Faut-il une voie dédiée au covoiturage, taxis et transports collectifs sur le périphérique parisien ? Depuis ce lundi 17 avril, une concertation est ouverte au public, qui a déjà recueilli près de 2 000 commentaires, essentiellement opposés au projet. Explications.
“Non non et non!!!”, pour les uns ou plus sobrement “Non” pour les autres. Les titres des contributions se suivent et se ressemblent. “Le périphérique est un enfer en heure de pointe avec 2 réductions de 4 a 3 voies. Vous souhaitez réduire à nouveau en privatisant une voie supplémentaire… “, conteste Alexandre. “Quid de la banlieue ?” questionne Benji, qui explique travailler en grande couronne et ne pouvoir se passer de voiture pour y aller. “Tout le monde n’est pas bobo designer dans Le Marais et ne peut se placer en trottinette ou en métro”, tacle-t-il. “Halte à la prise d’otage des banlieusards”, abonde Gerald. “Si le périph est parisien, il est utilisé par tous les Franciliens. Et s’il est si encombré, c’est bien parce qu’il est utile ! La voie dédiée est irréaliste étant donné la circulation, cela ne créerait que plus de changements de voies, donc plus d’encombrements”, estime-t-il. “Ce projet est également mauvais pour l’environnement par les engorgements supplémentaires qu’il va provoquer”, exprime Franc-Cilien qui refuse les “voies réservées à certaines catégories d’usagers”, et veut maintenir une vitesse à 70 km/h. “Après avoir tué des jeunes à vélo, vous voulez que les conducteurs franciliens se suicident dans les transports en commun ? Trop de population pour sûr et de bagnoles assurément ! Et pourquoi pas y planter des arbres sur le périph pour en faire une piste de slalom automobile ?”, enrage encore un autre commentateur.
Parmi le flot de manifestations d’opposition au projet, quelques oui se distinguent. “Un grand oui, pour un périph du 21ᵉ siècle”, titre ainsi Emile, pour qui “le périphérique est une vraie cicatrice entre Paris et sa banlieue, laid, polluant, isolant, bruyant.” Pour ce dernier, “avoir une rocade si près de son centre-ville est une véritable aberration” et la première étape doit effectivement être de consacrer une de ses files aux taxis, transports en commun et covoiturages. “Peut-être pourrait-on aussi l’étendre aux voitures électriques ?”, suggère-t-il. “100% oui”, plaide également Pierre. “Je me doute que ça ne peut pas plaire à tout le monde. Mais à un moment on va droit dans le mur si on ne s’adapte pas. On respire une pollution bien supérieure à ce que l’on devrait. Tout ce qui peut aider à nous en préserver et préserver la nature me convient”, défend-il, tout en reconnaissant que cela sera contraignant pour lui aussi. “Oui ! L’A86 doit devenir le nouveau boulevard périphérique !” suggère Nossib.
Saisir l’opportunité des Jeux Olympiques et Paralympiques
Alors que la question de la transformation progressive du périphérique en boulevard urbain se pose depuis de longues années, et conditionne les projets urbains en cours à proximité immédiate, les Jeux Olympiques constituent une opportunité concrète de faire avancer le débat. Durant cette manifestation, en effet, des voies routières seront réservées pour transporter des athlètes, secouristes et autres professionnels accrédités. Une voie du périphérique sera ainsi mobilisée sur une bonne partie de son périmètre, du 1er juillet au 15 septembre 2024. L’occasion de changer les habitudes.
Accessoirement, l’enjeu est aussi financier car les aménagements nécessités par la voie olympique (signalétique, réseau vidéo pour surveiller le respect de l’exclusivité de la route), actuellement chiffrés à 18,7 millions d’euros, seront financés par la Solideo, l’établissement public en charge de la réalisation des ouvrages olympiques. Le coût de l’aménagement du tronçon demandant la participation de la mairie de Paris, s’étendant peu ou prou de la porte de Versailles à la porte de Bercy (environ 9 km), serait quant à lui évalué à 5 millions d’euros par la municipalité.
Un sujet crispant
Reste que les mesures visant à réduire l’usage de la voiture sont encore compliqués à faire avaler, alors que les transports en commun ne permettent pas toujours de relier facilement Paris et sa banlieue, et, surtout, la banlieue à elle-même. Il y a quelques années, la piétonisation des quais de Seine avait suscité la colère, particulièrement chez les habitants de la banlieue. En novembre 2021, une consultation lancée par le Conseil Régional d’Île-de-France avait été sans appel. Les 79 000 participants s’étaient prononcés à 90% contre la création d’une voix dédiée aux transports collectifs.
En parallèle, la pollution de l’air reste un fléau pour la santé publique de l’ensemble de l’agglomération et la transformation urbaine actuellement projetée entre Paris et sa banlieue passe par un boulevard périphérique moins autoroutier. “1,2 million de voitures utilisent le périphérique tous les jours, mais leur taux de remplissage n’est que de 1,1 personne”, motive David Belliard, adjoint EELV à la mairie de Paris. Inclure les covoitureurs dans cette voie réservée permettrait donc de “créer une prime pour ceux qui utilisent leur voiture de manière plus vertueuse”, défend l’adjoint. Tout véhicule avec au moins deux occupants serait considéré comme éligible.
Une voie réservée quand et pour qui ?
Pour la ville de Paris, l’enjeu de la consultation, au-delà du pour ou contre la voie réservée, est d’en préciser les modalités, en particulier sur quatre points : les plages horaires d’activation du dispositif, en semaine et pendant les week-ends ; les catégories d’usagers ayant droit d’emprunter la voie réservée (notamment, faut-il inclure les deux-roues ?) ; la limitation de vitesse sur la voie réservée comme sur les autres voies en période d’activation et les mesures d’accompagnement permettant de faciliter la pratique du covoiturage. Pour l’heure, la municipalité propose les plages de 6h du matin à 11h, puis de 15h30 à 20h.
Concertation mode d’emploi
La concertation publique proposée par la ville de Paris est organisée sous l’égide de la Commission nationale du débat public (CNDP) qui en garantit le formalisme. Il est possible de contribuer en ligne, depuis le 17 avril et jusqu’au 28 mai. Des webinaires thématiques seront organisés les 10 mai et 23 mai à 19h, pour accompagner cette consultation. Les thèmes abordés et les liens pour y accéder ne sont pas encore précisés. (à suivre sur le site de la consultation)
Si la capitale refuse des trottinettes électriques régulées (permis immatriculation signalisation) dont le stationnement prend 25 fois moins de place que les voitures, si elle ne voit pas que des voies dédiées “douces” structurelles sont nécessaires (prolongement avenue de France par ex.), alors, elle ne se donnera les moyens de décongestionner ni le périph, ni la capitale, et, dans ce cas, la voie covoiturage taxi motos risque de ralentir encore le trafic.
Il existe sur cette voie, une “bande moto de fait” entre les deux files de gauche, qui pourrait être matérialisée immédiatement.
oui à une voie dédiée au covoiturage, taxi, 2 roues mais uniquement à condition que des places de stationnement soient créées aux portes de Paris pour faciliter l’accès aux transports en commun des banlieusards.
Aucun intérêt de baisser la vitesse à 50 km/h sur le périph.
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