Partout dans le Val-de-Marne, les forums emploi et jobs dating se succèdent pour permettre aux jeunes de mettre le pied à l’étrier et répondre aux besoins de recrutement massifs des entreprises. Sur le papier, l’équation est simple. Sur le terrain, ces deux mondes sont loin de s’emboiter comme des Legos. Reportage au Forum emploi de Champigny-sur-Marne, qui a réuni quelque 500 personnes mercredi 29 mars.
Mehdi arpente les allées du forum, à la recherche d’un emploi dans l’administration ou la gestion. “Depuis que j’ai eu mon bac pro de gestion et d’administration au lycée Champlain de Chennevières-sur-Marne, il y a deux ans, je n’ai jamais pu trouver de travail dans mon domaine de formation”, explique-t-il en montrant son CV. Dessus : une demi-douzaine d’expériences allant de livreur à agent d’accueil en passant par employé polyvalent. “J’ai déjà eu des CDD et des CDI mais pas dans l’administration. Aujourd’hui, j’ai envie de découvrir de nouvelles choses“, insiste-t-il.
Quel métier ? des jeunes qui se cherchent
Dans de nombreux cas, les visiteurs ont un parcours scolaire tortueux avec plusieurs changements de voies. “J’ai d’abord fait un bac en mécanique, mais ça ne m’a pas plu. Pendant la Covid, j’ai tenté une licence d’histoire mais je n’ai pas accroché non plus, illustre Rafaël. Ensuite j’ai travaillé dans un hypermarché pour mettre un peu d’argent de côté. Maintenant, j’aimerais un emploi sur le plus long terme. Je me renseigne auprès des transporteurs comme la RATP ou la SNCF“, confie-t-il. “Cette année, je termine mon bac pro assistance à la gestion des organisations. Je dois faire mes vœux sur la plateforme Parcoursup, mais j’hésite beaucoup. Je réfléchis à me réorienter vers un métier en lien avec le commerce. Je pense que cela me correspondrait mieux maintenant”, témoigne pour sa part Fatou, candidate à un job d’été dans l’animation.
Parfois, ce sont les stages en entreprise qui font déchanter ces jeunes professionnels. Comme en témoigne Kimberley, en bac pro accompagnement, soin et service à la personne. “Au départ, je pensais que c’est ce que je voulais faire, mais une fois dans la filière, lors de mes trois stages, je me suis rendu compte que je n’aimais pas ça !” Désormais, la jeune femme se projette dans l’immobilier, tout en avouant “ne pas connaître grand-chose du métier.” En attendant, elle est venue chercher un emploi saisonnier,tout comme Thomas, étudiant en licence de géographie et d’aménagement à l’Université Paris-Est Créteil (Upec), qui souhaite être animateur de colonies l’été et a déjà postulé sur le site de la ville, mais estime “augmenter ses chances” en venant sur place.
“C‘est tellement tendu que nous avons embauché à l’étranger“
Du côté des entreprises, associations et collectivités qui recrutent, les besoins ne manquent pas. “Nous installons, programmons et assurons la maintenance des contrôles d’accès, des caméras, des réseaux dans les bâtiments en construction. Il y a beaucoup de travail mais nous n’arrivons pas à recruter, témoigne Alane Sabi, chef de projet chez ADS, une société spécialisée dans la sécurité récemment installée à Champigny-sur-Marne, et qui cherche pas moins d’une quinzaine de salariés. C’est tellement tendu que nous avons embauché à l’étranger. Depuis, nous avons développé une offre de formation en interne afin d’élargir les catégories ciblées. Aujourd’hui, nous avons reçu plusieurs candidatures de jeunes qui sont au chômage ou qui souhaitent une reconversion professionnelle.”
Des postes qui ne collent pas forcément aux attentes
Souvent, le souhait des participants ne correspond pas à ce que les exposants ont à offrir. “Nous proposons des temps complets en CDI alors que les candidats seraient plutôt intéressés par des temps partiels en CDD“, explique Marie, coordinatrice chez Domidom, une entreprise de service à la personne. “Il en est de même des missions. Ils ne comprennent pas toujours qu’un assistant de vie ne fait pas que tenir compagnie.”
“Nous avons beau être une grande entreprise, les jeunes ne nous sollicitent pas”
Avec le recul, des recruteurs réalisent le basculement qui s’est produit au profit des demandeurs d’emploi. “Sur les 30 agences du Val-de-Marne, nous avons une quinzaine de postes à pourvoir et l’on n’y arrive pas, résume un responsable opérationnel local de la Société Générale. Nous avons beau être une grande entreprise, les jeunes ne nous sollicitent pas, c’est à nous d’aller les chercher.” Pour attirer les talents, la banque a modifié sa façon de recruter. “Là où nous fixions des critères de diplômes stricts pour les postes, nous réfléchissons différemment. Embaucher un Bac+5 n’est pas un gage de réussite ni de motivation,non plus que du goût pour le commercial ou la relation clients”, estime le responsable, qui multiplie les opportunités de rencontrer des jeunes à recruter et former.
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