Stylisme, photographie, décors graphiques… les multiples spécialités des lycées professionnels de l’Académie de Créteil étaient de nouveau à l’honneur le temps d’une journée à l’occasion de l’Art’Expro 2023 à Saint-Denis, le 6 avril. Arlette, Ibtissem, Léonie, Assia et encore Méline, y ont présenté leurs œuvres, et confié leurs rêves. Rencontre.
Près du stand du lycée Eugène Hénaff de Bagnolet, Arlette se promène habillée d’une robe noire, d’un voile et d’un bouquet. “J’ai customisé la robe. J’ai peint des flammes et j’ai collé des strass sur le col. Certains ont travaillé sur des vestes ou des pantalons”, détaille l’élève bientôt titulaire d’un brevet des métiers d’art (BMA) en graphisme et décor.
Dans la salle de la Légion d’honneur, Arlette et ses camarades du CAP Signalétique et décors graphiques présentent les travaux réalisés en classe. “Le CAP nous forme à la conception de supports visuels pour les espaces de vente d’entreprises. Cela concerne les panneaux publicitaires, les vitrines d’enseignes, les stands et les véhicules”, explique la lycéenne de 19 ans. Arrivée en France il y a sept ans, Arlette n’envisageait pas de suivre un CAP. “Je voulais être architecte mais mes professeurs m’ont dit que je ne pouvais pas. À cette époque, je ne maîtrisais pas bien le français, ils m’ont assuré que ça allait être difficile d’intégrer un lycée général. Comme j’aimais l’art, ils m’ont conseillé de m’orienter vers les filières professionnelles d’art. J’ai choisi de suivre ce CAP, car c’est ce qui se rapprochait le plus de l’architecture”, raconte la jeune fille, originaire d’Amérique latine.
“Beaucoup pensent qu’ils vont être totalement libres de créer ce qu’ils souhaitent. En réalité, c’est le client qui a le dernier mot”
Si elle apprécie la formation, elle admet que ce n’est pas le cas de tous. “Je sais qu’il y a des élèves qui abandonnent parce qu’ils n’imaginent pas ça. Beaucoup pensent qu’ils vont être totalement libres de créer ce qu’ils souhaitent. En réalité, c’est le client qui a le dernier mot, si ça ne lui plaît pas, il faut recommencer.” Chez d’autres, c’est le manque d’information qui les empêche de candidater : “On entend souvent des jeunes dire qu’ils aimeraient faire le CAP, mais qu’ils ne savent pas dessiner. On leur répond qu’il ne faut pas forcément savoir dessiner. Il y a un volet numérique où ils apprennent à manier des logiciels de design et des imprimantes 3D”, assure l’une des professeures d’Arlette.
“J’aime tellement qu’il m’arrive de venir à l’atelier les heures où je n’ai pas cours”
À l’extérieur, la jeune fille retrouve une lycéenne en ébénisterie, Ibtissem. “En ce moment, je travaille sur un coffret à montre en ébène de macassar. On ne travaille pas que le bois. On peut utiliser du vinyle ou du tissu”, souligne la jeune femme de 22 ans, tout en montrant un des travaux. “Avant mon BMA, (Brevet des métiers d’art) j’étais en licence. J’ai quitté la fac parce que j’en avais marre. J’ai toujours eu dans un coin de ma tête cette histoire d’ébénisterie, mais mon entourage me disait que ça pouvait attendre. Maintenant, je fais ce que je veux, vraiment. J’aime tellement qu’il m’arrive de venir à l’atelier les heures où je n’ai pas cours”, confie-t-elle en riant.
En première photographie au lycée Suger, Léonie abonde. “En seconde, j’avais de mauvais résultats et je n’étais pas heureuse. Depuis que je suis en photographie, je m’épanouis. Je ne regrette pas d’avoir quitté la filière générale.” Une orientation conseillée par sa CPE (Conseillère principale d’éducation) qui lui a suggéré de quitter la voie générale. “Au vu de mes notes, elle pensait que ça allait être difficile pour moi de décrocher mon bac. Comme j’aimais la photographie, elle m’a parlé de cette formation.” Le point positif, selon elle : une grande liberté dans la pratique de la photographie. “On tente des choses dans le studio, puis on voit si ça fonctionne !”
Assises à leur stand, Méline et Assia, élèves en mode, présentent une maquette résumant leur travail autour des fonds marins. Un projet mené par les Terminales du lycée Marx Dormoy de Champigny-sur-Marne, après une visite à l’aquarium de Paris. “Il était prévu qu’on confectionne les vêtements en grandeur nature, mais on n’a pas eu le temps”, explique Assia en montrant les poupées mannequins qui portent les tenues confecionnées par les élèves.
Passionnées de mode, Assia et Méline ne voulaient pas faire autre chose. “J’aime la mode depuis que je suis petite. J’ai appris à coudre à dix ans grâce à ma mère et ma grand-mère. Je me suis toujours vue travailler dans la mode”, se souvient Méline. Elle a pourtant dû affronter la réticence de ses parents. “Quand je leur ai dit que je faisais un bac pro mode, ils n’étaient pas d’accord. Ils ont fini par acceptée quand ils ont vu que j’étais prise au lycée Marx Dormoy.”
“J’espère intégrer une école de mode l’année prochaine”, affirme Méline. Les deux copines projettent de créer leur propre marque de vêtements à la fin de leurs études. D’ailleurs, Assia confectionne déjà des pièces pour sa future marque, “de style streetwear”. “J’ai déjà fabriqué un ensemble de jogging. Je travaille dessus pendant mon temps libre, mais ça ne va pas se faire tout de suite”, avoue timidement la jeune fille.
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