Il n’a pas fallu longtemps pour que la nouvelle passerelle pour vélos et piétons accolée au pont de Nogent trouve son public. À peine le ruban tricolore coupé ce samedi, les promeneurs l’avaient déjà investie, malgré le froid glacial. Il ne reste plus qu’à améliorer son accessibilité. Découverte en images.
C’est l’aboutissement d’un gros chantier en deux étapes, et d’un serpent de mer que l’on crut ne jamais voir aboutir. Depuis les années 1960, le pont reconstruit entre Nogent-sur-Marne et Champigny-sur-Marne, au niveau de l’Ile aux loups, suscitait des bouchons à n’en plus finir en raison des entrecroisements de flux côté Champigny, régulés par une multitude de feux tricolores. Un carrefour dit “à l’indonésienne”, qui n’a pu être simplifié qu’en créant un nouveau pont, au-dessus de l’autoroute cette fois, afin de décroiser les flux. Au passage, le pont de Nogent a également été rénové. Ce premier chantier, réclamé dès les années 1980 par les élus, a abouti à la fin des années 2010 après que son financement fut bouclé. Il représente un investissement d’environ 50 millions d’euros essentiellement financé par l’Etat et la Région, avec une participation du conseil départemental.
Après les voitures, les piétons et les vélos
Afin d’offrir aux piétons et cyclistes une traversée plus agréable que le trottoir de ce pont quasiment autoroutier, où défilent quelque 80 000 véhicules chaque jour, un second projet a émergé au début des années 2000, sous l’égide du département. Au programme : une passerelle encorbellée au pont de Nogent, du côté aval de la Marne. Objectif : relier le port de plaisance de Nogent, la piscine, le RER E…, au vaste parc interdépartemental du Tremblay, et, au-delà, au centre de Champigny et à Saint-Maur sans avoir à contourner la boucle de la Marne. Cette passerelle facilite aussi les liaisons entre les deux bords de rivière, prisés des promeneurs, même si un passeur de rives officie déjà les week-end durant la belle saison.
Dessinée par l’agence Lavigne Cheron, la passerelle est double, composée d’une liaison à plat au niveau haut, à la hauteur du pont, doublée d’une traversée en deux arcs d’escaliers qui partent des quais et se connectent au pont haut.
Une architecture en deux arcs qui rend hommage au tout premier pont de Nogent, construit à la fin du 19ème siècle (voir ci-dessous) avec trois travées métalliques.
De chaque côté, le niveau haut de la passerelle est également relié au trottoir existant du pont de Nogent.
12 millions d’euros
Au total, le projet a coûté 10 millions € HT (12 millions € TTC), financés par le conseil départemental avec des subventions de l’Etat (2 millions € au titre du fonds mobilité active), du conseil régional d’Ile-de-France (1 million €), de la Métropole du Grand Paris (MGP) (1,7 million €). Pour le réaliser, le département a délégué la maîtrise d’ouvrage à l’Etat, via la Dirif (Direction des routes d’Ile-de-France), déjà aux commandes pour le pont de Nogent.
Un point noir : l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite et aux cyclistes
Reste un point noir à ce stade, une accessibilité perfectible de part et d’autre de la passerelle. Pour les valides et les cyclistes en pleine forme sur vélo léger, aucun problème. Pour les personnes à mobilité réduite et les vélos plus encombrants, la situation est plus compliquée. Côté Nogent niveau haut, il faut continuer à prendre le trottoir, encombré de divers éléments, comme un large panneau publicitaire, avant d’accéder à la passerelle. De part et d’autre, côté quais, il n’y a pas de rampe pour accéder à la passerelle haute, mais uniquement des escaliers, voir ci-dessous. À Nogent, la rue qui remonte dispose par ailleurs d’un trottoir étroit, bordé de potelets pour éviter le stationnement sauvage. Le trottoir s’achève par un virage avec dénivelé en épingle à cheveux au milieu des taillis pour déboucher sur le trottoir du pont, qui mène ensuite à la passerelle.
