Sur la vitrine, l’inscription “Au revoir… et merci” en lettres majuscules laisse peu de place au doute : The Conran Shop, magasin d’ameublement et d’objets de décoration emblématique de la Rue du Bac, à Paris, a définitivement baissé son rideau de fer.
À l’intérieur ce mercredi, le lieu est déjà quasiment vide, mis à part quelques tréteaux, planches et sacs en papier qui jonchent le sol. Des employés s’activent dans un ballet de chariots et de diables, transportant des objets entourés de papier bulle.
The Conran Shop France, concept-store spécialisé dans les objets de design et unique boutique française de la marque britannique, “cesse ses activités” après plus de 30 ans d’existence dans les anciens entrepôts du Bon Marché, selon son site internet.
Depuis la fin du mois de novembre, l’enseigne procède à une liquidation totale de ses stocks, comme l’annonce un récépissé collé sur la vitrine.
Un contexte peu porteur
Un sort qui menace aussi l’enseigne Habitat et ses 25 magasins en France, placé en redressement judiciaire. Ses administrateurs ont demandé mercredi la liquidation et le tribunal de commerce de Bobigny doit se prononcer le 28 décembre.
Si les deux sociétés ne sont plus liées aujourd’hui, elles partagent un fondateur commun, le designer Terence Conran, décédé en 2020.
“On a ressenti beaucoup de tristesse de la part des clients ces derniers jours, avec des mots qui dépassent la relation client habituelle. On nous a parlé de mélancolie, voire de choc”, confie un des employés de longue date du Conran Shop, préférant rester anonyme.
Il attribue la fermeture à “un contexte général compliqué pour le milieu” du commerce de détail, ainsi qu’à une “forte inflation”.
“J’ai vu sur Internet que le magasin allait fermer, j’étais venu voir ce qu’ils proposaient en destockage”, lâche, déçu, Pierre Azam, 22 ans, devant le magasin fermé. “C’était quand même un bel endroit avec de belles pièces… c’est étrange cette fermeture.”
“Cela faisait 30 ans que The Conran Shop existait, c’est vraiment très triste”, confie Laurent, un habitué du magasin.
Le commerce de détail, notamment prêt-à-porter, traverse depuis plusieurs mois une profonde crise.
Camaïeu, Kookaï, Naf Naf Gap France, André, San Marina, Kaporal, Don’t Call Me Jennyfer, Du Pareil au Même et Sergent Major… de nombreuses marques bien connues des consommateurs français ont souffert d’un cocktail détonnant : pandémie, inflation, hausse des coûts de l’énergie, des matières premières, des loyers et des salaires ou encore concurrence de la seconde main et de la fast fashion en ligne.
N'envoyez que des photos que vous avez prises vous-même, ou libres de tout droit. Les photos sont publiées sous votre responsabilité.