À Fontenay-sous-Bois, la soirée du jeudi 29 juin a été particulièrement tendue, avec une tentative d’embrasement du nouveau théâtre. C’est dans ce climat électrique qu’une altercation entre élus municipaux de la majorité et de l’opposition s’est conclue par une agression.
Vincent Battal, conseiller municipal délégué de Fontenay-sous-Bois se remet péniblement de sa soirée du jeudi 29 juin. “Le premier jour je ne pouvais pas bouger la mâchoire et j’avais les cervicales bloquées. J’ai un énorme coquard, des migraines très fortes, sans parler du choc psychologique“, énumère l’élu communiste qui s’est vu prescrire sept jours d’ITT (interruption temporaire de travail) et a déposé plainte pour coups et blessures, après son altercation avec l’élu d’opposition Mohamed Targui.
“Ce comportement est particulièrement indigne d’un élu de la République. Le débat public ne peut pas souffrir de telles violences“, dénonce la ville, dans un communiqué publié ce lundi.
Mohamed Targui, élu divers droite (Fontenay avec vous), conteste les faits par la voix de son avocat, Me Franck Serfati. “C’était une altercation bilatérale. C’est parti en vrille du fait du contexte des tensions et de l’actualité brûlante, il y a eu des noms d’oiseau et ils se sont peut-être pris par la chemise, mais mon client n’est pas bagarreur“, défend l’avocat, ajoutant que l’élu a reçu 4 jours d’ITT et a porté plainte à son tour.
À l’origine, une tentative d’incendie du nouveau théâtre
Deux heures avant les faits, vers minuit, le futur théâtre Jean-François Voguet a été attaqué, dans le contexte des émeutes urbaines consécutives à la mort du jeune Nahel, tué par un policier. Armés de barres de fer et de mortiers d’artifice, des jeunes habitants commencent à vandaliser l’équipement et à allumer des feux. La police s’est positionnée plus loin sur le boulevard Gallieni et prépare son intervention.
“Nous étions plusieurs élus à assister à un événement ce soir-là lorsque nous avons été avertis de la situation sur une boucle whatsapp. Nous nous sommes donc rendus sur place pour tenter de raisonner les jeunes“, explique Vincent Battal. En dépit des paroles d’apaisement et des appels au civisme, la tension reste vive. “Un petit groupe semblait à l’écoute mais il restait une cinquantaine de personnes déterminées. Nous avons quitté les lieux lorsque nous avons commencé à nous sentir en danger“, ajoute-t-il. Aux jets de mortiers d’artifice, répondent alors les tirs de gaz lacrymogènes des forces de l’ordre. Une fusée déclenche l’incendie de la toiture d’une maison voisine du théâtre. Les pompiers parviennent à intervenir. Après 1h30 à 2 heures de lutte, les émeutiers finissent par quitter les lieux.
“Vous arrivez après la guerre”
Entre-temps, d’autres élus et directeurs des services municipaux sont arrivés sur place. Avec le retour progressif au calme, un petit groupe s’engage dans des rues parallèles pour accéder au théâtre et constater les dégâts. “C’est à ce moment-là que nous tombons nez-à-nez avec M.Targui, posé à un coin de rue avec cinq ou six personnes, qui me dit, en me regardant dans les yeux – vous arrivez après la guerre“, poursuit Vincent Battal. “C’est après avoir lancé cette formule d’usage que c’est un peu parti en vrille“, confirme l’avocat de l’élu d’opposition.
L’élu de la majorité réagit, rappelant les échanges qu’il a eu avec les émeutiers, avant de poursuivre son chemin avec l’équipe municipale. “Je l’ai vu ensuite marcher vers moi, déterminé, en me disant qu’on ne lui parlait pas comme ça, qu’on allait s’expliquer. Il m’a mis des coups de poing de boxeur puis m’a maintenu la tête. C’est un autre élu, Loïc Damiani, qui est venu m’extirper de son étreinte. Il a alors tenté d’attraper mon collègue“, relate Vincent Battal. Un officier de police supervisant les opérations de maintien de l’ordre est ensuite intervenu pour inviter tout le monde au calme.
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