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Sport | | 04/07/2023
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À l’Île-Saint-Denis, les “Ourcq polaires” se baignent dans la Seine

À l’Île-Saint-Denis, les “Ourcq polaires” se baignent dans la Seine © Raphaël Bernard

S’il est encore interdit de nager dans la Seine, certains nageurs ne s’empêchent pas d’y piquer une tête à l’Île-Saint-Denis. Dans un an, le fleuve s’ouvrira à la baignade pour les athlètes des Jeux Olympiques.

J’ai hâte de nager dans la Seine ! C’est autre chose qu’une piscine…” Un grand nombre de Parisiens écarquillerait les yeux à entendre Céline Debunne, 47 ans, s’enthousiasmer à l’idée de plonger d’une péniche de l’Île-Saint-Denis. Cette banlieue de Seine-Saint-Denis, au nord, est située en aval de la capitale, sur un méandre d’un fleuve à l’image contrastée.

Les “Ourcq polaires”

Les gens disent : tu es fou, tu vas avoir des boutons !“, résume Tanguy Lhomme, qui accueille les nageurs sur sa péniche en ce premier dimanche de juillet. “Résultat, ils traitent la Seine comme un égout“, déplore-t-il.

À 20 h 00, une vingtaine de nageurs se jettent à l’eau, pour une sortie d’une heure, soit 2 km parcourus sur un bras ni trouble, ni limpide, déserté par la circulation fluviale et aux rives plutôt bucoliques.

À 25 degrés, la température “est limite pour des Ourcq polaires“, s’amuse Josué Rémué. C’est un pilier de ce groupe de nageurs en eau libre. Ils se plaisent dans l’eau froide et ont pris leurs quartiers à Pantin, sur le canal de l’Ourcq.

La Seine a très mauvaise presse

Quand il a opté pour cet habitat fluvial, en 2017, “il était hors de question que je me mette dedans. Mais, mon rapport (à la Seine) a énormément évolué depuis“, retrace ce père de deux enfants.

La Seine a très mauvaise presse, comme tous les fleuves de couleur foncée. La couleur ne fera jamais rêver“, commente Louis Pèlerin, un nageur de 44 ans.

Les nageurs en eau libre “tolérés

Hiver comme été, canal ou fleuve, la baignade est pourtant interdite à Paris comme dans sa proche banlieue. Mais, les Ourcq polaires n’ont “jamais eu d’amende en cinq ans” et n’ont été sortis qu’une seule fois de l’eau par la police, assure cet habitant de Créteil de 58 ans.

Outre le port obligatoire d’une bouée gonflable et les sorties groupées, la présence de surveillants explique que ces nageurs en eau libre soient “tolérés“, avance l’ingénieur de formation.

La préfecture de police n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP quant à l’application de l’arrêté historique de 1923 qui interdit la baignade dans le fleuve.

En France, le maire est responsable

Ce n’est pas la pollution, mais le contrôle des mœurs qui en est à l’origine“, affirme Benoît Hachet, sociologue à l’EHESS et autre nageur du groupe.

La pollution, c’est toujours un grand prétexte et souvent un grand mensonge“, abonde Sibylle van der Walt, autre sociologue venue de Metz, où elle milite pour l’ouverture de lieux de baignade en eau vive.

Mais “alors que dans les pays nordiques, on se baigne à son propre risque, en France le maire est responsable“, d’où la frilosité des élus locaux, estime cette Allemande de 53 ans.

Ouverture des sites des JO au grand public

Trente ans après la promesse -jamais tenue- du maire de l’époque Jacques Chirac de se baigner dans la Seine, la perspective des Jeux olympiques de 2024 a fait bouger les choses à Paris.

L’État et les collectivités locales ont investi 1,4 milliard d’euros pour permettre l’organisation des épreuves de nage en eau libre et de triathlon dans le fleuve et, au-delà, l’ouverture de sites pérennes pour le grand public en Île-de-France, prévue dès 2025.

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