Alors que l’on fête ces jours-ci les 80 ans de la première réunion du Conseil national de la résistance, organisée le 27 mai 1943 par Jean Moulin, quelques semaines avant son arrestation, sa torture et sa mort, la préfecture du Val-de-Marne accueille une expo de plein air sur ses grilles, qui retrace son parcours de haut-fonctionnaire devenu héros de la résistance, mais aussi ses aspirations artistiques.
Haut fonctionnaire, préfet puis résistant, à l’initiative de l’unification des mouvements de résistance et de la constitution du Conseil national de la résistance pour penser le monde d’après la guerre, Jean Moulin, dont les cendres ont été transférées au Panthéon en 1964, incarne aujourd’hui La figure de la résistance.
“Avant cette date, il n’était pas particulièrement mis en avant. C’est à partir de ce transfert au Panthéon que la mémoire du personnage s’est développée et que les commémorations ont démarré“, explique Diane Grillere, professeure agrégée et docteure en histoire, venue commenter l’exposition inaugurée ce mercredi à la préfecture du Val-de-Marne en présence d’élèves du collège Jean-Moulin de Chevilly-Larue.
Les élèves, qui participent au dispositif des cadets de la République, découvrent le personnage avec l’exposition. Aucun d’entre eux n’en a déjà entendu parler. “Ils sont en cinquième. En général, on aborde la thématique à partir de la troisième”, explique un de leurs enseignants.
C’est bien l’enjeu de l’exposition de rappeler cette histoire, en l’incarnant. “Nous lui devons beaucoup ainsi qu’à de nombreux hommes et femmes de l’ombre. Dans ces temps troublés de notre histoire, ils sont restés droits, libres et engagés. Cette exposition nous fait passer un message. Que nous soyons tous dignes individuellement et collectivement de cet héritage et que nous n’oublions jamais“, invite la préfète, Sophie Thibault.
Artiste et résistant
En 16 panneaux, l’exposition revient donc sur son enfance dans l’Hérault, son parcours de haut-fonctionnaire, ses engagements dans la résistance jusqu’à son martyre, mais s’attache aussi à mettre en relief des aspects moins connus comme sa passion pour l’art. Caricaturiste sous le pseudo de Romanin, Jean Moulin est aussi collectionneur d’art. Sa couverture pour motiver ses nombreux voyages durant la guerre sera du reste celle de galeriste.
Faire circuler l’expo pour entretenir la mémoire
L’exposition a été mise à disposition par l’ONaCvG (Office national des anciens combattants et victimes de guerre). L’établissement public, chargé notamment d’entretenir la mémoire des conflits, l’a commandée en 2013, lors des commémorations autour des 70 ans de la mort de Jean Moulin. “Certaines expositions sont régulièrement utilisées comme celle sur la Première Guerre mondiale ou le général de Gaulle, mais pour des personnalités ou des thématiques moins connues du grand public, c’est grâce à ces cycles mémoriels que l’on peut relancer l’intérêt“, commente Philomène Bonhomme, la directrice du service départemental de l’Office.
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