C’est sur le site de son ancienne raffinerie pétrolière de Grandpuits que TotalEnergies a inauguré ce vendredi 7 juillet une centrale solaire de pas moins de 12 hectares, en plus d’un parc de stockage d’énergie sur batteries. Un volet solaire qui accompagne une reconversion complète du site qui vient tout juste d’obtenir un avis favorable après enquête publique. Au programme : fabrication de biocarburants, d’hydrogène et de plastique recyclé.
C’est en 2020 que la raffinerie pétrolière de Grandpuits (Seine-et-Marne), en service depuis 1966, a opéré sa transition écologique. À l’époque, l’opérateur pétrolier Total y rencontrait des problèmes d’approvisionnement en raison de fuites sur le pipeline d’Ile-de-France (PLIF) acheminant le brut depuis Le Havre. L’occasion de relocaliser l’activité raffinerie ailleurs et de transformer le site francilien en vitrine “zéro pétrole”. Une reconversion à 360 qui a décidé de mettre en avant trois types d’énergies : les biocarburants, l’hydrogène et le solaire, en plus de production de plastique recyclé.
Biocarburants
Pour le biocarburant, l’opérateur d’énergie s’est appuyé sur un partenariat avec le groupe Saria (filiale du groupe allemande Rethman) spécialisé dans la récupération et valorisation de biodéchets, pour récupérer des huiles de cuisson usagée et des graisses animales. À partir de cette matière, le projet Biojet doit produire des carburants aériens, routiers et aussi du naphta, à partir de 2024. Au total, la capacité de traitement prévue est de 400 000 tonnes par an, pour produire 210 000 tonnes (puis 285 000 tonnes) de carburants aériens durables (SAF), 50 000 tonnes de biocarburants routiers et 70 000 tonnes de bionaphta.
Hydrogène
Pour l’hydrogène, c’est avec Air Liquide qu’un deal a été trouvé fin 2022 pour créer une unité d’hydrogène renouvelable et bas-carbone alimentée par le biogaz résiduel issu de la bioraffinerie. Par ailleurs, l’unité captera le CO2 (capacité de 110 000 tonnes par an) pour le réutiliser dans des applications agroalimentaires et industrielles.
Plastique recyclé
Plus récemment (en mars 2023), un nouveau partenariat a été signé avec Paprec pour créer une filiale française de recyclage chimique des films plastiques. Concrètement, l’éco-organisme de récupération des emballages Citeo fournira des déchets plastiques flexibles issus du tri des emballages à Paprec, qui créera une chaîne de tri dédiée sur son site d’Amiens pour fournir le site de Grandpuits. L’ancienne raffinerie pétrolière produira alors des plastiques recyclés, aptes au retour au contact alimentaire. 15 000 tonnes de déchets plastiques doivent ainsi y être traités chaque année.
La plus grande centrale solaire d’Ile-de-France avec celle de Marcoussis
En attendant ces mutations, qui viennent tout juste d’obtenir le feu vert de l’enquête publique, après un avis de l’autorité environnementale réclamant des explications complémentaires fin décembre 2022, seul le projet de centrale solaire est aujourd’hui en service. Il a été inauguré ce 7 juillet 2023. Ce champ de 46 000 panneaux photovoltaïques a pris place sur 12 hectares et revendique une capacité de 25 mégawatts-crête (MWc). Les panneaux sont posés “sur des structures orientables, appelées trackers, conçues pour maximiser la capture de l’énergie solaire tout au long de la journée”, détaille TotalEnergies dans un communiqué. L’opérateur indique que la centrale “génère annuellement 31 gigawattheures (GWh)”, “soit l’équivalent de la consommation électrique de 19 000 personnes.” Il s’agit de la plus grande ferme solaire de la région avec celle de Marcoussis (Essonne), inaugurée fin 2021. Cette dernière, portée par Engie, comprend 60 000 panneaux solaires. “D’une capacité globale de 20,3 MWc, il permet de produire quelque 21 629 MWh chaque année, soit l’équivalent de la consommation domestique de 10 000 personnes”, indiquait Engie dans un communiqué, lors de son inauguration.
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Stockage d’énergie
En parallèle de la production d’électricité, le site accueille également un système de stockage d’énergie par batteries d’une capacité de 43 mégawattheures (MWh). Il est composé de 22 conteneurs de batteries lithium-ion (Li-ion) conçus et installés par Saft (filiale du pétrolier), spécialisée dans la conception de batteries de haute technologie pour l’industrie. Objectif : contribuer au réglage de la fréquence du réseau et à la gestion des pics de consommation, notamment en hiver.
Une mutation qui a impliqué un Plan de sauvegarde de l’emploi
Sur le plan social, cette mutation, de la raffinerie pétrolière à la production d’énergie renouvelable, s’est inscrite dans le cadre du projet de reconversion Galaxie de TotalEnergies, doté de 500 millions d’euros d’investissement et qui prévoit l’arrêt du raffinage en Ile-de-France. Il s’est accompagné d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), adopté en avril 2021, prévoyant la non-reconduction de 150 postes sur les 400 du site, sans licenciement. De leur côté, les syndicats ont dénoncé la suppression de 700 emplois, en tenant compte des sous-traitants. Dans ses conclusions, le commissaire enquêteur estime pour sa part que construction des nouvelles installations va générer entre 1 000 et 1500 emplois sur 3 ans et acte que la transformation du site de Grandpuits permettra le maintien sur le site de 237 emplois directs dont 58 dédiés à l’exploitation du projet Biojet, et 58 dédiés aux fonctions centrales.
Avec sa centrale solaire, Total gagne triplement :
– Il bénéficie des subventions attachées aux energies “renouvelables” payées par tous les Français.
– Il bénéficie d’un accès privilégié au réseau d’EDF, au détriment de l’énergie nucléaire dont il fait diminuer la rentabilité, au détriment, une fois de plus, du contribuable.
– Il augmente les besoins en “back-up” générés par les énergies “renouvelables”, c’est-à-dire la produtction d’énergie de remplacement nécessaire en absence de soleil ou de vent. Concretement, ce “back-up” nécessite le développement de centrales thermiques à gaz dont Total, un des premiers gaziers mondiaux se fera un plaisir de fournir le gaz.
En conclusion, une bonne affaire pour Total et un mauvais coup pour la production de CO2 et le climat, sans compter les finances publiques.
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