Santé | Ile-de-France | 29/03/2023
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Ile-de-France : un rapport de l’ORS alerte sur la santé des jeunes, l’accueil des personnes dépendantes et les inégalités territoriales

Ile-de-France : un rapport de l’ORS alerte sur la santé des jeunes, l’accueil des personnes dépendantes et les inégalités territoriales © Gerd Altmann

Une santé mentale des jeunes préoccupante, une augmentation massive des personnes âgées dépendantes dans les années qui viennent et des disparités sociodémographiques entrainant de fortes inégalités, avec des écarts d’espérance de vie de parfois sept ans d’un canton à l’autre d’Ile-de-France. Voilà quelques-uns des enjeux majeurs constatés par le dernier rapport de l’Observatoire régional de santé (ORS).

L’observatoire régional de santé (ORS) vient de publier un diagnostic pour préparer le troisième projet régional de santé (PRS3 2023-2027), sorte de feuille de route avec orientations et objectifs. Un état des lieux de 244 pages, chiffré et cartographié, qui rappelle en préambule le caractère contrasté de cette région qui concentre 18% de la population française sur 2% du territoire. Entre territoires ruraux et très urbanisés, pauvres et riches, aux histoires différentes, les caractéristiques sociodémographiques sont loin d’être homogènes, à commencer par la dynamique de sa population.

Contrastes sociodémographiques

Si toute la région est concernée par le vieillissement, avec une “augmentation estimée de + 18 à + 21 % du nombre de Franciliens âgés de 65 ans et plus à l’horizon 2030”, selon l’ORS, la moitié de sa croissance démographique “récente” se concentre “sur seulement 32 communes dont 12 (un tiers) en Seine-Saint-Denis.” La région est aussi très contrastée socialement, concentrant aussi bien les départements les plus riches du pays (Paris, Hauts-de-Seine, Yvelines) que l’un des plus pauvres (Seine-Saint-Denis).

Globalement, le constat de l’ORS fait état d’une espérance de vie supérieure dans la région, de 81,4 ans pour les hommes et 86,1 ans pour les femmes, contre respectivement 79,7 et 85,6 en moyenne en France métropolitaine. L’ORS note aussi des niveaux de mortalité inférieurs pour les principales causes de décès que sont les cancers, sauf ceux du sein et du poumon chez la femme, les maladies neurocardiovasculaires (hors insuffisance cardiaque) et encore les maladies respiratoires.

Entre Paris 16ᵉ et Stains ou Provins, 6 ans d’espérance de vie en moins

Un constat qui varie toutefois fortement en fonction d’un territoire à l’autre. Le rapport note, par exemple, des “écarts d’espérance de vie de 2 ans chez les hommes et de 2,2 ans chez les femmes entre Paris et la Seine-Saint-Denis”. Encart encore plus important à l’échelle des cantons. On observe ainsi des “variations des taux de mortalité prématurée de – 50 % à + 34 % par rapport au niveau régional entre les arrondissements de l’Ouest parisien et les cantons plus périphériques ou plus défavorisés de Bobigny, Meaux, Sarcelles, Saint-Denis 2 ou Villeneuve-Saint-Georges”, détaille l’ORS qui chiffre jusqu’à sept ans d’espérance de vie de différence entre certains cantons. Des différences qui s’expliquent par des prévalences supérieures de certaines maladies comme le cancer, les maladies respiratoires, cardio-neuro-vasculaires, ou encore le diabète.

Espérance de vie à la naissance des femmes dans les cantons villes,
écart à la valeur régionale (période 2015-2017)

Les personnes âgées dépendantes : bombe à retardement

Le vieillissement global de la population se poursuit néanmoins, et avec lui son lot de pathologies chroniques (60% des pus de 60 ans). Surtout, le grand enjeu à anticiper est celui de l’augmentation des personnes âgées dépendantes. “Jusqu’à + 123 % en Seine-et-Marne en 2040”, chiffre l’ORS. Comment accompagner cette dépendance dignement ? Le futur plan va devoir apporter des réponses. “L’état de santé, la qualité de vie, l’autonomie et les conditions de fin de vie de personnes très âgées de plus en plus nombreuses, dans un contexte de précarisation de leur situation économique et d’inégalités territoriales marquées constituent l’un des défis majeurs des décennies à venir”, alerte l’ORS. Comment être au rendez-vous sur le plan social mais aussi médical ? “Six Franciliens décédés sur dix auraient eu besoin de soins palliatifs afin de soulager leurs souffrances”, chiffre encore l’ORS.

