causes avancées par les entreprises“, explique Guillaume Koning, “selon les retours de l’enquête BMO 2023, elles estiment que le nombre de candidats en capacité de répondre à leurs offres sera insuffisant. Elles considèrent également que les profils seront inadaptés aux compétences requises”.
Méconnaissance des métiers
À cela, s’ajoute l’inquiétude autour de l’attractivité des métiers. “Dans le secteur de la sécurité privée, où il y a le plus de projets de recrutement (plus de 3 300) certains pensent que ce n’est pas fait pour eux, notamment en raison des conditions physiques. En réalité, il y a de nombreux postes à pourvoir pour les femmes, par exemple. Nous constatons une méconnaissance des métiers, et notre rôle consiste à rectifier ces représentations“, précise-t-il.
Liste des métiers les plus souvent associés à des difficultés de recrutement
Projets de recrutement | Part des projets jugés difficiles | Poids des recrutements saisonniers | |
Aides-soignants (aides médico-psychologiques, auxiliaires de puériculture, assistants médicaux…) | 1 134 | 81,80% | 3,50% |
Menuisiers et ouvriers de l’agencement et de l’isolation | 599 | 77,20% | 4,40% |
Éducateurs spécialisés | 737 | 76,90% | 1,60% |
Aides à domicile, aides ménagères, travailleuses familiales | 937 | 75,20% | 9,30% |
Plombiers, chauffagistes | 1 174 | 71,80% | 3,50% |
Ingénieurs et cadres d’études, R et D en informatique, chefs de projets informatiques | 684 | 69,50% | 0,00% |
Maçons | 658 | 67,70% | 6,20% |
Agents de sécurité et de surveillance, enquêteurs privés et métiers assimilés | 3 382 | 65,60% | 25,20% |
Conducteurs de véhicules légers (conducteurs de taxis, ambulanciers…) | 1 324 | 64,20% | 4,90% |
Conducteurs routiers et grands routiers | 1 019 | 63,10% | 3,40% |
Agents d’entretien de locaux (y compris ATSEM) | 1 917 | 62,90% | 11,60% |
Électriciens du bâtiment | 1 116 | 62,20% | 4,80% |
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