Société | Ile-de-France | 30/10/2023
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Ile-de-France : 75 associations alertent sur les risques d’exclusion liés à la préparation des Jeux Olympiques

Ile-de-France : 75 associations alertent sur les risques d’exclusion liés à la préparation des Jeux Olympiques © Twitter Utopia56

Dans une lettre ouverte au comité d’organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024 (Cojo), 75 associations* alertent sur les risques de “nettoyage social” des rues. Le collectif a projeté cette nuit un message lumineux, “le revers de la médaille“, sur le bâtiment du Cojo, à Saint-Denis.

Le texte a été projeté vers 23h00 sur la façade du Cojo à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), au-dessus du logo Paris 2024 et des anneaux olympiques qui ornent le bâtiment rectangulaire, autour duquel plusieurs dizaines d’acteurs associatifs ont placardé des affiches.

Voir la lettre ouverte

“Exigeons la prise en compte des personnes exclues

PLUS VITE pour vider l’Île-de-France des populations précarisées“, “PLUS HAUT vers l’exploitation des travailleurs sans-papiers“, “PLUS FORT dans la réponse sécuritaire contre les personnes à la rue“, dénoncent les associations sur ces pancartes bleu, orange et rouge placardées dans le quartier du comité d’organisation et sur les plots en béton devant son siège.

ENSEMBLE, exigeons la prise en compte des personnes exclues“, propose une quatrième affiche.
L’expérience des méga-événements sportifs dans le monde révèle un risque avéré de “nettoyage social” des rues. Ce dernier est devenu la procédure standard pour de nombreuses villes hôtes des Jeux Olympiques depuis les années 1980. À ce jour, tout porte à croire que les JO-2024 s’inscrivent dans cette dynamique“, ont écrit lundi plus de 70 organisations dont Médecins du monde ou Emmaüs France dans une lettre ouverte destinée au Cojo, aux athlètes et aux fédérations.

“Il y a un impact négatif des JO sur les personnes à la rue

Les associations s’inquiètent notamment des démantèlements de campements informels en région parisienne, du déplacement “forcé” de sans-abri, des évacuations de foyers de travailleurs immigrés ou encore d’interdictions de distributions alimentaires.

Ça a déjà commencé très fort“, observe Paul Alauzy, porte-parole de l’ONG Médecins du monde pour la région parisienne. “Il y a un impact négatif des JO sur les personnes à la rue, c’est ce revers de la médaille, ce nettoyage social des rues qu’on veut rendre visible : on parle de centaines, voire de milliers de personnes dont on détruit les lieux de vie informels“, explique-t-il devant le bâtiment du comité olympique.

4 100 ressortissants africains déplacés de la Seine-Saint-Denis

Pour les seuls squats et foyers de travailleurs migrants, le collectif Schaeffer, signataire de la lettre ouverte, estime à 4 100 le nombre de ressortissants de pays africains qui ont été déplacés de la Seine-Saint-Denis après le démantèlement de leur lieu de vie. Pour l’essentiel, ils vivent désormais sur les berges du Canal Saint-Denis, selon les organisations qui leur viennent en aide.

À ceux-là s’ajoutent les plus de 1 600 personnes transférées depuis six mois dans des “sas” d’hébergement en régions, ouverts en avril par le gouvernement pour y orienter les personnes migrantes à la rue en Île-de-France, où les situations de campements sont récurrentes et l’hébergement d’urgence saturé. Les autorités ont également tenté d’interdire début octobre les distributions alimentaires dans un quartier populaire du nord de Paris, une décision finalement retoquée en justice.

Lire aussi : À Paris, l’interdiction de distribution alimentaire suspendue

Les conséquences sont “déjà là” et ces exemples ne sont qu’un “avant-goût” des décisions à venir, anticipe Paul Alauzy. “Les politiques qui excluent les populations considérées comme indésirables ont déjà cours depuis longtemps. Les JO n’en sont qu’un accélérateur“, estime-t-il.

“On connaît le terrain et on peut aider

Les organisations hétéroclites qui soutiennent l’action, allant du Barreau de Paris à l’Armée du Salut, en passant par Action contre la faim, en sont certaines : il faut s’attendre à d’autres arrêtés, notamment contre la mendicité ou les travailleuses du sexe.

Hasard du calendrier, quelques heures avant leur action, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin était venu dimanche dans la même ville de Saint-Denis annoncer des moyens de sécurité “décuplés” pour les Jeux, comparé à ceux mobilisés pour le Mondial de rugby.

Les associations, elles, appellent les autorités à “garantir une continuité de la prise en charge des personnes en situation de précarité et d’exclusion, avant, pendant et après les Jeux Olympiques” (26 juillet-11 août). Elles demandent également à intégrer les comités de pilotage des JO. Paul Alauzy défend la demande : “on connaît le terrain et on peut aider à ce que les choses se passent bien“.

* Les 75 associations signataires
Acceptess-T, Acina, Action contre la faim, Aides, Asile, Aux Captifs la Libération, AU68 – Associations Unies du Haut Rhin, BAAM, Barreau de Paris Solidarité, Calais Food Collective, Centre Primo Levi, Cité Caritas, CNDH Romeurope, Collectif Audonien Solidarité Migrants, Collectif Citoyens Fraternels 92, Collectif d’Accès aux Droits, Collectif Schaeffer, Comede, Coucou Crew, CPTS Pantin, Dom’Asile, Emmaüs France, Entourage, Famille France-Humanité, Fédération Addiction, Fédération de l’Entraide Protestante, Fédération des acteurs de la solidarité, Fédération Etorkinekin Diakité, Fondation Armée du Salut, France Fraternités, Groupe Accueil et Solidarité, Habitat Cité, Humanity Diaspo, JRS France, Kolone, L’observatoire des camps de réfugiés, La Chorba, La Cité Fertile, La Cloche, La Gamelle de Jaurès, L’Auberge des Migrants, Le Bus des Femmes, Le CASP, Le Mouvement des Régies, Le RECHO, Les Enfants du Canal, Les Maraudeurs, Les Midis du Mie, Ligue des Droits de l’Homme, Limbo, Médecins du Monde, MIST, Nouvelle Page, Oppélia Charonne, P’tits déjs solidaires, Pantin Solidaires, Paris d’Exil, PASTT, Polaris 14, PROSES, Refugee Food, Robin des Rues, Secours Catholique Caritas France, Singa Global, Solidaires Etudiant-e-s, Solidarité Migrants Wilson, Tara, Tendre la main, Thot, Time To Help, Union des Etudiants Exilés, UniR Universités & Réfugié.e.s, URIOPSS Ile-de-France, Utopia 56, Watizat, Wilson Barbers.

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