Alerte sur la santé des jeunes

Si la population francilienne va “globalement” bien, l’ORS alerte aussi sur la santé des jeunes. Troubles du sommeil et des comportements alimentaires, usages “problématiques” d’alcool et de cannabis et santé mentale “préoccupante”. De quoi faire de la jeunesse une priorité absolue du prochain plan régional. Les chiffres sont édifiants : 17,8 % des adolescents sont insomniaques, 40 % en restriction de sommeil, 20 % en privation de sommeil). Globalement, les ados ont perdu 25 minutes de sommeil entre 2010 et 2017 “notamment en raison d’activités nocturnes sur écrans”, pointe l’ORS. Conséquences : somnolence en cours, troubles de l’humeur, de l’appétit… L’ORS pointe aussi le manque d’activité physique, amplifié avec le confinement. Une spirale qui entraîne des souffrances psychiques. Le rapport note qu’un quart des Franciliens de 17 ans risque la dépression, un taux plus élevé qu’ailleurs, et observe une augmentation des pensées suicidaires, surtout chez les filles. Sans oublier les problèmes au collège et lycée : “stress lié au travail scolaire (30 %), cyberharcèlement (6 %) ou harcèlement scolaire (5 %).” En bref, il y a du pain sur la planche pour que la future population active soit d’attaque pour porter la société de demain.

Au-delà de la jeunesse, du reste, la santé mentale constitue un “défi majeur”, pose l’ORS, qui fait un lien avec le confinement et la crise sanitaire. “Pour la première fois, les troubles de santé mentale ont été identifiés comme première cause de mortalité maternelle.”

Pollutions et nuisances environnementales

Parmi les spécificités de l’Ile-de-France, figurent aussi les nuisances environnementales, même si la tendance est à l’amélioration. “À l’heure actuelle, la part de décès attribuables à l’exposition chronique aux PM2,5 au-dessus de la valeur recommandée par l’OMS (soit 5 μg/m3) s’élève à 11,4 % à Paris, 9,7 % dans le reste de la Métropole du Grand Paris, 7,8 % pour le reste de l’agglomération et 6,1 % pour le rural (période 2017-2019). Pour autant, les politiques publiques mises en œuvre ces dernières décennies ont conduit à une baisse de 40 % des décès franciliens attribuables à l’exposition prolongée aux PM2,5 entre 2008 et 2019. Cela représente un gain net d’espérance de vie de près de 8 mois en moyenne régionale, jusqu’à 9,6 mois à Paris”, détaille l’ORS. Autres points de vigilance environnementale : le bruit, mais aussi les îlots de chaleur, problématique qui, elle, pourrait devenir un enjeu de taille dans les années à venir.

Plus de Sida, tuberculose et saturnisme infantile

Si certaines maladies ont une prévalence inférieure en Ile-de-France, quelques pathologies sont en revanche spécifiques à la métropole parisienne, notamment la Tuberculose (38% des cas identifiés en France pour 18% de la population) avec une prévalence qui reste néanmoins très faible de 14,3 cas pour 100 000 habitants. La circulation du VIH y est aussi plus forte et concerne 60 000 personnes “prises en charge”, donc diagnostiquées, ce qui représente 40% de tous les patients VIH de France métropolitaine.

Le saturnisme infantile est aussi supérieur, avec 38% des cas détectés du pays, “en raison de l’importance de l’habitat ancien et dégradé en Île-de-France.”

Les femmes franciliennes accouchent plus tard

Concernant la maternité, l’âge moyen du premier enfant est de 31,6 ans en 2020 pour les femmes franciliennes contre 30,6 ans en moyenne en France métropolitaine, soit un an plus tard. Dans son état des lieux, l’ORS alerte sur une légère augmentation des problèmes de santé liés à la grossesse (diabète gestationnel, prééclampsie et hémorragies après l’accouchement). Une tendance que l’ORS explique par la précarité, l’augmentation de l’âge des mères à la naissance — et donc des grossesses à risque, le surpoids, mais aussi de meilleurs diagnostics liés à l’abaissement du seuil de dépistage de la glycémie pathologique et un dépistage plus systématique de l’hypertension liée à la maternité. L’ORS s’interroge également sur la très légère augmentation constatée de la mortalité infantile.

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