Depuis ses 16 ans, Augustin Reboul collectionne les victoires en descente, cette épreuve de rapidité en eau vive à bord d’un kayak. Si le champion de Joinville-le-Pont a un peu levé le pied pour entrer à Polytechnique, il vise désormais le titre ultime de la discipline.
Avec son kayak, Augustin Reboul parcourt des rivières pour faire la course avec les meilleurs descendeurs du monde. Dans des segments agités de rapides, il doit placer de subtils coups de pagaie pour battre le chronomètre. L’athlète s’est déjà constitué un solide palmarès avec des titres de champion du monde et d’Europe chez les juniors, trois titres européens chez les moins de 23 ans. Dorénavant, il se mesure en catégorie senior à la concurrence de ses aînés. “Je dois devenir le meilleur Français pour pouvoir être sélectionné dans les grandes échéances. Mon objectif, c’est de remporter les titres de champion du monde dans nos deux épreuves, le sprint et la classique“, explique le jeune homme.
Ce goût pour l’eau vive, il n’est pas né au contact d’une rivière capricieuse. Encouragé par son père, adepte de planche à voile, il s’inscrit à 9 ans au club de Joinville-le-Pont et apprend le kayak au calme sur la Marne. Au départ, c’est surtout du loisir, deux séances par semaine avec des encadrants et un groupe de copains. En Île-de-France, quelques sites permettent de pratiquer la descente comme l’île de loisirs de Cergy ou la base nautique de Corbeil-Essonne, et plus récemment, le site olympique de Vaires-sur-Marne (qui accueillera des épreuves des JOP 2024). “Pendant les vacances, nous avons fait des séjours dans les Alpes, en Autriche. Découvrir de nouvelles rivières est devenu une passion et puis il y avait une bonne ambiance“.
Premiers succès à l’adolescence
À 13 ans, Augustin Reboul commence à faire des places d’honneur dans des compétitions régionales et nationales. Alors, il se prend au jeu et augmente la cadence des entraînements. En plus des séances menées avec les kayakistes de son âge, il participe aux sessions des plus grands. La pratique du kayak ne suffit pas, il faut consacrer du temps au développement physique (musculation, gainage, cardio…). Le Joinvillais finit par remporter le titre de champion de France chez les cadets et complète sa formation en club par des stages au sein d’un pôle d’excellence francilien.
Scolarisé au lycée Marcellin-Berthelot, à Saint-Maur-des-Fossés, le jeune homme doit régulièrement faire une croix sur ses vacances. “C’était le seul moment où nous pouvions nous déplacer pour aller pratiquer le kayak dans de nouvelles rivières“. Il continue de gravir les échelons et remporte de nouveaux titres.
Les grandes écoles : un “nouveau challenge”
Études ou sport ? L’heure du choix approche. Alors que la plupart de ses camarades, sportifs de haut niveau optent pour des cursus proposant des aménagements, Augustin Reboul se dirige vers les grandes écoles. “J’étais très content de pouvoir boucler la boucle de mes années junior. À présent, je voulais me donner deux ans, quitte à faire moins de kayak, pour passer les concours. C’était un nouveau challenge !”
Pendant deux ans de classe préparatoire MPSI (mathématiques, physique et sciences de l’ingénieur) et MP (mathématique, physique) dans son lycée Saint-Maurien, la fréquence des sorties en bateau passe de dix à deux fois par semaine. “Le jour du concours, je pense que mon expérience des compétitions en kayak m’a aidé à gérer la pression. Ça s’est super bien passé“. Augustin obtient son ticket pour Polytechnique.
Après avoir intégré l”X”, il se remet progressivement au kayak et profite d’un accès à la salle de musculation de l’école pour pouvoir se préparer et suivre ses cours. En compétition, il retrouve le podium aux championnats d’Europe, une sélection en équipe de France senior et les succès chez les moins de 23 ans. Pour sa troisième année de licence, Polytechnique lui permet de passer ses cours en deux ans. Il peut ainsi s’entraîner davantage pour poursuivre son ultime objectif.
“Je ne peux pas consacrer l’intégralité de mon temps au kayak. Je n’en ai pas besoin. Poursuivre mes études me permet de trouver un bon équilibre. Pour l’instant, je ne me projette pas trop sur mon master ou mon futur métier, mais l’ingénierie mécanique me plait. Je suis aussi sensible au dérèglement climatique et apprécierais de rester en contact avec l’eau…”
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