La police a lancé l’évacuation des 200 occupants d’une tour de Sarcelles ce lundi 18 décembre. Plusieurs incendies mortels s’étaient déclarés dans ces bâtiments devenus insalubres.
Après plusieurs mois de procédure judiciaire, la préfecture du Val-d’Oise et la mairie de Sarcelles ont commencé à 07H00 du matin l’évacuation des habitants de la tour Guyenne, située au complexe des Flanades.
L’insalubrité de cette copropriété privée fait peser, selon une récente expertise, un “danger grave et imminent pour les occupants et les tiers” en cas de départ de feu.
En commençant par le 17e et dernier étage, les équipes de fonctionnaires évacuaient un à un les appartements avant d’y apposer des scellés. Des barnums ont été dressés dans le centre commercial, au pied de la tour, pour prendre en charge les évacués qui ont emporté dans le calme sacs et valises.
Avec sa femme et ses deux enfants, Lounes vivait dans un F3 divisé en deux par le propriétaire, avec l’autre moitié louée à une seconde famille de cinq personnes. Malgré un exorbitant loyer de 900 euros pour une trentaine de mètres carrés, ce chauffeur de taxi ne part qu’à contre-coeur.
“C’est très compliqué de trouver (un logement). Si on n’a pas une fiche de paye qui fait trois fois le loyer, on a du mal avec les agences”, a relaté ce chauffeur de taxi qui n’a pas souhaité donner son patronyme.
Copropriété à la dérive de 67 logements, endettée à hauteur d’un million d’euros, la tour Guyenne est l’une des quatre tours d’habitations de l’ensemble des Flanades, un complexe urbain construit en 1972 au centre du Grand Ensemble de Sarcelles. Gérée par un syndic défaillant, ses occupants étaient étranglés par des charges de 600 euros par mois.
Délabrement
“L’écrasante majorité des gens est coopérative. On a prévu un gros dispositif, à la fois de sécurité technique mais aussi d’accueil, d’accompagnement, dans les meilleures conditions de respect des personnes, de dignité”, a déclaré à l’AFP le maire PS Patrick Haddad.
Vers 10H30, 130 habitants avaient déjà quitté la tour, selon le préfet Philippe Court, également présent.
Les occupants titulaires d’un titre de propriété ou d’un bail à leur nom peuvent bénéficier de six mois d’hébergement temporaire en attendant de trouver un nouveau logement.
Plusieurs appartements visités par l’AFP présentaient une profusion de lits et de matelas caractéristiques des appartements loués par des marchands de sommeil, dont la présence a été régulièrement signalée dans cette tour. Seulement sept propriétaires y habitaient aussi.
La cage d’escalier était constellée de mégots et de canettes de bière éventrées, avec par endroits des traces de feux aux murs. Des détritus s’entassaient dans la colonne sèche.
En raison du délabrement des tuyaux du chauffage central de la tour, celui-ci était coupé depuis près d’un an. Les habitants étaient donc obligés de se chauffer avec des radiateurs électriques d’appoint.
“Nous étions en train de dormir lorsqu’ils ont enfoncé la porte et nous ont braqué des lampes-torches dessus en nous disant Debout, debout!. Sommes-nous des terroristes?”, s’est irrité auprès de l’AFP Mohammed Zain Ul Abdin, un Pakistanais de 23 ans.
Faute de bail à son nom, ce peintre en bâtiment ne sait pas où il crèchera cette nuit: “peut-être dans la rue ou sous un abribus”.
Cette évacuation a été accélérée par les récents incendies mortels survenus dans des bâtiments dégradés qui on fait dix morts à Vaulx-en-Velin, près de Lyon, et trois morts à Stains (Seine-Saint-Denis).
Après son évacuation, la tour Guyenne sera “recyclée” en étant reprise par un bailleur social qui bénéficiera d’une aide financière de l’ANRU (Agence nationale pour la rénovation urbaine) pour la réhabilitation.
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