Fin 2022, le maire de Nogent, Jacques J-P Martin, a tapé du poing sur la table en refusant l’inauguration qui devait se tenir le 3 décembre tant que cette question n’était pas discutée. Ce samedi 21 janvier encore, l’antenne locale de Mieux se déplacer à bicyclette a menacé de venir manifester jusqu’à ce qu’un rendez-vous avec la préfecture ne se débloque mercredi prochain, explique Vincent Gaillot, à la tête du collectif, venu sensibiliser à la question lors de l’inauguration.
Pour parfaire les accès, un ascenseur pourrait être installé côté quai, pour rejoindre directement la passerelle avec son vélo ou son fauteuil roulant. “L’ascenseur, c’est une fausse bonne idée, ça se transforme vite en urinoir et ça tombe souvent en panne. Mieux vaudrait une bonne rampe”, suggère un cycliste ingénieur, spécialiste de cette question dans les gares.
Par ailleurs, une voie cyclable devrait partir des quais pour remonter la rue de Nazaré puis le boulevard Albert 1er jusqu’au RER E.
Ces finitions nécessitent toutefois une rallonge budgétaire. Ce samedi matin, les représentants de tous les financeurs de la passerelle se sont montrés confiants dans un “dialogue constructif” pour trouver des solutions. Reste, bien sûr, à définir la participation de chacun, entre Etat, Région, Département, villes, Métropole du Grand Paris.
Amélioration globale des franchissements de la Seine et de la Marne
Au-delà de Nogent et de Champigny, cette liaison douce s’inscrit dans un schéma plus global d’amélioration des franchissements de la Seine et de la Marne, a rappelé Olivier Capitanio, président du conseil départemental. Et de citer la création de pistes cyclables entre Vitry-sur-Seine et Alfortville, déjà achevées, la rénovation des ponts Nelson Mandela entre Ivry-sur-Seine et Charenton-le-Pont, qui sera complétée d’une rampe cyclable allant jusqu’au bois de Vincennes d’ici le printemps, et encore le futur franchissement pitéon-cycles entre Ablon-sur-Seine et Vigneux, en Essonne, prévu pour 2025. De son côté, Laurent Jeanne, maire de Champigny, a évoqué le passage flottant permettant de passer sous le pont de Champigny (qui va à Saint-Maur) à un endroit où le passage terrestre est trop étroit, pour éviter aux cycles d’avoir à faire tout un détour. Un projet dont le chantier est déjà en cours.
La baigneuse s’est fait piquer la vedette
En dessous du pont de Nogent, la baigneuse qui jouait les figures de proue a perdu le premier plan. Mais les promeneurs qui empruntent les escaliers peuvent désormais la voir de plus près. Cette œuvre monumentale de Gaston Cadenat (1905-1966) a été offerte lors de la reconstruction du pont dans les années 1960.
Nous sommes le 2 février 2024, j’ai 70 ans et pour la première fois j’ai pris la passerelle ce matin…il n’y a rien qui signale les différents niveaux (petites marches) par exemple de couleur rouge. On ne voit rien et on l’impression que c’est plat…donc je suis tombée à plat ventre et mes genoux ont été gravement atteints !!!!! Et j’ai failli perdre mes clés entre le claire-voie des marches !!!! À qui dois je faire ma déclaration d’accident !
Plutôt que des escaliers parallèles à la passerelle, il eut été efficace de faire des rampes en pente douce parallèles à la berge de la Marne, ainsi utilisables par tous, piétons, cyclistes, poussettes, valises à roulettes, fauteuils roulants, personnes âgées ou fragiles,…
Comment est-ce possible, et acceptable, qu’une telle réalisation avec tant d’interlocuteurs, de partenaires, un tel budget, et sur de longues années, un encadrement de l’Etat et de la Région, ait pu aboutir à ça !? Incompétences et gâchis et usages incomplets.
A l’inauguration, il aurait pu être demandé à Madame Pecresse de monter les marches avec une poussette/enfant, puis descendre avec un vélo un peu lourd et terminer en l’interrogeant comment accéder avec un fauteuil roulant.
