Environnement | Val-de-Marne | 03/10/2023
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Financer l’économie circulaire en Val-de-Marne : un cocktail de solutions

Financer l’économie circulaire en Val-de-Marne : un cocktail de solutions

Prêt d’honneur, subvention, crédit de plus long terme, prise de participation, crédit d’impôt… Les solutions de financement des projets d’économie circulaire ne manquent pas. Tour d’horizon et mode d’emploi.

Comment financer l’économie circulaire ? Tel était le thème de l’une des tables rondes organisées par la CCI du Val-de-Marne en juin dernier, à l’occasion d’une matinale thématique.  Car“le financement, c’est le nerf de la guerre”, a résumé d’entrée de jeu Patricia Fouré, responsable des partenariats à la CCI du Val-de-Marne, pour lancer la discussion. Une condition sine qua non pour se développer, à explorer dans toutes ses dimensions.

Aide bancaire, subvention, partenariat avec un opérateur de financement, prêt d’honneur, participation au capital, crédit d’impôt… les options de financement sont, en effet, diversifiées, y compris dans le secteur de l’économie sociale et solidaire (ESS) dans lequel s’inscrivent de nombreux projets d’économie circulaire. Ces solutions se complètent et se cumulent. Étudier l’éventail des possibilité afin de composer son propre mix, adapté à son modèle de croissance, constitue donc la première étape, plutôt que de s’enfermer dans une seule option ou d’avancer à tous petits pas.

Cet article s’inscrit dans le cadre d’une série consacrée à l’économie circulaire dans le Val-de-Marne, réalisée avec le soutien de la Chambre de commerce et d’industrie du Val-de-Marne et de l’Agence de la transition écologique (Ademe).
La CCI 94 développe actuellement un accélérateur d’économie circulaire à l’attention des acteurs économiques du département. Pour plus d’informations, contacter Patricia Fouré, responsable partenariats et projets circulaire (pfoure(a)cci-paris-idf.fr)

Au niveau de l’État notamment, le plan France 2030, doté de 54 milliards d’euros et qui doit être déployé sur cinq ans, fait partie des leviers, a rappelé Julie Lamy, responsable régionale du pôle financement de la CCI Paris Ile-de-France qui intervient pour orienter les porteurs de projet. “Car ce plan finance à la fois l’innovation, l’industrialisation et la décarbonation.” Pour les jeunes pousses, il existe par ailleurs beaucoup de dispositifs dédiés aux entreprises en création. À l’instar de la bourse French tech de la BPI (Banque publique d’investissement) pour les entreprises de moins d’un an, détaille Julie Lamy. À ne pas négliger non plus, les initiatives régionales, comme TP’up, PM’up ou encore Innov’up en Ile-de-France.

Confronter son modèle au regard des pros

Pour préparer les structures au grand oral des prêteurs ou investisseurs, la Chambre de commerce du Val-de-Marne a mis sur pied son propre collège des financeurs, composé d’un groupe de spécialistes (chefs d’entreprise, experts-comptables, banquiers, associations de microcrédit…) qui constituent un jury d’experts. À l’occasion de sessions d’une demi-journée, les porteurs de projet se confrontent à leur regard acéré. Une opportunité de défendre son projet et sa cohérence, son modèle économique, de préciser son besoin de financement, puis de recueillir les avis et conseils du jury et bénéficier d’une mise en relation avec des professionnels du financement. “Cela aide les entreprises à se préparer de manière réaliste, à disposer d’une analyse critique et d’une évaluation approfondie de la viabilité et de la cohérence du projet”, développe Vanessa Gomes-Moreira, conseillère création et développement des jeunes entreprises à la CCI94.

Prêts d’honneur, garantie bancaire

Pour les structures, l’intérêt de frapper à plusieurs portes est de faire levier, en obtenant des premières sommes qui permettront de pouvoir emprunter un peu plus. Des prêts d’honneur de quelques milliers ou dizaines de milliers d’euros, par des associations réputées, permettent d’aller voir des banquiers. C’est ce que propose le réseau associatif France Active. “Nous ne sommes pas une banque et intervenons en cofinancement, jamais seuls. Nous travaillons, par exemple, avec la Nef ou le Crédit Coopératif, détaille Pierre Capron directeur du financement de France Active Metropole. Les moyens varient en fonction de l’impact, à commencer par des prêt d’honneur à taux zéro en phase de démarrage, puis des financements plus importants, toujours en cofinancement avec des partenaires, collectivités locales et banques.” Cela peut passer par des garanties d’emprunt bancaire, qui ont toutes une durée maximale de 7 ans et un coût de 2 % du montant, avec un différé d’amortissement de 2 ans.

