Santé | Ile-de-France | 10/07/2023
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Île-de-France : la région fait face à la pénurie de médecins

Île-de-France : la région fait face à la pénurie de médecins © Alterio Felines

Face aux pénuries de certains praticiens, des habitants de l’agglomération se déplacent jusqu’à la capitale, et des Parisiens se voient forcé se rendent dans d’autres arrondissements. Face à cette situation, la ville de Paris et la région Île-de-France tentent de trouver des solutions.

Habitante du nord-est parisien, Yolande Taesch cherche un dermatologue depuis maintenant un an. “Avec ces taches sur la peau, j’ai peur du cancer“, dit cette retraitée de 73 ans qui raconte avoir également “eu du mal” à trouver un cardiologue et un ophtalmologue.

Pourtant, selon les données de la Sécurité sociale en 2022, Paris est de très loin le département le plus dense en médecins spécialistes (646 pour 100 000 habitants). Et le deuxième, après les Hautes-Alpes, pour la densité en généralistes (236 pour 100 000 habitants).

Deux ans d’attente

Mais c’est sans compter les patients des départements voisins, moins bien dotés, qui font le déplacement. Ainsi Anaïs, une habitante de Mitry-Mory (Seine-et-Marne) croisée par l’AFP chez un orthophoniste du XIXe arrondissement, fait-elle deux heures de trajet chaque semaine avec son jeune fils. “Le prix à payer pour avoir un suivi“, estime cette mère âgée de 33 ans, car dans sa commune et aux alentours, “on galère, ils sont tous pris avec deux ans d’attente“.

Intramuros, les inégalités géographiques sont fortes aussi, avec “trois médecins pour 100 habitants dans le VIIIe arrondissement, versus trois médecins et moins d’un généraliste pour 1 000 habitants dans le XVIIIe arrondissement“, souligne l’adjointe à la mairie de Paris chargée de la Santé, Anne Souyris.
Partout dans Paris, leur nombre diminue : depuis 2000, la capitale a connu une baisse de 20% du nombre de ses généralistes, indique-t-elle.

700 médecins partiront à la retraite cette année

Cette année encore, “ce sont 700 médecins généralistes parisiens qui vont partir à la retraite. Et 40% des médecins ont plus de 65 ans”, souligne Pierre-Adrien Hingray, sous-directeur de l’Offre de soins à la mairie, se basant sur la carte de l’Agence régionale de santé (ARS) révisée tous les cinq ans.

Outre un cortège médical plus âgé qu’ailleurs, Paris présente une proportion très élevée de spécialistes (13 500) par rapport aux généralistes (5 000), ainsi qu’une “forte proportion de médecins qui pratiquent des dépassements d’honoraires“, selon un rapport d’élus diffusé à l’automne 2022.

L’aspiration des médecins à une meilleure qualité de vie

À cela s’ajoute un coût de la vie supérieur, notamment le logement, et l’aspiration des médecins à une meilleure qualité de vie, que la pandémie de Covid-19 n’a fait qu’accentuer, estime Catherine Tronca, adjointe à la santé de Paris Centre et elle-même praticienne.

Les jeunes médecins ne sont pas corvéables à merci. Ils ne font plus des gardes de 48 heures à l’hôpital, ils veulent travailler en groupe et privilégient leur vie de famille“, résume-t-elle.
Résultat, “le nombre de généralistes en secteur 1 (sans dépassement d’honoraires) est en chute drastique, et un nombre grandissant de Parisiens n’arrive plus à trouver des médecins“, résume M. Hingray.

Un plan d’aide à l’installation

En 2015, la mairie a lancé un premier plan d’aide à l’installation dans les quartiers désignés comme prioritaires par l’ARS. Un plan qui “a permis l’installation de 300 praticiens de santé en secteur 1“, souligne Anne Souyris. La réforme de ce plan, présentée mardi en Conseil de Paris, prévoit l’élargissement des aides à toute la ville et aux professions paramédicales (kiné, sage-femme, orthophoniste) aujourd’hui difficiles à consulter.

La mairie développe également ses propres centres de santé, actuellement au nombre de sept. Deux nouveaux sont programmés, et le Conseil de Paris a acté la volonté d’en créer cinq de plus, soit un total de 14. Elle cherche aussi à en élargir l’accès. L’un des plus anciens, situé dans le IIIe arrondissement, propose depuis juillet 2022 un service de consultation en soirée, week-end et jours fériés, assuré par SOS Médecins, afin de soulager les urgences.

Soutien du Service d’accès aux soins (SAS)

L’expérimentation ayant été “concluante“, Mme Souyris se fixe l’objectif “que tous nos sept centres de santé soient ouverts en 2024, le soir et le week-end“.

Afin de revaloriser ses postes, la Ville de Paris a aussi effectué en 2022, un “rattrapage” de sa grille indiciaire qui était gelée, posant un “vrai problème d’attractivité“, reconnaît M. Hingray.

De son côté, l’ARS s’appuie désormais sur le Service d’accès aux soins (SAS), opérationnel depuis février : pour que le Samu se concentre sur les cas d’urgence vitale et ne soit pas saturé, deux ou trois médecins libéraux régulent les appels concernant les cas moins graves.

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