Prolongement des lignes 1, 10, 11, E, nouveaux tramways, téléphérique, maillage par bus… Les projets de nouveaux transports en Ile-de-France ne manquent pas, mais leur planification était bloquée en raison du retard pris par l’État dans ses négociations avec les régions, reportées après la présidentielle de 2022. Alors que le ministère des Transports vient de sortir du flou, les arbitrages vont commencer. Une période âpre s’annonce.
Pour rappel du contexte, le financement des grands investissements locaux passe en partie par des contrats de plan Etat-Région (CPER) sur cinq ans, financés par l’Etat et les régions, qui détaillent les projets concernés. Le volet transport de ces CPER en est le gros morceau. Et tant que celui-ci n’est pas signé, des grands projets restent en suspens. L’annonce du ministère va donc enfin débloquer la situation, mais aussi amorcer la douloureuse phase d’arbitrage.
Au total en France, l’Etat a annoncé une enveloppe de 8,6 milliards d’euros pour la période 2023-2027. Une somme qui doit être complétée d’autant par les collectivités locales. Selon le ministère des Transports, ce montant est en hausse de 50% par rapport aux contrats conclus sur la précédente période (2015-2020, prolongée jusqu’en 2022), .
Dans le détail, 2,5 milliards d’euros sont prévus pour le ferroviaire, pour maintenir les petites lignes, développer le fret et moderniser les gares, qu’il faut notamment rendre plus accessibles, un chiffre en hausse de 90% par rapport aux précédents contrats. Les futurs RER métropolitains bénéficieront de 800 millions d’euros. Les transports collectifs doivent parallèlement obtenir 2,6 milliards.
Les grands projets, comme la modernisation du réseau ferré ou les nouvelles lignes à grande vitesse, ne sont, en revanche, pas compris dans les CPER, et “bénéficient de financements ad hoc”, a indiqué Clément Beaune, ministre des Transports.
Au-delà du ferroviaire et des transports collectifs, qui représentent un peu plus des deux tiers des investissements annoncés par l’Etat, le développement des véloroutes sera doté de 200 millions d’euros, le transport fluvial de 400 millions et les ports de 500 millions.
Les routes, en revanche, sont volontairement négligées, avec une enveloppe réduite de moitié à 1,6 milliard d’euros sur la période 2023-2027 “afin de dégager les marges de manœuvre nécessaires aux financement des modes de transports décarbonés”.
“Un peu de déception et beaucoup de soulagement” pour Valérie Pécresse
Le ministère des Transports n’a pas communiqué la ventilation envisagée par région mais le montant prévu pour l’Ile-de-France est de 3 milliards d’euros, a fait savoir Valérie Pécressse, la présidente de région et de son autorité des transports, Ile-de-France Mobilités (IDFM). “Un peu de déception et beaucoup de soulagement”, a-t-elle réagi, en marge du lancement des essais dynamiques du tram-train T12, à Evry-Courcouronnes. “Déception” car elle demandait 4 milliards à l’Etat –sur un programme d’investissements de 10 milliards–, et “soulagement car le Conseil d’orientation des infrastructures proposait 2 milliards”. “Nous avons obtenu 3 milliards pour l’Ile-de-France, et le retrait de la ligne nouvelle Paris-Normandie” qui sera financée à part, a-t-elle commenté auprès de l’AFP.
En février, les collectivités locales d’Ile-France avaient proposé de mettre 6 milliards d’euros sur la table, demandant 4 milliards d’euros à l’Etat. (Voir notre article détaillé sur le sujet) Pour rappel, le précédent volet transports du CPER Ile-de-France, 2015-2020, prévoyait 5,3 milliards d’euros dont 1,9 milliard par Etat et 3,4 milliards part Région. (Lire article plus détaillé)
Pour la gauche communiste, “le compte n’y est toujours pas”
“Il est nécessaire de mobiliser 10 milliards d’euros sur la période 2023-2027 pour les seuls « coups partis »
c’est-à-dire les projets en chantier, sur le point de l’être ou à l’étude. Or, malgré les conséquences considérables sur les projets (phasages comme le prolongement du T1 à l’Est, saucissonnage des conventions de financement, reports voire abandons en catimini comme sur le T12 à Versailles…), le compte n’y est toujours pas !”, alertent pour leur part les élus communistes de la région, dans un communiqué, s’inquiétant également de ce que la participation de 2 milliards d’euros de la Société du Grand Paris pour la modernisation des RER, ne soit pas reconduite. “Il serait irresponsable de ne pas être au rendez-vous à l’heure de l’urgence climatique. Investir massivement dans les transports publics est vital pour la
planète”, plaident les élus.
L’heure du tri
La présidente de région a prévu de réunir prochainement les élus locaux pour faire un tri entre les projets qui pourront être financés et les autres. Des arbitrages qui seront forcément douloureux car les études non financées dans ce CPER reporteront les projets de plusieurs années.
Voir la carte de tous les projets en Ile-de-France
“L’objectif est de signer tous les contrats d’ici l’automne”, a précisé Clément Beaune.
Et après les investissements, le fonctionnement…
Une fois négociés les investissements prioritaires en termes de nouveaux transports, il restera à s’accorder sur le financement de leur exploitation. Un autre dossier, qui n’est pas lié au CPER, mais n’en est pas moins explosif.
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