Tout à fait OK avec vous. C’est d’ailleurs exactement ce qu’avait dit l’association Partage Ta Rue 94 il y a plusieurs années juste après la présentation du projet, bien avant que la construction ne commence. Notre association avait réclamé une liaison en pente douce avec le chemin de rive coté Champigny car les concepteurs du projet avaient tout simplement oublié cette voie très empruntée par les cyclistes. PTR94 avait aussi avancé un contre-projet pour améliorer l’accès PMR et cyclistes coté Nogent, dans lequel nous proposions de remplacer l’ascenseur par une rampe en pente douce vers la rue qui se trouve en contrebas de la D86.
Ces suggestions ont été royalement ignorées. Il est vrai que cela aurait obligé le département à collaborer vraiment avec VNF coté Champigny et avec la ville de Nogent. Cela aurait sans doute exigé d’ être un peu plus économe sur la passerelle elle-même pour financerla construction des rampes : en juxtaposant un niveau horizontal et un escalier qui monte et descend l’architecte et le maitre d’ouvrage se sont fait plaisir avec une passerelle couteuse mais ils n’ont pas pour autant satisfait le besoin d’accéder correctement à cette passerelle pour les cyclistes et PMR.
En total accord avec vous
Valérie Alstom se déplace uniquement en voiture de fonction.
Je pensais qu’il était illégal depuis la loi de février 2005 que l’argent public soit utilisé pour financer un équipement qui ne soit pas parfaitement accessible aux personnes en situation de handicap.
Il faut préciser que la “passerelle haute” est bien entièrement accessible aux cycles et autres poussettes ou fauteuils roulants, sans aucun escalier, mais au prix d’un long détour et du franchissement peu confortable d’un trottoir étroit et d’une haie côté Nogent, puis d’un virage en “épingle à cheveux” et d’un cheminement sur trottoir haut le long des voies de circulation avec un itinéraire partagé piétons/cycles non balisé, avant de rejoindre la partie “horizontale” de la nouvelle passerelle qui est, elle, parfaitement cyclable. Cela reste donc peu satisfaisant, mais on ne peut pas non plus dire que ce soit inaccessible, ou que ce soit une régression par rapport à l’état antérieur. Certaines photos ci-dessus montrent la partie “en arches” de la passerelle, qui est un cheminement alternatif entièrement en escaliers ajourés, optionnel, pour accéder au “balcon” d’observation au ras de l’eau. La traversée peut cependant se faire entièrement sur la moitié horizontale de la passerelle, où le plancher est jointuré et plat de bout-en-bout. (voir ci-dessus photo “passerelle haute côté Champigny”, où l’on voit bien qu’il y a aussi un tracé plat sans aucun escalier)
C’est très juste, les arches piétonnes sont faites pour une utilisation “ludique”, un piéton qui se déplace de A à B restera sur la partie plate “cyclable”.
Reste le problème de l’accès aux BdM à Champigny…déjà ils ont rouvert le “mauvais chemin” fermé pendant les travaux ! Il sera peut-être aplani mais restera etroit. La solution viendra peut-être du fameux parc annoncé côté Champigny mais ça fera un détour et à quelle échéance ? Dommage que l’article n’en parle pas.
Merci pour vos précisions.
Pas d’igratitude, voici déjà une efficace amélioration .
J’ai sans doutes mal compris l’article… je me rendrai sur place pour me faire mon opinion. Merci
Toutes ces années à attendre la passerelle et rien n’est prévu pour les cyclistes, les poussettes et les fauteuils!!! Inimaginable!
Les escaliers ajourés ne sont pas adaptés aux personnes sensibles au vertige de plus les risques de pertes d’objets ( lunettes, clés etc ) tomberons directement dans la marne, il serai souhaitable de placer un filet protecteur sous les escaliers ajourés.
Et les poussettes ? Monter/descendre escaliers avec la poussette ? Comment ça se passe ?
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.