Court et long terme : du coup de pouce à la prise de participation

Le court et le long terme, le Crédit coopératif, qui appartient à 113 000 sociétaires et sert 420 000 clients, majoritairement des associations, dont beaucoup relèvent de l’économie sociale et solidaire, l’a pensé avec sa filiale Esfin gestion. Celle-ci se présente comme un partenaire en capital investissement des entreprises de l’ESS, avec “la possibilité d’être patient”, précise Jessica Chaptal, chargée d’affaires. “Nous avons deux fonds, l’un finance l’ESS en Île-de-France, l’autre à l’échelle nationale.” Concrètement, InvEss IDF, le fonds francilien, est une société coopérative de capital investissement qui investit sous forme de titres participatifs, d’actions ou d’obligations. Les montant de la participation varie de 100 000 à 300 000 euros. Le fonds a, par exemple, contribué à financer la Scic Envie Autonomie, dédiée au reconditionnement du matériel médical, associé à d’autres investisseurs.

Parmi les porteurs de financement fréquemment dans le tour de table également : la Nef, coopérative bancaire de 40 000 sociétaires et 80 000 clients, qui soutient les projets de transition écologique et sociale. “Nous finançons plusieurs centaines de projets chaque année, sur le marché de la bio, des énergies renouvelables, des produits éco-conçus, des recycleries… “, détaille Mathieu Greget, banquier itinérant de la Nef. L’établissement, dont le siège est situé dans le Rhône, n’a, en effet, pas d’agences à Paris et travaille avec des “banquiers itinérants”. Concrètement, la Nef intervient sur le financement “à court mais aussi à moyen et long terme, et propose notamment des avances de subvention”, précise Mathieu Greget.

Changer d’échelle

Pour les entreprises, le financement de plus long terme, avec de plus grands montants, permet d’accélérer. “On est passé de 2 à 12, c’est un changement d’échelle intense”, témoigne Florent Blanchard, fondateur de Dod objets, à Ivry-sur-Seine, qui a bénéficié du dispositif TP’up de la région et poursuit avec Innov’up.

Des critères spécifiques à l’ESS

Au-delà de la cohérence des modèles économiques, les investisseurs dédiés à l’ESS priorisent des critères précis. “Nous avons cinq piliers : l’emploi, l’impact social, notamment le lien social dans les quartiers politique de la ville, l’environnement, les territoires et la gouvernance”, liste Pierre Capron pour France Active. Une grille proche au Crédit coopératif, détaille Axel Ondo, chargé d’affaires ESS de la banque, qui cite pour sa part le caractère social et environnemental, la gouvernance et les ressources humaines (salaires, écarts de salaires) et encore l’inclusion, citant l’exemple d’une micro-crèche qui a installé des panneaux solaires et a un partenariat avec une association pour accueillir des enfants en situation de handicap.

Répondre à des appels à projet

Assez nombreux dans le secteur de l’économie sociale et solidaire, les appels à projets ou manifestation d’intérêt constituent également un moyen de se financer et de bénéficier d’accompagnement. “Nous avons soutenu 130 projets pour un montant de 10,3 millions d’euros”, témoigne ainsi Anne Brisset, chargée de mission économie circulaire au conseil régional. Une manne venue d’un réel besoin de la collectivité, identifié par la direction environnement dans le cadre de son plan de réduction des déchets. “Notre axe d’action est la prévention des déchets, leur gestion, l’économie circulaire, la réutilisation et le remploi, l’économie de la fonctionnalité… “, détaille la chargée de mission. Autant d’axes de l’économie circulaire que la région entend donc encourager. “L’économie circulaire touche tous les domaines, économiques et sociétaux”, motive Anne Brisset. Un enjeu tellement essentiel que le dispositif d’appels à projets est régulièrement reconduit, les propositions étant traitées “au fil de l’eau”, portées aussi bien par des associations que des collectivités ou des entreprises. “Pour évaluer, nous regardons le tonnage des déchets évités, l’impact réel sur la gestion des ressources”, détaille-t-elle. Objectif : “développer des boucles locales, dans tous les domaines” car “le réemploi va devenir le standard.”

Voir tous les articles de la série :
Val-de-Marne circulaire # 1 : un enjeu environnemental et économique stratégique
Val-de-Marne circulaire # 2 : Réparer, réemployer, recycler, surcycler… petit tour de l’économie circulaire en Val-de-Marne
Val-de-Marne circulaire #3 : Louer au lieu de vendre : comment la startup Viluso a changé de modèle
Val-de-Marne circulaire #4 : Ambiance Lumière à Alfortville : une PMI à rebours de l’obsolescence programmée
Val-de-Marne circulaire #5 : le vrac n’est pas mort
Val-de-Marne circulaire # 6 : comment Maximum réussit l’upcycling en série à Ivry-sur-Seine
Val-de-Marne circulaire #7 : Économie circulaire en Val-de-Marne : quel modèle économique ? Quel foncier ?
Val-de-Marne circulaire #8 : Économie circulaire en Val-de-Marne : le défi de la déconstruction-reconstruction
Val-de-Marne circulaire #9 : Ta Tiny House invente la maison mobile low-tech
Val-de-Marne circulaire #10 : quel rôle pour les collectivités locales ?
Val-de-Marne circulaire #11  : verdir la culture en maintenant le rêve
Val-de-Marne circulaire #12 : Oser l’économie circulaire ? Retours d’expérience en Val-de-Marne et mode d’emploi
Val-de-Marne circulaire #13 : Financer l’économie circulaire en Val-de-Marne : un cocktail de solutions

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